Michael Jordan, 20 ans déjà : l’épreuve du back-to-back

En juin, on fêtera les 20 ans du premier titre de « Sa Majesté », obtenu aux dépens des Lakers de Magic Johnson (4-1). Pour atteindre cet anniversaire symbolique, Basket USA vous propose un voyage exceptionnel dans la galaxie MJ.

L’homme, le joueur, le businessman… Vous saurez tout du plus grand basketteur de tous les temps en revivant, en textes et en images, l’épopée de « Air Jordan ».

Aujourd’hui, soir de relâche dans ces playoffs 2011, place à la 15e partie avec la suite des Finals face à Portland.

La partie précédente

Game 2

Le Match 2 des Finales 1992 a lieu le vendredi 5 juin au Chicago Stadium. Le prodigieux numéro de « MJ » à 3 points dans la première manche ne semble pas avoir découragé les hommes de Rick Adelman, jeune retraité du banc. Portland prend 8 points d’avance dans le premier quart-temps. Les Trail Blazers en comptent encore 9 à la mi-temps. Mais le scénario du Game 1 se répète. Deux jours plus tôt, les joueurs de l’Oregon avaient réussi leurs sept premiers shoots. Ils comptaient une avance de 8 points en première mi-temps et s’étaient ensuite écroulés (6-23). Bis repetita dans la deuxième manche.

Michael Jordan plante 14 points dans le troisième quart-temps. John Paxson en rajoute 9 (trois paniers primés) pour permettre aux Bulls de s’échapper (+7) après avoir été relégués à -9. Le scénario du quatrième quart-temps est tout bonnement incroyable. Chicago file tranquillement vers le 2-0, d’autant que Clyde Drexler est éliminé pour 6 fautes à 4:36 de la fin. Alors que les Bulls ont 10 points d’avance (92-82), Michael Jordan perd complètement les pédales. Il prend une faute, récolte une technique… et relance Portland dans le match (15-5).

A 45 secondes de la fin, Jerome Kersey égalise à 95-95 sur un service de Danny Ainge. Jordan répond du tac au tac et donne 2 points d’avance aux siens avec 31 secondes à jouer. Kevin Duckworth remet une nouvelle fois les deux équipes à égalité. Jordan loupe le shoot de la gagne au buzzer.

Jerome Kersey est éliminé à son tour pour 6 fautes mais Danny Ainge prend ses responsabilités. Le n°9 égale un record de Finales en plantant 9 points en prolongation, dont 6 dans la dernière minute du match (1:03 très précisément). C’est aussi lui qui servit Terry Porter pour un 3 points assassin avec 1:31 sur l’horloge (110-102). Assommé dans le Game 1, Portland fait preuve d’une belle réaction d’orgueil et crée la plus improbable des surprises en s’imposant 115-104 sur le parquet des Bulls. Des Bulls qui avaient le match parfaitement en main… Les Trail Blazers marquèrent sur 16 de leurs 17 dernières possessions. Les deux équipes se retrouvent à 1-1.

Les stats de Michael Jordan : 39 pts (16/32), 5 rbds, 10 pds, 1 int

Le résumé du Match 2

Game 3

Direction Portland et le Memorial Coliseum pour le Match 3, joué le dimanche suivant. Chicago doit récupérer au plus vite l’avantage du terrain. Les hommes de Phil Jackson imposent leur implacable domination et comptent 14 points d’avance à la mi-temps (44-30). Un 30-13 réussi à cheval sur les premier et deuxième quart-temps envoie Portland dans les cordes. Les Trail Blazers reviennent à -3 à 7 minutes de la fin du troisième quart mais les Bulls s’offrent un nouveau bol d’air en réussissant un 12-3. Et surtout en étouffant leur proie en défense.

L’attaque de Portland bute littéralement sur un mur. Pendant près de 7 minutes (6:57 exactement), à cheval sur les troisième et quatrième quart-temps, les hommes de Rick Adelman ne mettront pas un pion… Ils retrouveront le chemin du filet avec 9:36 à jouer dans le dernier quart. Evidemment, le mal est fait. Chicago s’est échappé (+14) et ne sera plus inquiété. La franchise de l’Illinois reprend l’avantage du terrain en s’imposant 94-84 dans l’Oregon.

Accessoirement, Portland établit ce soir-là trois records de médiocrité en playoffs pour la franchise : plus petit nombre de points dans un match (84), plus petit nombre de points dans une deuxième mi-temps (39) et plus petit nombre de paniers réussis dans un match (28). 2-1 pour Chicago.

Les stats de Michael Jordan : 26 pts (11/22), 7 rbds, 4 pds, 3 ints

Le résumé du Match 3

Game 4

Après deux jours de repos, les deux équipes se retrouvent pour la quatrième manche. Portland est toujours rouillé. Les Trail Blazers sont incapables de trouver le panier pendant quatre interminables minutes et se retrouvent à -10. Les Bulls s’échappent (22-9) avant de dilapider une fois encore leur avance. A la pause, les hommes de Rick Adelman ne sont plus qu’à trois longueurs. Comme souvent, Michael Jordan fait un chantier au retour des vestiaires (13 pts dans le troisième quart-temps sur les 21 de son équipe). Et puis c’est le trou noir… Pendant les dix dernières minutes de la rencontre (10:26 exactement), « Sa Majesté » restera muette.

Portland n’en demandait pas tant. Chicago mène 77-70 à 9:06 de la fin. Puis 80-74 avec 7:43 à jouer. Les Trail Blazers reviennent à -4 (82-78) avant de planter un 15-6 qui leur permet de passer devant. Dans le run victorieux, Rick Adelman joua small ball avec un cinq Porter-Drexler-Ainge-Kersey-Robinson. Les locaux prirent pour la première fois le commandement de la partie à 2:22 de la sirène, sur un lancer franc de « Uncle Cliffie » (83-82). Scottie Pippen est maladroit dans le même exercice (1/4) et ne peut compenser le passage à vide de son leader. « Pip » n’inscrivit lui-même que 3 points dans le quatrième quart. Portland s’impose 93-88 et égalise à 2-2 dans la série.

Les stats de Michael Jordan : 32 pts (11/26), 5 rbds, 6 pds

Le résumé du Match 4

Game 5

Le Game 5 est le dernier qui se joue au Memorial Coliseum. Les Bulls font une fois encore le break (10-2) et celui-ci se révélera décisif. A chaque fois que Portland tente de recoller au tableau d’affichage, Chicago remet une couche : 10-0, 7-0, 12-4… Un 16-8 pour démarrer la deuxième mi-temps offre 20 points d’avance aux hommes de Phil Jackson (82-62). Plus gros écart du match. A 3:32 de la fin, l’écart tombe à +9 (110-101) mais le sursaut est trop tardif. Chicago s’impose 119-106 et repart dans l’Illinois avec un avantage de 3-2.

Michael Jordan se donna une entorse en prenant un shoot ligne de fond (voir l’action à 4:50 de la vidéo ci-dessous). Un retour sur le banc suffit à faire passer la douleur. Il termina la soirée avec une feuille de stats bien remplie (16/19 aux lancers francs). De son côté, Scottie Pippen frôla le triple-double (24 pts, 11 rbds, 9 pds). Côté Portland, six joueurs atteignirent les 11 points (30 pour Drexler) mais 18 pertes de balle précipitèrent le naufrage d’une équipe beaucoup moins adroite que son adversaire (43.8% aux tirs contre 54.8 pour les champions NBA 1991).

Les stats de Michael Jordan : 46 pts (14/23), 5 rbds, 4 pds, 1 ct

Le résumé du Match 5

Game 6

La sixième et dernière manche a lieu le dimanche 14 juin au Chicago Stadium. Personne n’imagine que les Bulls puissent laisser filer cette Finale. Mais Portland est dos au mur. Les hommes de Rick Adelman n’ont pas d’autre choix que de bétonner. Bien pris en défense, Michael Jordan ne parvient pas à inscrire le moindre panier pendant les 11 premières minutes de la rencontre. Durant le deuxième quart-temps, le champion de la Conférence Ouest compte jusqu’à 15 points d’avance (43-28). Chicago signe un 16-7 pour revenir à -6.

Les coéquipiers de Buck Williams refusent d’abdiquer. Dans le troisième quart, ils comptent à nouveau un matelas de 17 points (75-58). Et là, coup de génie de Phil Jackson qui aligne le seul Scottie Pippen plus quatre remplaçants pour attaquer le dernier quart : Scott Williams, Stacey King, B.J. Armstrong et Bob Hansen… Après 3 minutes, l’écart n’est plus que de +3 (81-78) ! Michael revient sur le parquet à 8:36 de la fin. Il va se faire un plaisir d’achever la bête. Deux interceptions transformées en hoops placent Chicago devant (89-87, 4:01 à jouer).

La suite a un air de « déjà-vou » (comme disent les Américains) : parole à la défense. Sur les 4 dernières minutes du match, les Trail Blazers doivent se contenter de 6 malheureux points. C’est aussi le total de Mike qui signe 6 des 8 derniers points de son équipe. Les Bulls réussissent le back-to-back en s’imposant 97-93 et 4-2 dans la série. Dans le quatrième quart, ils inscrivirent 16 points sur les turnovers de leur adversaire. Portland aucun… Côté pourcentages, ça pique les yeux : 68% pour les Bulls, 29 pour les Trail Blazers. Ces derniers s’emparèrent d’un record en réussissant tous leurs lancers francs dans un match des Finales (21/21) mais cela leur fit une belle jambe…

Les stats de Michael Jordan : 33 pts (13/24), 4 rbds, 4 pds, 4 ints, 1 ct

Le résumé du Match 6

 

Le Top 10 des Finales 1992

https://www.youtube.com/watch?v=EEalVt2izvQ

Les stats de Michael Jordan sur la série : 35.8 pts (52.6% et 42.9% à 3 pts), 4.8 rbds, 6.5 pds, 1.7 int, 0.3 ct

Pour la deuxième année de suite, le sextuple meilleur scoreur de la Ligue est désigné MVP des Finales. Quelques mois plus tard, le documentaire « Untouchabulls » retraça toute l’épopée. Le titre « Jam » qui ouvre l’album « Dangerous » de Michael Jackson fut utilisé comme illustration sonore. Le vidéo clip de la chanson réunira les deux Michael, Jordan et Jackson. On y voit le second enseigner le « moonwalk » au premier.

Le making-of

https://www.youtube.com/watch?v=jEotFbLnoZM

Pour la petite histoire, sachez que les Chicago Blackhawks disputaient la Stanley Cup, la finale du championnat de NHL, au même moment. L’équipe eut un peu moins de réussite puisqu’elle fut balayée par le champion sortant, les Penguins de Pittsburgh. Les Blackhawks n’avaient pas remporté le titre en hockey depuis 1961. Ils durent patienter jusqu’en 2010 (victoire 4-2 contre les Philadelphia Flyers).