Récemment, ESPN a fait un classement des plus grandes « dynasties » de l’histoire de la NBA. En première position, on retrouvait les Celtics de Bill Russell, entre 1956 et 1969. Viennent ensuite les Bulls de Michael Jordan, de 1988 à 1998, puis les Lakers de Magic Johnson, de 1979 à 1991. Et sur la quatrième marche ? Les Celtics de Larry Bird.
Il faut dire qu’en neuf saisons, de 1979 à 1988, la troupe du Massachusetts va remporter trois titres (1981, 1984 et 1986), disputer cinq Finals, huit finales de conférence et remporter 75% de ses matchs en saison régulière (550 victoires pour 188 défaites) avec notamment cinq saisons à plus de 60 victoires.
Les Celtics évitent le pire en 1987
Bref, les Celtics du trio Larry Bird – Kevin McHale – Robert Parish, secondé par Cedric Maxwell, Dennis Johnson, Danny Ainge ou encore Bill Walton sont une vraie machine à gagner, qui impose globalement sa loi sur l’Est. Seuls les Sixers de Julius Erving parviendront d’ailleurs à prendre leur place en Finals de 1980 à 1987.
Mais si les Bulls de Michael Jordan et les Hawks de Dominique Wilkins montent en puissance, ce sont les « Bad Boys » de Detroit qui s’imposent comme la principale menace pour la troupe de K.C. Jones. Lors de la finale de conférence 1987, les jeunes loups de « Motor City » ne sont d’ailleurs pas loin de s’offrir le scalp des C’s, avec un point d’avance, la remise en jeu et cinq secondes à jouer lors du Game 5 à Boston. Mais Larry Bird réussit « l’interception du siècle » pour servir Dennis Johnson et éviter un match à la vie à la mort à Detroit. Finalement, les Celtics remportent la série 4-3 pour aller en Finals, mais le couperet n’était pas loin…
Boston s’en est sorti à l’expérience dans une série très physique, Bill Laimbeer, Rick Mahorn et Dennis Rodman n’hésitant pas à jouer des coudes. De quoi provoquer de nombreux accrochages, une bagarre entre Larry Bird et Bill Laimbeer au Game 3 et des remarques controversées de Dennis Rodman dans la foulée du succès de Boston.
La polémique du « joueur comme les autres »
« The Worm » s’était ainsi mis à critiquer Larry Bird devant la presse, allant même jusqu’à déclarer que son adversaire était surévalué parce qu’il était blanc. Des propos d’autant plus incendiaires qu’Isiah Thomas se lança en défense de son coéquipier. « Larry Bird est un très, très bon joueur, un talent exceptionnel. Mais s’il était noir, il serait un joueur comme les autres », avait ainsi expliqué le meneur.
De quoi déclencher une polémique énorme, le leader des « Bad Boys » assurant d’abord qu’il plaisantait.
« Lâchez-moi un peu », explique-t-il. « Je plaisantais. C’est enregistré. Vous pouvez entendre le sarcasme dans ma voix. Les médias m’ont mal compris. Je suis choqué et je suis vraiment blessé que les gens pensent ça. J’ai une très bonne relation avec Larry. Non, je ne suis pas d’accord avec Dennis. Sans aucun doute, qu’il soit noir ou blanc, Larry mérite toute la reconnaissance qu’il reçoit. Pour gagner le trophée de MVP trois fois, il faut être fabuleux. »
Finalement, une conférence de presse en pleines Finals entre les Celtics et les Lakers a lieu, Isiah Thomas étant obligé de s’excuser, alors que Dennis Rodman échappe à la vindicte populaire.
« Il a pris le retour de flammes pour moi, ce que je ne savais pas à l’époque » ne pouvait que constater le trublion, des années après l’incident. « Il a quasiment sauvé ma carrière à cet instant. Il m’aimait beaucoup je pense, il savait par quoi j’étais passé. Il me voyait comme un membre de sa famille. Je respecte ça. »
L’image du meneur est considérablement écornée, mais son intervention a encore davantage soudé le groupe, lié comme jamais face au monde extérieur, de plus en plus hostile à cette équipe qui assume pleinement son vice.
Des Celtics vieillissants et sans banc
Forcément, les retrouvailles en finale de conférence 1988 s’annoncent particulièrement tendues, mais si les « Bad Boys » de Detroit font les gros titres par leur jeu qui flirte avec le règlement, c’est surtout une superbe équipe, avec neuf joueurs (Isiah Thomas, Adrian Dantley, Joe Dumars, Bill Laimbeer, Vinnie Johnson, James Edwards, John Salley, Dennis Rodman, Rick Mahorn) productifs dans leurs rôles respectifs.
En face, le cinq majeur de Boston (Danny Ainge, Dennis Johnson, Larry Bird, Kevin McHale, Robert Parish) est toujours performant, mais le banc est beaucoup trop léger, et les problèmes physiques commencent à s’accumuler.
Lors du Game 6 décisif à Detroit, Robert Parish, touché au genou, ne peut ainsi jouer que six minutes, alors que Danny Ainge et Dennis Johnson doivent faire avec des problèmes de dos. Les deux compères du backcourt cumulent ainsi un affreux 7/27 au tir, et les Celtics, bien que vaillants, doivent lâcher leur couronne de l’Est (90-95).
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« Je ne pensais pas qu’une équipe pouvait faire, sur le plan défensif, ce que Detroit nous a fait ce soir », constate Kevin McHale, impressionné par l’intensité défensive adverse. « Il est temps maintenant pour nous de regarder en arrière et de dire qu’ils sont la meilleure équipe. Nous ne pouvions pas trouver un moyen de gagner. »
Pour Larry Bird, c’est surtout la densité des Pistons qui a fait la différence.
« Ce qui les rend si difficiles à arrêter, c’est que vous ne savez jamais d’où cela va venir », assure-t-il. « Vinny (Johnson) a été silencieux pendant deux ou trois matchs, et ce soir, il se déchaîne. »
Après deux matchs à 2 puis 0 point, « The Microwave » avait ainsi collé 24 points à 10/15 au tir dans ce Game 6 final. Globalement, le banc des Pistons avait totalement dominé celui des Celtics sur la série : 190 points marqués à 58 ! « Si on revient et qu’on fait les choses qu’on sait faire, on gagnera à nouveau le titre », termine pourtant « Larry Legend ». « Mais nous ne pouvons plus le faire avec cinq gars. »
L’ailier n’a alors que 31 ans et il n’a donc aucune raison de penser que ses Celtics ne seront plus capables de jouer la victoire finale. Après tout, Kevin McHale n’a que 30 ans, et si Robert Parish et Dennis Johnson ont déjà 34 et 33 ans, ils sont toujours productifs et avec du renfort, Boston peut toujours retrouver sa suprématie.
Le problème, c’est que Larry Bird ne jouera que six matchs la saison suivante, après s’être fait enlever des éclats d’os dans les deux talons. Et s’il revient pour trois dernières saisons, son dos a bien du mal à soutenir les efforts réclamés, alors que l’effectif vieillit et doit se renouveler, et que la concurrence fait rage, avec des « Bad Boys » toujours bien en place, et des Bulls qui montent sévèrement en puissance.
Finalement, cette finale de conférence 1988 aura donc bien été le chant des cygnes du Massachusetts. Un passage de témoin particulièrement difficile pour les Celtics tant la rivalité avec ces Pistons était intense.
« Est-ce que je peux leur souhaiter bonne chance ? Non », répondait ainsi Danny Ainge après l’élimination de 1988. « C’est juste que j’ai du mal à les soutenir, c’est tout. Je n’aime pas les Pistons. On a fourni un bon effort, et on s’est fait battre par une meilleure équipe. Je peux dire ça. Ils ont prouvé qu’ils sont la meilleure équipe. C’est déjà dur de perdre contre n’importe qui, mais perdre contre les Pistons, c’est encore pire. »