Mardi, Kyrie Irving s’est rendu dans les bureaux de la NBA pour un tête-à-tête avec Adam Silver. Pour la NBA, il était nécessaire d’aller au-delà des excuses du meneur All-Star et de savoir vraiment ce qu’il y avait derrière les propos et le partage de ce film antisémite. Pour le patron de la NBA, lui-même juif comme l’avait rappelé Charles Barkley, il ne fait « aucun doute » que Kyrie Irving n’est pas antisémite.
« Nous avons eu une discussion directe et franche », rapporte Adam Silver au New York Times. « C’est quelqu’un que je connais depuis une dizaine d’années, et je n’ai jamais entendu un mot antisémite de sa part ou, franchement, de la haine dirigée contre un groupe quelconque. Mais qu’il soit antisémite, ou pas, n’est pas déterminant au regard des dommages causés par la publication de contenus haineux. »
Car même si Kyrie Irving n’a pas une haine personnelle par rapport à la communauté juive, le fait qu’il partage et adhère (à quel degré ?) à des théories conspirationnistes/antisémites est évidemment un problème.
Avant cet entretien avec le quotidien new-yorkais, Adam Silver s’était d’ailleurs exprimé sur le sujet lors d’une conférence à Washington organisée par le Sports Business Journal, et il est revenu sur la suspension du joueur, et la réponse, assez tardive, de la franchise et de la NBA.
« Je pense que nous sommes arrivés au bon compromis avec sa suspension et avec le recul, nous aurions peut-être pu y arriver plus rapidement » reconnaît-il. « J’accepte cette critique. Mais j’ai estimé qu’il était important de comprendre le contexte dans lequel ce message avait été posté pour comprendre quelle type de sanction était appropriée. Ce n’est pas pour l’excuser mais simplement pour évaluer quelle sanction était la plus appropriée. »
« Je pense qu’Amazon doit également prendre des décisions »
Adam Silver explique ainsi qu’il a dû regarder le film partagé par Kyrie Irving, et les dirigeants des Nets aussi. Un long métrage de 3 heures et demie dont le contenu antisémite ne faisait aucun doute.
« Une fois l’enquête menée, il m’est apparu clairement qu’il s’agissait bien d’un discours de haine et nous avons réagi, avec les Nets, » poursuit Adam Silver, qu’il est important que chacun soit tenu responsable de ce qu’il dit et partage à ses fans. « Même s’il avait dit « Je suis désolé », cela n’aurait pas mis fin à cette histoire. Certes, cela aurait certainement fait une grande différence, je pense, pour des millions de personnes, mais cela ne veut pas dire qu’il n’aurait pas eu à en répondre. Je pense que c’est ce que nous recherchons dans la ligue : une véritable responsabilisation, qu’il s’agisse d’un joueur, d’un entraîneur, d’un dirigeant et jusqu’au propriétaire, ou au bureau de la NBA, que nous soyons tenus responsables de nos actions. C’est important pour le fan. »
Enfin, il regrette aussi qu’Amazon accepte de diffuser un tel contenu. « Je pense qu’Amazon doit également prendre des décisions » conclut Adam Silver. « Mon premier réflexe était de me dire qu’un contenu aussi franchement immonde et rempli de discours de haine ne pouvait pas être disponible sur Amazon Prime. »