Dans un très, très long article, ESPN revient sur les dysfonctionnements au sein des Lakers, qui empêchent la franchise de retrouver son glorieux passé. Baxter Holmes y évoque de nombreuses anecdotes qui illustrent bien les problèmes du club, et les nombreuses anomalies révélées au grand jour ces derniers mois.
Sous Mitch Kupchak, la franchise suivait ainsi les règles de la NBA à la lettre, notamment au niveau de la free agency (peut-être même trop selon certains), mais les nominations de Magic Johnson comme président et Rob Pelinka comme GM ont tout changé. Alors qu’elle tenait les agents plutôt loin, la franchise a alors accepté leur influence, en leur fournissant beaucoup plus d’accès qu’auparavant. Voire certains services, comme lorsque Kentavious Caldwell-Pope a obtenu de pouvoir passer la nuit en prison tout en continuant à disputer les matchs des Lakers. Une situation inédite et bizarre, qui aurait été accepté pour satisfaire son agent… un certain Rich Paul.
Ce dernier, qui est l’agent de LeBron James, s’est ainsi bizarrement plaint de Luke Walton auprès d’Adam Silver, en début de saison, et a également été autorisé à prendre plusieurs fois l’avion avec l’équipe, alors même que beaucoup de joueurs pensaient qu’il essayait de les faire échanger contre Anthony Davis.
La gestion par la peur de Magic Johnson
Les différents employés interrogés par ESPN décrivent ainsi une ambiance de travail pesante, Magic Johnson ayant donné le ton lors de la première rencontre avec le staff du club en expliquant que ceux qui n’étaient pas en phase avec la nouvelle direction pouvaient partir, car il avait des centaines de CVs sur son bureau.
« C’était choquant », assure un assistant coach présent. « Dans ce boulot, il y a déjà tellement de pression. Il n’y a pas besoin d’en mettre encore davantage, surtout de la part de quelqu’un supposé être un allié ». Mais c’était bel et bien la « méthode Johnson ». « Si on le remettait en question sur quoi que ce soit, sa réponse était toujours menaçante. Il utilisait l’intimidation pour asseoir son autorité », assure un autre dirigeant du club.
Pour un ex-employé, l’image publique de Magic Johnson n’a ainsi rien à voir avec son image privée. « Il se présente devant les fans avec beaucoup d’amour, avec ce grand sourire. Mais il n’est pas comme ça, il sème la peur. »
Interrogés sur la question, les Lakers répondent qu’aucune plainte n’a été déposée et la NBA, qui a pourtant mis en place un numéro spécial pour le harcèlement au travail, assure que rien ne lui a été rapporté concernant Magic Johnson. Mais les employés qui témoignent assurent de leur côté qu’ils avaient peur des représailles, et pensaient de toute façon qu’une plainte ne changerait rien.
« Je n’ai jamais manqué de respect à quiconque, je n’ai jamais rien fait de mal », avait pourtant assuré Magic Johnson le soir de sa démission. « Est-ce que je suis dur ? Oh oui. Vous travaillez pour moi, je suis exigeant. Je suis comme ça. Mais en même temps, je suis juste. »
Les petits mensonges de Rob Pelinka
Quant à Rob Pelinka, l’ancien agent de Kobe Bryant propulsé GM aux côtés de Magic Johnson, ce sont ses petits arrangements avec la vérité afin de faire passer ses choix et ses idées qui posent notamment problème.
Alors qu’il avait fait venir Dwayne « The Rock » Johnson pour parler aux Lakers, il avait ainsi raconté cette anecdote au sujet d’un Kobe Bryant fasciné par le travail de Heath Ledger sur le film « The Dark Knight », et qui avait demandé à rencontrer l’acteur pour comprendre son implication. Rob Pelinka assure qu’il avait alors arrangé le rendez-vous. Sauf que Heath Ledger est décédé six mois avant la sortie du film, qui était alors toujours en post-production, et qu’il semble improbable que le « Black Mamba » ait reçu une version primitive du projet. D’ailleurs, aucun dîner n’aurait en fait eu lieu, selon ESPN.
L’anecdote sur Heath Ledger n’est toutefois qu’un détail, mais les petits mensonges de Rob Pelinka sont visiblement tellement courants que les employés ont pris l’habitude de confirmer que les conversations ont vraiment eu lieu, lorsqu’il leur dit s’appuyer sur les informations d’autres membres du club.
L’exemple le plus frappant vient de la Draft de Moe Wagner, l’an passé. Les scouts et les autres dirigeants étaient tous réunis dans une même pièce, persuadés que les Lakers choisiraient Omari Spellman, de Villanova, qui était le joueur restant le plus haut dans leur propre classement. Sauf que dans une autre pièce, Magic Johnson et Rob Pelinka décident finalement de mettre la main sur l’intérieur de Michigan, à la surprise de tout le monde.
Interrogé ensuite sur ce choix, Rob Pelinka expliquera que Josh Hart, qui a joué en NCAA avec Omari Spellman, avait émis des doutes sur l’intérieur. En fait, l’arrière avait discuté quelques secondes avec le GM, l’assurant que son ancien camarade était un vrai bosseur, mais qu’il n’était sans doute pas le joueur le plus physique et endurant.
La famille Buss accepte le chaos
Globalement, les employés des Lakers ont le sentiment que Magic Johnson et Robe Pelinka ont dirigé le club pendant deux saisons sans les écouter. Paradoxal alors que Magic Johnson a justement démissionné parce qu’il estimait que Jeanie Buss écoutait trop de monde et qu’il était impossible d’imposer une décision au sein du club…
On en revient alors à ce qui semble être le coeur du problème : les Lakers sont une franchise dirigée de façon familiale, par les enfants de Jerry Buss dans une cacophonie générale qui fait qu’il y a trop de monde au sommet, ce qui empêche les infos de la base de remonter. Trop occupés à débattre entre eux, les enfants Buss et les principaux conseillers ne peuvent jamais agir de façon collective, conduisant au chaos actuel.
Le problème, selon ESPN, c’est que Jeanie Buss a plus ou moins accepté la situation, sans doute parce qu’il n’y a qu’en acceptant cela que toute la famille peut être impliquée et que les guerres internes peuvent être contrôlées.
Difficile toutefois dans ces conditions de voir le club s’assainir rapidement, et repartir vers les sommets.