Il avait déjà réussi deux double-double, à 15 points et 11 rebonds (plus 9 passes) face à Phoenix puis 13 points et 13 passes pour battre Memphis. Mais, extrêmement maladroit jusque-là, Russell Westbrook n’avait pas encore réussi un match digne de sa place dans le Top 76 des meilleurs joueurs de l’histoire sous ses nouvelles couleurs.
Mardi soir à San Antonio, pour leur premier déplacement de l’année, Russell Westbrook et les Lakers se sont sentis comme chez eux, bien soutenus par un public largement acquis à leur cause (en plein Texas). Cet étonnant soutien à l’extérieur a en tout cas permis au meneur vétéran de terminer très fort, inscrivant 15 de ses 33 points en dernier quart et en prolongation, pour aider Los Angeles à engranger un deuxième succès de rang.
« On savait qu’avec l’absence de James viendrait la responsabilité de rendre les autres meilleurs autour de nous. [Hier] soir, j’ai trouvé que AD a fait du bon boulot pour être agressif tout le match, tir réussi ou raté, pour finir fort près du cercle. Il a été énorme pour nous », a réagi Russell Westbrook avant de préciser. « Je ne suis pas habitué à ce qu’on m’encourage en déplacement. C’était une expérience nouvelle pour moi. »
Avec 33 points, 10 rebonds et 8 passes, Russell Westbrook n’a toujours pas réussi de triple-double cette saison mais le plus important était encore de garder la petite dynamique enclenchée par ce premier succès face aux Grizzlies dimanche. Et la performance de mammouth du meneur, conclue par un gros dunk sur la tête de Keita Bates-Diop en prolongation, n’était pas de trop…
« C’est pour ça qu’on a voulu le faire venir », confirme Frank Vogel. « L’an passé, on a perdu LeBron et AD pendant un long moment et on n’avait pas assez de qualités pour tenir le choc en saison régulière et pour gagner en playoffs. Avoir Russ au cas où un de ces gars est blessé, c’est un autre joueur qui est capable de réussir un match monstrueux, comme on l’a vu ce soir. Son acquisition apporte ses premiers fruits. »
Bague ou pas bague, Russell Westbrook voit plus loin
Dans sa 14e saison NBA, la troisième de suite dans une troisième franchise différente depuis son départ d’Oklahoma City à l’été 2019, Russell Westbrook est encore en quête de repères. Mais ce match, sans LeBron James, pourrait bien avoir servi de déclic pour l’ancien MVP.
Roi incontesté du triple-double dans l’histoire de la NBA, avec 184 matchs conclus en trois dimensions, le meneur débarque à Los Angeles avec une réputation très ambivalente. S’il est évidemment conscient des attentes qui pèsent autour de lui, et de cette équipe surchargée de stars à Los Angeles, Russell Westbrook préfère relativiser.
« Je fais des trucs normaux », expliquait-il récemment dans le Los Angeles Times. « Littéralement à chaque fois que je croise quelqu’un, on me dit toujours : ‘Oh, je ne savais pas que tu allais être comme ça’. Et je réponds toujours : ‘Que j’allais être comment ? À quoi est-ce que tu t’attendais ? Que je te crie dessus ?' »
Alors que le documentaire intitulé « Passion Play », qui vient récemment de sortir, a montré une autre facette de sa personnalité, Russell Westbrook ne veut pas qu’on réduise sa carrière à sa vaine (pour l’instant) quête d’une bague NBA. D’autres légendes du jeu ont également fini leur carrière sans avoir pu décrocher ce Graal et Russell Westbrook a pris son parti dans cette définition toujours aléatoire du succès en NBA.
« Je peux vous nommer beaucoup de joueurs qui ont des bagues, mais qu’est-ce que ça veut dire ? Une bague, c’est super mais, pour moi, il s’agit surtout d’utiliser notre plateforme pour influencer d’autres personnes. C’est pour ça que si je gagne ou pas une bague, ça n’importe peu pour moi. »
Le meneur a accepté de se dévoiler un peu
De retour chez lui, à Los Angeles, Russell Westbrook apprécie avant tout l’opportunité de pouvoir profiter à fond de sa vie de famille, avec sa femme et leurs trois enfants. « C’est fou comment les étoiles se sont alignées », sourit-il.
Extrêmement protecteur de sa sphère privée, le meneur a accepté de réaliser ce documentaire sur son parcours et sa mentalité pour fendre l’armure justement. Pour se dévoiler davantage, chose qu’il ne s’était jamais autorisée depuis ses débuts en NBA.
« Je ne peux plus rester sans rien dire quand une personne quelconque qui ne sait rien de moi va créer une histoire ou parler de moi à la télé sans savoir. Non pas que ça me touche mais j’ai des enfants. Donc tu ne vas pas me manquer de respect ou égratigner mon caractère ou mon identité. Je veux m’assurer que ce soit très clair », précise-t-il. « Je devais laisser les gens comprendre et voir ma perspective. S’ils étaient à ma place tous les jours et qu’ils allumaient la télé… Tiens, je pourrais presque te parier ce que j’ai en poche qu’à ce moment même où je te parle, il y a quelqu’un qui parle mal de moi ou de qui je suis. »
Touché par les nombreuses critiques plus ou moins justifiées qui s’abattent en permanence sur lui, que ce soit par sa propension à tirer à tort et à travers, ou à faire des stats pour faire des stats, Russell Westbrook n’oublie rien. En l’occurrence, il se souvient encore des critiques de Magic Johnson qui l’avait qualifié de « pire meneur de jeu que j’aie jamais vu dans une finale NBA » après l’échec du Thunder en 2012. Il avait pourtant tourné à 27 points, 7 passes et 6 rebonds (plus 2 balles perdues) dans ces Finales…
Quasiment dix ans plus tard, Russell Westbrook se retrouve dans la franchise où Magic Johnson a brillé, mais les deux hommes n’ont toujours pas crevé l’abcès. Personnage entier, mais respecté et apprécié de tous sur le circuit NBA – « C’est l’un des gars les plus authentiques de NBA », avance ainsi un dirigeant resté anonyme, Russell Westbrook approche petit à petit de la fin de carrière et il commence peu à peu à baisser la garde.
Mais hors des terrains seulement. Ne comptez pas sur lui pour réduire le niveau d’intensité qu’il déploie à chacune de ses minutes sur les planches !
Russell Westbrook, un phénomène unique en son genre
Gamin de Los Angeles qui vit son rêve de porter la tunique des Lakers, Russell Westbrook est aussi porté par la mémoire de trois de ses amis disparus : Khelcey Barrs, Nipssey Hustle et Kobe Bryant.
« C’est une part tellement importante de mes réflexions quotidiennes que ça ne va pas changer, maintenant que je suis [de retour à Los Angeles]. La seule chose à laquelle je suis plus exposée, c’est Kobe parce je fais maintenant partie des Lakers et je suis dans cette salle. C’est toujours en moi. Je sais précisément ce que ces individus voudraient que je fasse. Ils ont tous eu une influence différente sur ma vie et je penserai toujours à eux dans un coin de mon esprit. »
Fidèle en amitié, l’ancien de UCLA peut en tout cas compter sur le soutien du patron des Lakers, « King James » : « Je veux [qu’il gagne un titre]. Plus qu’il ne le croit. » Et, en retour, Russell Westbrook est prêt à faire tout ce qui est en son possible pour faciliter la tâche de LeBron James dans sa quête d’une nouvelle bague.
« Je veux que mon partenaire, peu importe qui c’est, soit un meilleur joueur quand je suis sur le terrain à ses côtés. Si je peux réussir à faire ça, j’ai réussi une partie de mon boulot. »
Comme il l’a fait avec Kevin Durant, mais aussi Paul George à Oklahoma City, avec James Harden à Houston ou encore Bradley Beal à Washington récemment, Russell Westbrook va continuer à faire ce qu’il sait faire, c’est-à-dire jouer à fond en permanence. Et ce même si son intensité peut prendre dessus sur sa discipline.
« Je n’ai pas fait ce que j’ai fait [dans ma carrière] pour que les gens parlent de moi. Je n’ai rien fait pour ça. Dans ma vie personnelle, je n’ai jamais eu de problème avec la justice ou qui que ce soit. Je n’ai rien fait d’autre que pratiquer mon sport avec une compétitivité que les gens ne comprennent pas. Dans le sport, quand les gens n’ont pas de point de comparaison, tout ce que tu peux faire va leur paraître anormal. Et ils ne le comprennent pas ou ils ne savent pas comment s’exprimer sinon en te parlant mal parce qu’ils ne comprennent pas. Ils n’ont juste rien vu de tel auparavant. »
https://www.youtube.com/watch?v=blYajp1fs4Y
Russell Westbrook | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2008-09 | OKC | 82 | 33 | 39.8 | 27.1 | 81.5 | 2.2 | 2.7 | 4.9 | 5.3 | 2.3 | 1.3 | 3.3 | 0.2 | 15.3 |
2009-10 | OKC | 82 | 34 | 41.8 | 22.1 | 78.0 | 1.7 | 3.1 | 4.9 | 8.0 | 2.5 | 1.3 | 3.3 | 0.4 | 16.1 |
2010-11 ☆ | OKC | 82 | 35 | 44.2 | 33.0 | 84.2 | 1.5 | 3.1 | 4.6 | 8.2 | 2.5 | 1.9 | 3.9 | 0.4 | 21.9 |
2011-12 ☆ | OKC | 66 | 35 | 45.7 | 31.6 | 82.3 | 1.5 | 3.1 | 4.6 | 5.5 | 2.2 | 1.7 | 3.6 | 0.3 | 23.6 |
2012-13 ☆ | OKC | 82 | 35 | 43.8 | 32.3 | 80.0 | 1.4 | 3.9 | 5.2 | 7.4 | 2.3 | 1.8 | 3.3 | 0.3 | 23.2 |
2013-14 | OKC | 46 | 31 | 43.7 | 31.8 | 82.6 | 1.2 | 4.5 | 5.7 | 6.9 | 2.3 | 1.9 | 3.8 | 0.2 | 21.8 |
2014-15 ☆ | OKC | 67 | 34 | 42.6 | 29.9 | 83.5 | 1.9 | 5.4 | 7.3 | 8.6 | 2.7 | 2.1 | 4.4 | 0.2 | 28.1 |
2015-16 ☆ | OKC | 80 | 34 | 45.4 | 29.6 | 81.2 | 1.8 | 6.0 | 7.8 | 10.4 | 2.5 | 2.0 | 4.3 | 0.2 | 23.5 |
2016-17 ★ | OKC | 81 | 35 | 42.5 | 34.3 | 84.5 | 1.7 | 9.0 | 10.7 | 10.4 | 2.3 | 1.6 | 5.4 | 0.4 | 31.6 |
2017-18 ☆ | OKC | 80 | 36 | 44.9 | 29.8 | 73.7 | 1.9 | 8.2 | 10.1 | 10.2 | 2.5 | 1.8 | 4.8 | 0.2 | 25.4 |
2018-19 ☆ | OKC | 73 | 36 | 42.8 | 29.0 | 65.6 | 1.5 | 9.6 | 11.1 | 10.7 | 3.4 | 1.9 | 4.5 | 0.5 | 22.9 |
2019-20 ☆ | HOU | 57 | 36 | 47.2 | 25.8 | 76.3 | 1.8 | 6.2 | 7.9 | 7.0 | 3.5 | 1.6 | 4.5 | 0.4 | 27.2 |
2020-21 | WAS | 65 | 36 | 43.9 | 31.5 | 65.6 | 1.7 | 9.9 | 11.5 | 11.7 | 2.9 | 1.4 | 4.8 | 0.4 | 22.2 |
2021-22 | LAL | 78 | 34 | 44.4 | 29.8 | 66.7 | 1.4 | 6.0 | 7.4 | 7.1 | 3.0 | 1.0 | 3.8 | 0.3 | 18.5 |
2022-23 * | All Teams | 73 | 29 | 43.6 | 31.1 | 65.6 | 1.2 | 4.6 | 5.8 | 7.5 | 2.2 | 1.0 | 3.5 | 0.5 | 15.9 |
2022-23 * | LAL | 52 | 29 | 41.7 | 29.6 | 65.5 | 1.1 | 5.0 | 6.2 | 7.5 | 2.3 | 1.0 | 3.5 | 0.4 | 15.9 |
2022-23 * | LAC | 21 | 30 | 48.9 | 35.6 | 65.8 | 1.4 | 3.4 | 4.9 | 7.6 | 2.0 | 1.1 | 3.4 | 0.5 | 15.8 |
2023-24 | LAC | 68 | 23 | 45.4 | 27.3 | 68.8 | 1.4 | 3.7 | 5.0 | 4.5 | 1.8 | 1.1 | 2.1 | 0.3 | 11.1 |
2024-25 | DEN | 75 | 28 | 44.9 | 32.3 | 66.1 | 1.4 | 3.6 | 4.9 | 6.1 | 2.5 | 1.4 | 3.2 | 0.5 | 13.3 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.