C’était hier ou plutôt avant-hier. Pour ses grands débuts en playoffs en 2018, Joel Embiid s’imaginait porter les Sixers sur la route du Graal, jusqu’à ce que les Celtics ne les rappellent à l’ordre en les dominant en demi-finale de conférence avec un 4-1 plutôt sec.
Deux ans plus tard, les deux formations s’étaient retrouvées au premier tour, et l’addition avait été encore plus salée avec un « sweep » faisant renaître la rivalité entre deux franchises historiques de la NBA. Une rivalité qui a souvent tourné en faveur des Celtics puisqu’en 21 confrontations en postseason depuis 1946, Boston l’a emporté 14 fois !
Cette année encore, les Celtics partiront favoris, au regard de leur classement en saison régulière qui leur offre l’avantage du terrain, mais aussi et sans doute surtout parce que la superstar adverse, Joel Embiid, doit composer avec une entorse au genou qui traîne en longueur et le maintient à l’infirmerie depuis dix jours.
PRÉSENTATION DES CELTICS
Les titulaires : Marcus Smart, Derrick White, Jaylen Brown, Jayson Tatum, Al Horford
Les remplaçants : Malcolm Brogdon, Robert Williams III, Grant Williams, Sam Hauser, Mike Muscala, Payton Pritchard, Blake Griffin, Luke Kornet
Absents : Danilo Gallinari
Le coach : Joe Mazzulla
L’armada de Joe Mazzulla a de quoi impressionner. Finaliste l’an dernier, le groupe n’a quasiment pas bougé. Si Danilo Gallinari a connu une saison blanche, l’autre principale recrue de l’été, Malcolm Brogdon, s’est parfaitement intégrée au dispositif et représente une alternative précieuse sur les postes arrières par son efficacité en attaque. Il vient même d’être élu meilleur sixième homme de l’année !
L’équipe a connu son lot de petits pépins au cours de la saison, mais globalement elle a tenu bon. Et si Milwaukee a fini par lui ravir la première place à l’Est, la victoire des C’s sur le parquet des Bucks en fin de saison régulière (99-140) a eu le mérite de marquer les esprits, et depuis les Bucks ont pris la porte…
Le premier tour des playoffs a été un peu plus compliqué que prévu, la faute à une fin de Game 5 très mal gérée (et au génie de Trae Young). Il s’en est ainsi fallu de peu (un 11-0 passé par le trio Brown-Tatum-Horford dans le « money-time) pour que les Hawks embarquent leur adversaire dans un Game 7.
Les Celtics ont toutefois eu l’occasion de montrer leur force de caractère et de se chauffer face à une vraie opposition avec deux succès à l’extérieur à la clé, le tout dans une ambiance très chaude.
POINTS FORTS
– La puissance de feu des Jay’s. Comme on a pu le voir dimanche avec les Warriors, les plus grands joueurs savent élever leur niveau de jeu lorsque le moment l’exige. Jaylen Brown et Jayson Tatum sont de cette trempe. Ils l’ont démontré sur les playoffs 2022, la saison écoulée, et plus récemment sur ce Game 6 qu’il a fallu aller arracher en terrain hostile pour s’éviter un Game 7 dès le premier tour. Avec 32 et 30 points et un bouquet final époustouflant, ils ont été à la hauteur du rendez-vous et seront sans doute encore prêts à l’être sur cette série face à un rival historique.
– La défense extérieure. Boston peut compter sur un Marcus Smart en grande forme sur cette fin de saison pour donner le ton sur les missions défensives. Pour ce qui est des extérieurs adverses, les C’s ont de quoi voir venir avec le trio Smart-Brogdon-White, parmi les spécialistes en pot-de-colle les plus aguerris de la ligue. Il faudra au moins ça pour contenir l’inventivité de James Harden et étouffer la fougue de Tyrese Maxey.
POINTS FAIBLES
– L’irrégularité. On l’a encore vu sur cette série la série face aux Hawks, Boston connaît parfois des trous d’air inquiétants, et qui ont d’ailleurs été payées cash sur ce premier tour. Dans le Game 3, ils ne se sont jamais remis de l’incroyable 20 à 3 passé par Atlanta avant la pause pour prendre le large. Ça a été pire dans le Game 5 lorsque les troupes de Joe Mazzulla, sur le point de boucler la série, se sont retrouvées comme tétanisées en encaissant cette fois un 15-2 dans le « money-time » qui a relancé les Hawks. La gestion des temps faibles sera donc l’un des enjeux pour Boston sur ces premiers matchs.
– Le rebond. Un mal dont ont souffert les Celtics de façon ponctuelle cette saison et encore sur le premier tour des playoffs. Il y a bien Robert Williams pour assurer en dissuasion et au rebond, mais le géant vert est peut-être un peu esseulé dans ce registre. Au rebond offensif aussi, Boston est régulièrement malmené. et ça s’est confirmé face à Atlanta. Il s’agira comme toujours de l’effort de tout un collectif pour en sécuriser le maximum.
PRÉSENTATION DES SIXERS
Les titulaires : James Harden, Tyrese Maxey, Tobias Harris, PJ Tucker, Joel Embiid (ou Paul Reed)
Les remplaçants : De’Anthony Melton, Jalen McDaniels, Georges Niang, Danuel House Jr, Paul Reed, Montrezl Harrell, Dewayne Dedmon, Shake Milton, Furkan Korkmaz, Jaden Springer
Le coach : Doc Rivers
Les Sixers, aussi, ont connu une fin de saison régulière faste, avec un très joli 23 sur 29 entre mi-janvier et mi-mars qui a fait penser à la montée en puissance des Celtics sur la fin de l’exercice 2021/22.
L’équilibre tant recherché par Philly depuis la prise de pouvoir de Joel Embiid a peut-être enfin été trouvé avec un James Harden devenu principal créateur et des lieutenants de choix, dont on connaît l’importance en playoffs, incarnés par l’étincelle Tyrese Maxey, le fidèle Tobias Harris ou encore le défenseur De’Anthony Melton.
Le premier tour aura été une formalité pour les troupes de Doc Rivers face à l’équipe que tout le monde voulait rencontrer au premier tour, les Nets dépossédés de Kyrie Irving et Kevin Durant. Un tour de chauffe que Philly a négocié sans souci en s’imposant 4-0. L’opération aurait ainsi été parfaite si les Sixers n’avaient pas accusé le forfait de Joel Embiid, ciblé par Brooklyn et particulièrement chahuté lors du Game 3, en cours de route.
POINTS FORTS
– Une mécanique enfin huilée. En dehors du cas Embiid, Philly pourra se reposer sur plus d’un an de vécu collectif dans ce dispositif, avec comme point de départ un James Harden à la base de la création du jeu. L’avenir dira s’il sera amené à se muer davantage en scoreur sur cette opposition face à Boston, une mission qui a été jusqu’à présent confiée à Tyrese Maxey et De’Anthony Melton sur les postes arrières. Il y a un an, Maxey était un peu la surprise du chef. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, ce qui ne l’a pas empêché de confirmer tout son talent, comme on a pu le voir lors du tour précédent. Aux Sixers depuis 2019, Tobias Harris fait quant à lui figure d’historique du vestiaire et aura lui aussi un rôle de poil à gratter à jouer sur cette série. Enfin, PJ Tucker n’était pas là la saison dernière mais on sait l’importance d’avoir un joueur comme lui dans son équipe. On pourra en tout cas compter sur lui pour montrer l’exemple dans l’investissement et l’agressivité.
– Une équipe agressive vers le cercle. Avec forcément Joel Embiid en chef de file pour sanctionner le moindre écart de la défense adverse, mais aussi James Harden, pas le dernier pour provoquer habilement des fautes afin de se retrouver sur la ligne de réparation. On peut citer aussi un Tyrese Maxey qui n’a pas peur d’aller se frotter au grand et contribue ainsi à faire de Philly l’équipe avec le plus haut taux de lancer-francs obtenus sur 100 possessions de la ligue (30). Mais ce qui fait surtout sa force, c’est son adresse dans cet exercice, avec un record de 85.3% sur la saison régulière, une tendance qui ne s’est toutefois pas encore confirmée en playoffs.
POINTS FAIBLES
– La Embiid-dépendance. La bonne tenue des Sixers repose en grande partie sur ses épaules cette saison encore. Lorsqu’il est au top de sa forme, son influence sur le jeu est permanente, en attaque comme en défense, comme son dernier match face à Boston en saison régulière l’a bien illustré (52 points, 13 rebonds, 6 passes décisives, 2 contres en 39 minutes). A l’inverse, lorsqu’il est absent ou diminué, c’est tout un mécanisme qui se retrouve chamboulé.
– Un hiérarchie à redéfinir. C’est la mission de Doc Rivers, redéfinir les principes de jeu de base et la hiérarchie au sein de son équipe si celle-ci venait encore à être amputée de son pivot star. Le Game 4 de la série précédente peut servir de bon exemple au technicien de Philly où chacun avait élevé son niveau de jeu pour tâcher de compenser. Sans manquer de respect à Brooklyn, l’adversité sera quand même d’un tout autre niveau à partir de ce soir dans l’antre du TD Garden.
LA CLÉ DE LA SÉRIE
– Le genou de Joel Embiid. Le jeu en valait-il la chandelle ? Particulièrement malmené dans le Game 3 à Brooklyn, avec de nombreuses grosses chutes susceptibles d’occasionner de blessures sérieuses, Joel Embiid a fini par se faire vraiment mal lors d’un duel avec Cameron Johnson qui lui a valu une belle torsion de la jambe droite. Le genou a pris cher, mais le Camerounais avait tenu à rester sur le terrain, quitte à boitiller et enchaîner les aller-retour à la vitesse minimum. Son choix avait été salutaire sur le coup puisque son contre sur Spencer Dinwiddie en toute fin de match avait permis aux siens de sécuriser la victoire et pratiquement la qualification. Sauf que…
Voilà maintenant dix jours que Joel Embiid n’a plus participé à un entraînement et que son cas est au centre des attentions à Philadelphie. Comme pour Julius Randle dans l’autre demi-finale à l’Est, la même question va très vite se reposer s’il venait à manquer le début de la série : précipiter son retour, pourquoi pas, mais à quel prix ?
SAISON RÉGULIÈRE
Boston 3-1
18 octobre : Celtics – Sixers (126-117)
8 février: Celtics – Sixers (106-99)
26 février : Sixers – Celtics (107-110)
4 avril : Sixers – Celtics (103-101)
VERDICT
La série est évidemment plombée par l’incertitude autour du cas de Joel Embiid. Même s’il venait à manquer un voire les deux premiers matchs à Boston, ce qui ne serait pas un handicap insurmontable pour les Sixers dans la mesure où les deux matchs suivants seront à domicile. En fait, c’est surtout la question de son niveau de jeu et de son état physique s’il revient qui est préoccupant, et va sans nul doute compliquer la donne des hommes de Doc Rivers.
De plus, face aux Nets, Philly avait hérité de l’adversaire le plus faible sur le papier et n’a que modérément été bousculé jusqu’à présent, là où les Celtics ont déjà été malmenés et ont réussi à rebondir après deux défaites qui ont remis leurs certitudes en question. Dire que les C’s vont arriver dans cette série mieux armés et mieux préparés est une évidence. Les résultats en saison régulière penchent également en faveur de la franchise du Massachusetts.
A voir toutefois comment Philadelphie, en mission pour retrouver enfin les sommets 40 ans après son dernier titre, abordera ce nouveau défi, avec ou sans son meilleur joueur.
Celtics 4-2
CALENDRIER
Game 1 : à Boston, lundi 1er mai (01h30 dans la nuit de lundi à mardi)
Game 2 : à Boston, mercredi 3 mai (02h00, dans la nuit de mercredi à jeudi)
Game 3 : à Philadelphie, vendredi 5 mai (01h30, dans la nuit de vendredi à samedi)
Game 4 : à Philadelphie, dimanche 7 mai (21h30)
Game 5* : à Boston, mardi 9 mai (à déterminer, dans la nuit de mardi à mercredi)
Game 6* : à Philadelphie, jeudi 11 mai (à déterminer, dans la nuit de jeudi à vendredi)
Game 7* : à Boston, dimanche 14 mai
* Si nécessaire.