Comme en 2012 et en 2020, le Heat et les Celtics se disputeront une place pour les Finals et la suprématie de la conférence Est. À l’époque, dans le sillage de LeBron James et Dwyane Wade, puis Jimmy Butler et Bam Adebayo, c’est la franchise floridienne qui s’était imposée par deux fois contre celle du Massachusetts.
Mais aujourd’hui, même si c’est Miami qui dispose de l’avantage du terrain et même si l’on retrouve pas mal de visages identiques à ceux de la « bulle » d’Orlando dans chaque camp, Boston pourrait bien être en position de force. Déjà, car la confiance des joueurs d’Ime Udoka est au plus haut, depuis qu’ils ont sorti Brooklyn puis le champion en titre (Milwaukee), aux tours précédents. Ensuite, car il s’agit de l’équipe la plus victorieuse de la ligue, depuis le 1er février dernier : 32 victoires en 41 matchs.
Pour autant, les hommes d’Erik Spoelstra ont les armes offensives et défensives pour embêter les C’s, alors que Jimmy Butler pratique sans doute l’un des meilleurs baskets de sa vie (si ce n’est le meilleur). La blessure de Kyle Lowry peut, certes, handicaper les troupes de South Beach, mais Marcus Smart est aussi diminué. D’autant que, jusqu’à présent, le parcours des protégés de Pat Riley (Atlanta, Philadelphie) est également très maîtrisé.
De quoi nous offrir une série alléchante, entre deux défenses de fer et plusieurs All-Stars de renom.
PRÉSENTATION DU HEAT
Les titulaires : K. Lowry, J. Butler, M. Strus, P. Tucker, B. Adebayo.
Les remplaçants : G. Vincent, T. Herro, V. Oladipo, D. Robinson, C. Martin, D. Dedmon.
Le coach : E. Spoelstra.
La principale interrogation de cette série concerne évidemment l’état de santé de Kyle Lowry, actuellement en délicatesse avec ses ischio-jambiers, au point de rater le Game 5 puis le Game 6 face aux Sixers, ainsi que le Game 1 face aux Celtics. Pour l’heure, les pépins physiques du meneur All-Star n’ont pas causé trop de tort au Heat dans ces playoffs, car Gabe Vincent et le revenant Victor Oladipo ont su hausser leur niveau de jeu. Néanmoins, à mesure que les rencontres s’enchaînent, son retour serait vu d’un très bon oeil, car il est l’un des maîtres à jouer du collectif d’Erik Spoelstra, qu’il stabilisé… lorsqu’il est en pleine possession de ses moyens.
Un collectif pour le moment sublimé par les prestations XXL de Jimmy Butler, qui a clairement ré-activé le mode « bulle » depuis un mois. Loin d’être esseulé, l’ailier All-Star peut également compter sur la solidité de ses lieutenants, tels Bam Adebayo dans la raquette ou Max Strus et P.J. Tucker sur les extérieurs, en plus de Tyler Herro quand il est dans une bonne passe (ce qui n’est pas le cas jusqu’ici, à l’image de Duncan Robinson). Mais les seconds couteaux de South Beach auront plus que jamais un rôle important à jouer contre Boston. Surtout si Kyle Lowry doit rester éloigné des terrains un peu plus longtemps…
POINTS FORTS
– Une défense étouffante. C’était déjà un point fort avant même le début des playoffs et les séries face aux Hawks et aux Sixers l’ont confirmé. Avec 104.6 points encaissés sur 100 possessions aux deux premiers tours, contre 108.4 en saison régulière, le Heat continue de faire forte impression de ce côté du parquet. Historiquement et culturellement construite autour de la défense, la franchise floridienne ne déroge pas à ses principes jusqu’à présent et Trae Young, James Harden ou Joel Embiid peuvent en témoigner. Car, à Miami, les bons défenseurs sont partout et l’intensité physique est omniprésente, pour un cocktail gagnant.
– Un groupe de tueurs à gage. Finaliste NBA il y a deux ans, avec un groupe très similaire à celui de cette année, le Heat n’a pas peur de la pression des matchs couperets : Erik Spoelstra a déjà gagné deux titres et disputé deux autres Finals, Jimmy Butler a l’habitude des playoffs, tout comme Bam Adebayo, alors que l’on se rappelle que le rookie Tyler Herro avait explosé lors de la « bulle » d’Orlando. Bref : les joueurs de Miami, renforcés en prime par les deux champions que sont Kyle Lowry et P.J. Tucker, ont le profil-type de l’équipe bâtie pour les joutes printanières. Et ça s’est d’ailleurs vu lors des deux premiers tours.
POINTS FAIBLES
– Le shoot extérieur. Avec seulement 32% de réussite à 3-pts dans ces playoffs, le Heat n’est pour le moment pas autant adroit derrière l’arc qu’en saison régulière (38%). Forcément, cette maladresse pourrait coûter cher dans cette finale de conférence, face à la défense bien en place des Celtics. Sans Kyle Lowry, il n’y a ainsi plus que Max Strus en mesure d’apporter une vraie menace de loin, dans le cinq majeur, car Jimmy Butler n’est pas un spécialiste du shoot et PJ Tucker n’est vraiment efficace que dans les coins. Et comme derrière Duncan Robinson n’est quasiment plus utilisé et que Tyler Herro est maladroit, tout comme Gabe Vincent et Victor Oladipo jusqu’ici…
– Les pépins physiques. Entre Kyle Lowry, déjà forfait pour le Game 1, mais aussi les incertitudes qui règnent autour de P.J. Tucker, Max Strus, Gabe Vincent et Caleb Martin, tous incertains pour le début de cette finale de conférence, l’infirmerie du Heat est loin d’être vide. Qu’on se le dise, il serait surprenant de voir ces quatre joueurs en « game time decision » ne pas tenir leur place, mais le fait qu’ils ne soient pas à 100% peut inquiéter. Surtout s’ils viennent à être absents en cours de série. Ainsi, gare à ce que la dynamique du groupe floridien ne soit pas brisée, même s’il a prouvé qu’il savait faire sans plusieurs cadres, en saison régulière.
PRÉSENTATION DES CELTICS
Les titulaires : M. Smart, J. Brown, J. Tatum, A. Horford, R. Williams.
Les remplaçants : D. White, P. Pritchard, G. Williams, D. Theis.
Le coach : I. Udoka.
Plus les jours passent, plus le collectif des Celtics gagne en complémentarité et monte en puissance. Même quand Marcus Smart et Robert Williams, leurs deux capitaines défensifs, sont handicapés physiquement, ils trouvent des moyens de s’en sortir et de limiter les dégâts. Il faut dire que, sur les extérieurs, Jayson Tatum et Jaylen Brown ne faiblissent pas en tant que leaders de l’attaque des C’s, alors que la renaissance d’Al Horford fait un bien fou à l’équipe, sous les panneaux.
En sortie de banc, Ime Udoka peut également compter sur de vaillants soldats, comme les polyvalents Derrick White et Grant Williams, décisifs à quelques reprises dans ces playoffs, mais aussi sur des joueurs de devoir, comme Daniel Theis et Payton Pritchard. En dehors de ce quatuor, il semble difficile d’imaginer d’autres éléments obtenir des minutes significatives, car le coach rookie de la franchise du Massachusetts a pris l’habitude de jouer avec une rotation resserrée, depuis le début de l’année 2022.
POINTS FORTS
– La dynamique de groupe. Auteurs d’un démarrage très compliqué (11e à l’Est le 16 janvier, avec 22 victoires et 22 défaites), les Celtics se sont ensuite remobilisés pour réussir une deuxième partie d’exercice canon. Dans ces playoffs, ils n’ont d’ailleurs pas faibli, tant face aux Nets que face aux Bucks. On peut même dire, sans trop exagérer, que ce sont tous les joueurs de Boston qui pratiquent leur meilleur basket au meilleur moment de l’année. En pleine confiance, les C’s ne manquent pas d’impressionner. Forcément une aubaine, à ce moment de la saison.
– La défense. Dans le sillage du DPOY 2022, Marcus Smart, les Celtics ont attaqué les playoffs avec la meilleure défense NBA et, même sans Robert Williams, ils ont tenu leur rang dans ce domaine. Composé intégralement de bons, voire très bons, défenseurs, leur cinq de départ est capable de « switcher » en permanence et leurs titulaires sont difficiles à prendre à revers en isolation. Le genre de schéma qui peut donc poser problème au Heat, comme il a posé problème aux Nets et aux Bucks aux deux tours précédents. D’autant que l’attaque floridienne a souvent toussé cette saison, sur demi-terrain.
POINTS FAIBLES
– Une défense exigeante. Les Celtics changent sur tous les écrans et leur polyvalence leur permet d’être peu souvent mis en difficulté. On l’a vu face aux Nets et aux Bucks, car Kevin Durant a rarement pris le dessus sur son défenseur, malgré son talent et sa taille. Idem pour Giannis Antetokounmpo, qui a beaucoup dû travailler pour se débarrasser de ses vis-à-vis, au point de parfois forcer et de finir sur les rotules. Le problème, c’est que cette façon de défendre est très exigeante. Physiquement, car il faut être en alerte en permanence et car le moindre retard peut se traduire en brèche et/ou en faute. Mentalement, car ça exige de communiquer à foison et de bien lire les écrans.
– L’apport au scoring des remplaçants. Pour peu que Jayson Tatum et/ou Jaylen Brown soient dans un très bon soir, les 22.5 points marqués en moyenne par la « second unit » des Celtics (le 14e meilleur total des playoffs) ne devraient pas être trop handicapants. Sauf que la défense du Heat est susceptible de faire déjouer les « Jay’s » et, dans cette configuration, il va falloir que le banc de Boston hausse le ton offensivement, comme lors du Game 7 contre les Bucks. Ainsi, ce sera à Derrick White, Grant Williams, Payton Pritchard et Daniel Theis de sortir de leur boîte, ensemble ou à tour de rôle, pour le bien du parcours des C’s.
LA CLÉ DE LA SÉRIE
– L’adresse à 3-pts. Dans cette série qui met aux prises deux All-Stars de grande qualité (Jimmy Butler et Jayson Tatum), mais surtout deux des quatre meilleures défenses de la ligue, le shoot extérieur va avoir son importance. Car, pour créer des brèches à l’intérieur de la ligne des 3-pts, les snipers devront artiller en abondance, avec régularité. Ce n’est pas forcément la force du Heat et des Celtics, qui devraient aussi bien contrôler le rythme de la partie, mais si quelques paniers primés commencent à tomber dedans (d’autant plus en cas de défense de zone), cela va ouvrir tout le reste. Et ainsi changer la face de cette série…
SAISON RÉGULIÈRE
Boston 2-1
4 novembre : Miami – Boston (78-95)
31 janvier : Boston – Miami (122-92)
30 mars : Boston – Miami (98-106)
VERDICT
Bien malin celui qui réussira à prédire le vainqueur de cette nouvelle finale de conférence entre Miami et Boston. Sur le papier, les deux équipes, finalement assez similaires, se tiennent dans un mouchoir de poche et cela risque également de se traduire sur le parquet.
On se risque néanmoins à faire pencher la balance en faveur des Celtics, la meilleure équipe de ces derniers mois. Victorieux de deux gros poissons aux deux premiers tours (Brooklyn et Milwaukee), et notamment des champions en titre, les joueurs du Massachusetts débordent de confiance en eux, même si leur demi-finale de conférence face aux Bucks a pu tirer sur les organismes. Ils n’auront pas l’avantage du terrain, mais ils ont déjà su démontrer qu’ils étaient capables d’aller chercher des matchs couperets à l’extérieur (Game 6 chez les Bucks).
Pour peu que les blessures de Marcus Smart et Robert Williams guérissent rapidement, et que celle de Kyle Lowry mette plus de temps à disparaître, les C’s peuvent s’installer aux commandes et ne plus regarder derrière eux. Déjà que leur défense est au point, leur attaque semble un peu plus talentueuse que celle du Heat, dans le sillage de Jayson Tatum et Jaylen Brown. Un Heat qui n’aura que peu de marge d’erreur, donc, mais qui devra surtout espérer que plusieurs de ses seconds couteaux se réveillent, pour rivaliser sur la durée avec l’armada celte.
Sans ça, les finalistes 2020 auront du mal à égaler leur parcours de la « bulle » d’Orlando et la franchise aux 17 titres NBA tiendra quant à elle sa revanche, afin de se donner la possibilité d’en viser un 18e record.
Boston 4-2
CALENDRIER
Game 1 : à Miami, mardi 17 mai (02h30, dans la nuit de mardi à mercredi en France)
Game 2 : à Miami, jeudi 19 mai (02h30, dans la nuit de jeudi à vendredi en France)
Game 3 : à Boston, samedi 21 mai (02h30, dans la nuit de samedi à dimanche en France)
Game 4 : à Boston, lundi 23 mai (02h30, dans la nuit de lundi à mardi en France)
Game 5* : à Miami, mercredi 25 mai (à déterminer)
Game 6* : à Boston, vendredi 27 mai (à déterminer)
Game 7* : à Miami, dimanche 29 mai (à déterminer)
* Si nécessaire.