Donovan Mitchell lève brièvement les yeux au ciel puis les referme. À ses côtés, Mike Conley grimace. Ce dernier, servi par le premier, vient de manquer un tir dans le corner pour ramener le Jazz à une possession des Suns, à dix secondes de la fin. Les deux hommes ont compris que la meilleure équipe de la ligue allait s’imposer chez eux. Après avoir compté 17 points de retard au début du dernier quart-temps…
Le Jazz devient un expert en la matière. Il s’agit de leur sixième défaite cette saison malgré une avance d’au moins dix points dans l’ultime période.
« Je ne pense pas qu’il y ait une sorte de malédiction vaudou qui circule », juge Quin Snyder, ou bien « qu’il y ait un sortilège qui nous condamne à lâcher une avance ». Plutôt qu’un potentiel « obstacle psychologique à surmonter », le coach du Jazz estime qu’il s’agit « plutôt d’une question d’exécution, de concentration et d’être capable de passer d’une action à l’autre ». En convenant toutefois : « Peut-être qu’il y a une légère anxiété. »
3/20 pour finir le match
Il faut sans doute voir en effet de la crispation chez le Jazz qui s’est présenté à l’entame de ce quatrième quart-temps en ayant dominé son sujet dans les minutes précédentes. Mais les locaux ont manqué de tout pour finir la rencontre. De l’adresse de Donovan Mitchell ou de Bojan Bogdanovic qui ont pourtant hérité de quelques tirs propres.
De rythme et de lucidité en attaque face à une défense qui ne leur a pas fait de cadeau sur jeu placé. On pense à ce choix de Jordan Clarkson, à six minutes du terme, qui a étrangement refusé le tir en transition pour manger un peu le chrono, avant de partir en dribble et de faire une passe… directement dans les mains de Chris Paul, qui n’avait plus qu’à amorcer la contre-attaque.
D’efforts aussi, pour contrer JaVale McGee par exemple qui est allé dévier quelques rebonds offensifs en début de quart-temps. Les Suns et leur chef d’orchestre, Chris Paul, ont affiché leur sérénité habituelle pour renverser le match en coller un 36-13 au Jazz pour finir, avec un 14/21 aux tirs, contre 3/20 pour leurs adversaires…
Encore un problème de circulation…
« On doit jouer librement, on est tous trop tendus, juge Donovan Mitchell, auteur d’un 0/6 dans les derniers instants. C’est peut-être un truc mental, peut-être. […] On joue en étant crispés. On peut s’asseoir ici et dire ‘Oh, c’est quelque chose de mental’, c’est peut-être le cas, c’est sûrement ce qui ressort sur le parquet. Mais si on est là-dedans, on a déjà perdu le match. »
De son côté, Rudy Gobert pense aussi que le Jazz a « un peu trop » réfléchi dans le dernier quart-temps. Comme son coach, le pivot estime que son équipe a soudainement perdu son rythme en attaque. « Le ballon ne circulait pas comme dans le troisième quart-temps. Une fois encore, on a arrêté de jouer comme on le faisait plus tôt dans le match. J’ai l’impression que c’est ce qui arrive à peu près à chaque fois », remarque le pivot.
Malgré ce revers, leur coach veux aussi retenir du positif de ce match. « On a fait beaucoup de bonnes choses pour se mettre dans la position dans laquelle on était. Et quand on est arrivés au moment crucial, on a arrêté de faire ces choses. Je crois en cette équipe. On doit corriger certains éléments dans lesquels on doit progresser. Cette équipe a toujours été capable de le faire. Personne ne fait abstraction de ses erreurs. »