Au soir du 6 janvier dernier, le Jazz quittait New York après deux défaites, face aux Nets puis aux Knicks. Le bilan des troupes de Quin Snyder était alors équilibré (4 victoires – 4 défaites) donc décevant pour l’ambitieux groupe.
Trois semaines plus tard, Utah reste sur dix victoires de suite, dont la dernière face à Dallas sans Donovan Mitchell et avec un Rudy Gobert de gala.
Ce dernier match est un symbole de la puissance du collectif des joueurs d’Utah, qui enchaînent les prestations remarquables dernièrement. L’expérience commune de ce groupe est sa grande force actuellement, alors que plusieurs équipes (Atlanta par exemple) se plaignent de l’absence d’entraînements et d’un training camp raccourci. Tout cela empêche de construire une alchimie, surtout quand il y a des recrues à intégrer. Utah n’a pas ce problème.
« Quand vous les regardez en vidéo, c’est l’exécution des systèmes qui fait la différence, et cela naît de leur continuité », constatait Steve Kerr il y a quelques jours, en osant la comparaison avec Warriors de la grande époque. « La continuité saute aux yeux. Ils se connaissent très bien, et ils font leur travail de manière magnifique. »
Quin Snyder a trouvé son équilibre et ses rotations. Il y a le cinq majeur, où chaque élément joue autour de 30 minutes par match, et le coach sort ensuite du banc deux armes offensives de grande qualité : Joe Ingles et Jordan Clarkson. Derrick Favors suit juste derrière, pour faire le sale boulot sous les panneaux.
Sur un rythme historique à 3-pts
Cette formation bien installée depuis quelque temps désormais, il fallait encore une étincelle pour progresser de manière significative. Steve Kerr a bien souligné le changement entre ce Jazz de 2020/21 et celui du passé : « Ils semblent chercher plus vite le 3-points. »
Les chiffres sont formels : avec 299 paniers primés marqués, le Jazz est l’équipe la plus prolifique de la ligue dans ce domaine. Et ça va même plus loin qu’un simple changement de mentalité, comme soufflé par Steve Kerr, car pour le moment, Utah inscrit 16.6 paniers à 3-pts par match. Si l’équipe conserve ce rythme et cette moyenne, ce sera tout simplement un record NBA, devant les Rockets de James Harden en 2018/19 (16.1 paniers primés par match) !
La qualité suit de près cette impressionnante quantité de tirs tentés puisque la réussite est au rendez-vous avec un joli 39.7%, le deuxième meilleur pourcentage de la ligue derrière les Clippers. Le jeu collectif construit depuis quelques années a pris une nouvelle dimension avec cette volonté de shooter de loin. Tout va plus vite.
« On a trouvé le style et le rythme avec lesquels on veut jouer », confirme Joe Ingles à ESPN. « C’est très agréable de jouer ainsi. On joue les uns pour les autres, il n’y a pas d’égo entre nous. Chacun peut élever son niveau de jeu à différents moments. On joue juste. »
Le sens de l’adaptation
La justesse, c’est aussi et surtout l’adaptation. La preuve dans cette rencontre de mercredi soir contre les Mavericks. Privé de Donovan Mitchell et face à une défense texane qui n’a pas voulu envoyer d’aide défensive sur pick-and-roll, pour justement éviter les shoots à 3-pts ouverts, le Jazz s’est donc appuyé sur Rudy Gobert.
Le pivot français, même s’il assurait être à l’aise dans ce système, avait connu une période de disette il y a quelques semaines. Il ne touchait plus la balle et le peu de moments où il l’avait entre les mains, il n’en faisait rien de réellement productif. Là, il a sanctionné le choix des Mavericks en profitant des espaces et en collant 29 points.
Jordan Clarkson aussi s’est régalé en pénétrant énormément. Le Jazz a pris ses 41 shoots derrière la ligne comme d’habitude désormais, car c’est sa nouvelle arme, mais n’a pas oublié non plus de jouer à l’intérieur.
C’est exactement ce que voulait Quin Snyder, quand il imaginait, en début de saison, à quoi pourrait ressembler ce nouvel équilibre entre le pivot et les shooteurs autour de lui.
« Si on met des tirs, Rudy pourra profiter des espaces pour attaquer le cercle », avait-il décrit, lors de la première semaine de compétition. « C’est ce que provoque le spacing. Dans l’autre sens, Rudy met la pression près du cercle et c’est bien pour les shooteurs. Que Gobert attaque, joue le pick-and-roll, ou que les joueurs pénètrent, tout ça permet d’avoir des shoots primés. »
Deux derniers éléments sont encore à évoquer pour expliquer la bonne passe du Jazz et cette nouvelle première place (14 victoires, 4 défaites) : Mike Conley et la défense.
Le meneur de jeu a retrouvé ses sensations. Après des années dans le cocon de Memphis, il devait s’adapter à un nouvel environnement et clairement, la saison passée, il n’avait pas réussi. Notamment parce qu’il traînait des petites blessures, qui ont handicapé ses performances. Là, on sent qu’il a retrouvé la confiance et l’attitude de ses saisons avec les Grizzlies. De plus, avec un jeu collectif plus rythmé, il a davantage la balle dans les mains que l’an passé et ça aide pour se mettre en confiance et trouver des repères. Ses statistiques le prouvent : 16.6 points et 5.9 passes de moyenne. Elles sont typiquement dans ses standards de Memphis.
Le meneur est même le leader de toute la NBA au +/-, avec +229 points inscrits de plus par son équipe, par rapport à ses adversaires, lorsqu’il est en jeu (540 minutes). Le deuxième ? Rudy Gobert, avec +185 points en 548 minutes. LeBron James (+171 en 627 minutes) et Kawhi Leonard (+152 en 518 minutes) sont juste derrière.
Une révolution qui laisse la défense intacte
La défense ensuite. C’est la base, le fonds de commerce du Jazz. Avec une telle révolution offensive et cet appétit de 3-pts, il existait un risque de voir le Jazz moins fournir les efforts en défense pour davantage se concentrer sur les tirs extérieurs. Ce n’est pas le cas. Utah n’est pas tombé dans ce piège et reste la meilleure équipe de la ligue au rebond cette saison ainsi que la troisième défense de la NBA (106.7 poins encaissés sur 100 possessions).
« On insiste beaucoup sur la défense », explique Jordan Clarkson à The Athletic. « On essaie de ne pas avoir de relâchement dans ce domaine. »
La bonne formule semble donc avoir été trouvée à Salt Lake City. Elle fonctionne et porte le Jazz sur le toit de la ligue après six semaines de compétition. C’est prometteur pour la suite, mais la franchise garde la tête froide.
Avec le Covid-19 qui plane sur la ligue et frappe de nombreuses équipes, en les privant de leurs joueurs, plus le calendrier de la seconde partie de saison qui n’est pas encore connu et surtout, pour finir, le fait que les choses sérieuses sont encore très loin, il n’est pas question de s’enflammer.
« C’est encourageant, mais c’est encore le début de saison », a tempéré Rudy Gobert, suite au succès contre Dallas. « On veut bien évidemment faire partie des meilleures équipes de la ligue, mais il faut surtout être prêt pour les playoffs. » C’est en effet là qu’on verra si Utah a vraiment trouvé la recette.
https://www.youtube.com/watch?v=gkY_-8BwQ-Y
Tirs | Rebonds | |||||||||||||
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Joueurs | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Bp | Int | Ct | Fte | Pts |
Lauri Markkanen | 47 | 31.4 | 42.3 | 34.6 | 87.6 | 1.5 | 4.4 | 5.9 | 1.5 | 1.4 | 0.7 | 0.4 | 1.7 | 19.0 |
John Collins | 40 | 30.5 | 52.7 | 39.9 | 84.8 | 2.2 | 6.0 | 8.2 | 2.0 | 2.6 | 1.0 | 1.0 | 2.9 | 19.0 |
Collin Sexton | 63 | 27.9 | 48.0 | 40.6 | 86.5 | 1.0 | 1.8 | 2.7 | 4.2 | 2.5 | 0.7 | 0.1 | 2.3 | 18.4 |
Keyonte George | 67 | 31.5 | 39.1 | 34.3 | 81.8 | 0.4 | 3.4 | 3.8 | 5.6 | 2.7 | 0.7 | 0.1 | 1.7 | 16.8 |
Jordan Clarkson | 37 | 26.0 | 40.8 | 36.2 | 79.7 | 0.7 | 2.5 | 3.2 | 3.7 | 2.3 | 0.8 | 0.2 | 1.4 | 16.2 |
Walker Kessler | 58 | 30.0 | 66.3 | 17.6 | 52.0 | 4.6 | 7.6 | 12.2 | 1.7 | 1.5 | 0.6 | 2.4 | 2.2 | 11.1 |
Brice Sensabaugh | 71 | 20.2 | 45.9 | 42.2 | 89.0 | 0.6 | 2.4 | 3.0 | 1.5 | 1.5 | 0.6 | 0.1 | 1.6 | 10.9 |
Kyle Filipowski | 72 | 21.1 | 50.2 | 35.0 | 65.0 | 1.6 | 4.6 | 6.1 | 1.9 | 1.4 | 0.7 | 0.3 | 2.4 | 9.6 |
Johnny Juzang | 64 | 19.8 | 42.9 | 37.6 | 84.9 | 0.7 | 2.2 | 2.9 | 1.1 | 0.6 | 0.6 | 0.1 | 2.0 | 8.9 |
Svi Mykhailiuk | 38 | 20.0 | 39.1 | 34.5 | 80.0 | 0.6 | 1.8 | 2.4 | 2.0 | 1.4 | 0.5 | 0.2 | 1.1 | 8.8 |
Isaiah Collier | 71 | 25.9 | 42.2 | 24.9 | 68.2 | 0.5 | 2.9 | 3.3 | 6.3 | 2.9 | 0.9 | 0.2 | 2.1 | 8.7 |
Oscar Tshiebwe | 14 | 18.2 | 60.0 | 0.0 | 74.2 | 3.3 | 5.4 | 8.7 | 0.6 | 0.7 | 0.9 | 0.1 | 1.7 | 7.6 |
K.j. Martin | 19 | 22.7 | 49.0 | 18.9 | 72.2 | 0.5 | 2.3 | 2.8 | 1.5 | 0.6 | 0.3 | 0.3 | 2.1 | 6.3 |
Drew Eubanks | 37 | 15.4 | 60.7 | 60.0 | 63.2 | 1.1 | 3.5 | 4.5 | 1.2 | 0.8 | 0.3 | 0.9 | 1.2 | 5.8 |
Taylor Hendricks | 3 | 24.8 | 22.2 | 25.0 | 75.0 | 1.7 | 3.3 | 5.0 | 0.7 | 0.7 | 1.7 | 1.3 | 2.7 | 4.7 |
Cody Williams | 50 | 21.2 | 32.3 | 25.9 | 72.5 | 0.5 | 1.7 | 2.3 | 1.2 | 0.9 | 0.5 | 0.3 | 1.9 | 4.6 |
Patty Mills | 17 | 15.3 | 34.2 | 29.8 | 100.0 | 0.2 | 1.1 | 1.2 | 1.2 | 0.9 | 0.7 | 0.2 | 0.7 | 4.4 |
Micah Potter | 38 | 18.6 | 42.2 | 31.6 | 85.0 | 1.1 | 3.2 | 4.3 | 0.8 | 0.8 | 0.4 | 0.4 | 1.3 | 4.3 |
Jaden Springer | 17 | 13.2 | 41.1 | 20.7 | 70.6 | 0.8 | 1.2 | 2.0 | 1.4 | 0.7 | 0.7 | 0.2 | 1.5 | 3.8 |
E.j. Harkless | 10 | 13.8 | 31.4 | 28.0 | 50.0 | 0.9 | 1.2 | 2.1 | 0.8 | 0.3 | 1.0 | 0.1 | 1.8 | 3.2 |