« Si on veut traverser ça et obtenir notre billet pour les Finals, il va falloir faire des choses incroyablement difficiles. Aller à Boston et trouver des solutions collectives, ce sont des émotions et des obstacles qu’il faut vivre. On s’en souvient le restant de sa vie. »
Cette déclaration d’Erik Spoelstra, qu’on peut lire dans les colonnes de The Athletic, aurait pu être prononcée en 2012, au même stade de la compétition. Les Celtics avaient pris l’avantage et pouvaient conclure la série à domicile dans le Game 6. Mais LeBron James, avec un match historique (45 points, 15 rebonds) et hallucinant d’autorité, avait renversé la tendance.
« Il est comme une arme dans notre arsenal »
Le Heat n’aura pas le « King » ce vendredi soir pour faire une de ces « choses incroyablement difficiles », mais il a toujours le même coach. Et tel un grand joueur, Erik Spoelstra adore ces missions impossibles.
« Je pense que Spo vit véritablement pour ces moments », déclarent P.J. Tucker et Udonis Haslem, à Sports Illustrated, avec les mêmes mots. « On le ressent dans les conversations privées avec lui : il voit tout, il pense toujours à l’après. Il est comme ça tout le temps », précise le champion 2021. « Il savoure de tels instants, quand on est dans le dur, dans les tranchées. C’est là qu’il se sent le plus vivant », confirme Udonis Haslem.
Et les joueurs peuvent se reposer sur lui dans ces moments chauds. « Il faut avoir confiance en sa vision, en ses connaissances », glisse Duncan Robinson. « Il sait ce qui est le mieux pour l’équipe. On a clairement un avantage avec lui, par rapport à ses homologues. Il est comme une arme dans notre arsenal. »
Même si Miami a terminé à la première place de l’Est, leur saison régulière n’a pas été un long fleuve tranquille. Erik Spoelstra n’a eu à sa disposition que très peu de temps son groupe au complet. La faute aux blessures : Kyle Lowry a manqué 19 matches, quand Markieff Morris et Victor Oladipo n’ont joué que 25 rencontres.
Et même en playoffs, les petits bobos ont privé Lowry, Butler, Tucker, Tyler Herro et Bam Adebayo d’être alignés en même temps. Ce quintet n’a joué que trois minutes ensemble après trois séries…
« Le coach le plus complet de la ligue. Erik Spoelstra maitrise tous les aspects »
Face à ce constat, le coach devait trouver des solutions, avec les armes qu’il avait entre les mains. « Cette saison a été riche pour nous tous, pour progresser », raconte-t-il. « Le plus important, c’est gagner, mais il faut aussi s’améliorer, être poussé dans ses derniers retranchements pour voir comment on peut encore mieux affronter l’adversité. »
Pour son 160e match de playoffs en carrière, le double champion NBA (2012, 2013), sacré parmi les 15 meilleurs entraîneurs de l’histoire cette année, peut réussir un exploit pour confirmer sa place parmi les grands techniciens de son époque.
« Il est le coach le plus complet de la ligue », estime Udonis Haslem. « Si on parle de systèmes, il voit les choses comme personne et ne laisse rien au hasard. Si on évoque les relations avec les joueurs et le staff ou la progression des joueurs, il suffit de regarder où ils en sont maintenant par rapport à leur arrivée dans la franchise. Il amène les joueurs à le croire, à adhérer à notre culture, à son discours. Spoelstra maitrise tous les aspects. »
Être un entraîneur de grands moments, de grands matches de playoffs, cela signifie-t-il que la longue saison régulière ne peut récompenser un profil comme celui d’Erik Spoelstra ? Car malgré son superbe palmarès, ce dernier n’a jamais remporté le trophée de coach de l’année.
Pourtant, en 2012/2013, avec 66 victoires, il avait dominé la ligue, mais les votants lui avaient préféré George Karl. Et cette saison, il a emmené Miami au sommet de sa conférence, mais c’est Monty Williams qui a été sacré.
« Je n’ai jamais compris. On parle de lui comme d’un grand coach mais il n’a jamais gagné ce trophée. Et 60% de son équipe n’est pas drafté ! », s’emporte Bam Adebayo. « Je suis surpris et déçu », insiste Udonis Haslem. « J’adore Monty Williams et ce qu’il a réussi à Phoenix, mais je l’aurais donné à Spo. Les gens ne s’attardent pas sur les choses pas sexy : notre coach ne l’est pas. On n’a pas de joueurs qui marquent beaucoup de points, on a huit joueurs qui n’ont pas été draftés et on se fiche de ce que les gens disent de nous. »