C’est sur Twitter que Jamal Crawford a finalement décidé d’officialiser son retrait des terrains. À l’instar d’un Ray Allen en son temps, il n’avait jamais vraiment fermé la porte, et après deux saisons passées loin des terrains, il a préféré se rendre à l’évidence : sa carrière de joueur est terminée.
« Adieu au sport, et à toute cette montée d’adrénaline. Merci au basket, je te dois tout » écrit-il en référence aux paroles de Jay-Z dans le morceau December 4th sur le Black Album.
https://twitter.com/JCrossover/status/1505795444693082112
Aperçu dans la « bulle » quelques minutes à 40 ans sous le maillot des Nets, le temps de cumuler 5 points et 3 passes décisives avant de se blesser à la cuisse, Jamal Crawford rêvait toujours de NBA, comme Joe Johnson, un autre quadragénaire. Mais le téléphone n’a jamais sonné…
Trois fois meilleur sixième homme de la NBA, il aura attendu d’avoir 30 ans pour se faire un nom en NBA. Avant cela, il était simplement considéré comme un immense talent. Aussi doué que Kyrie Irving balle en main, il ne pensait qu’au plaisir de jouer, et moins à celui de défendre, voire de gagner. Son dernier exploit est d’ailleurs symbolique : il plante 51 points lors du dernier match de la saison régulière en 2019 face aux Mavericks. C’était le soir des adieux de Dirk Nowitzki, et il lui avait presque volé la vedette.
« Je suis à mon meilleur niveau quand je ne réfléchis pas »
À Chicago, New York ou encore Atlanta et Los Angeles, Jamal Crawford aura passé toute sa carrière à prendre d’abord du plaisir. Disponible et agréable en interview, il l’était aussi dans un vestiaire. La générosité même, et aucun coéquipier ou coach n’a regretté de l’avoir à ses côtés ou sous ses ordres. La défense ? Très peu pour lui. Hyper doué balle en main, il s’est finalement fait un nom en devenant l’un des meilleurs remplaçants de la NBA. Un vrai joker. Quelqu’un qu’on lance face au banc adverse pour faire des dégâts sur de courtes périodes. Comme Lou Williams, son successeur aux Clippers.
« Je suis à mon meilleur niveau quand je ne réfléchis pas », expliquait Jamal Crawford en 2017. « Je suis détendu, je joue tout simplement. C’est simplement du basket et je le pratique depuis toujours. Quand on est à son meilleur niveau en NBA, c’est comme au lycée, car on ne réfléchit pas. Le jeu vient naturellement. »
Enfant de Seattle où il est une vraie légende et un modèle pour des Isaiah Thomas, Zach LaVine et Dejounte Murray, Jamal Crawford était arrivé en NBA au lendemain de la retraite de Michael Jordan, et c’était à… Chicago. Ce sont les années creuses de la franchise, et au moment même où il explose, dans sa quatrième année, il est transféré aux Knicks.
Maître du crossover, il a son geste signature : le « shake-and-bake » et il devient l’un des chouchous du Madison Square Garden. À New York, il devient un arrière respecté, capable de gros cartons, mais une constante : ses équipes ne gagnent pas. Après dix ans en NBA, il n’a toujours pas joué le moindre match de playoffs !
Finalement, c’est à Atlanta, à 30 ans, que sa carrière va prendre un heureux tournant. Sixième homme d’une belle cylindrée, il change de statut, et il remporte là-bas son premier « Sixth Man Award », et dispute enfin ses premiers playoffs. Après un bref passage à Portland l’année du lockout, il trouve véritablement sa niche aux Clippers, et devient le Lieutenant du « Big Three » de Lob City. Il y remporte deux trophées supplémentaires de meilleur sixième homme. À 34 ans, il frôle les 20 points de moyenne, et c’est très rare dans l’histoire de la NBA. Mais cette réputation de soliste lui colle à la peau. Il n’a jamais eu la réputation d’être un « winner » et peu lui importe.
Sa sortie de scène est à son image : discrète mais artistique. Désormais, place à la relève puisque son fiston, JJ, fait déjà quelques ravages à 11 ans.