Les Lakers, un vrai panier de crabes

Lorsque Jerry Buss a acheté les Lakers en 1979, l’homme d’affaires a déboursé 20 millions de dollars de l’époque pour acquérir la franchise. Avec l’inflation, cela correspond à 70 millions de dollars actuels. Combien vaudrait le club s’il était mis en vente actuellement ? Sachant que les Clippers ont été vendus pour deux milliards de dollars et que le prestige des Lakers est d’un tout autre niveau, on peut penser qu’il faudrait débourser au moins trois milliards de dollars pour s’offrir l’équipe.

Une multinationale gérée comme une PME

La valeur de la franchise a donc été multipliée par quarante ou cinquante depuis le rachat par Jerry Buss et le problème, c’est que l’équipe est toujours gérée comme une entreprise familiale, malgré les sommes désormais colossales en jeu.

Comme l’expliquait Magic Johnson dans l’entretien accordée à « First Take », les Lakers sont une « mine d’or » et il est prêt à se porter acquéreur si jamais la famille Buss décide de mettre la franchise en vente. Pour l’instant, ça ne semble pas du tout être l’intention des enfants de Jerry Buss, même si les actionnaires minoritaires et les fans commencent à perdre patience.

Car pour saisir les problèmes de gestion actuels à Los Angeles, mis en lumière par Magic Johnson, il faut comprendre que Jerry Buss a laissé le club à ses nombreux enfants, dans un « trust » que Jeanie a réussi à arracher à ses frères.

Les six enfants de Jerry Buss disposent chacun de 11% des parts

Homme à femmes, Jerry Buss a ainsi reconnu six enfants (Jeanie, Jim, Johnny, Jesse, Joey, Janie), qui travaillaient tous aux Lakers après sa mort. Chacun dispose de 11% des parts des Lakers, pour un total de 66% qui leur offre le contrôle de la franchise. On peut facilement comprendre comment cette répartition entraîne les problèmes de gouvernance et de hiérarchie au sein du club, chaque enfant de Jerry Buss se considérant à égalité avec les autres, et légitime pour donner son opinion.

Cette gestion est-elle viable ? Difficile de le penser, alors que plusieurs clans semblent à l’oeuvre au sein du club, le GM Rob Pelinka étant un proche de Kobe Bryant, Jeanie Buss ayant elle longtemps été en couple avec Phil Jackson et étant très proche de Kurt Rambis et de son épouse Linda, quand Magic Johnson reste à l’affût en cas de vente. Sans oublier que LeBron James rêve de devenir propriétaire lorsqu’il prendra sa retraite sportive.

Les requins à l’affût ?

C’est en effet peut-être l’éléphant dans la pièce aux Lakers, beaucoup de monde semblant attendre que la famille Buss se décide à empocher le pactole en vendant le club, ce joli panier de crabes n’attendant donc qu’à se mettre en marche.

Philip Anschutz, 128e fortune mondiale et propriétaire du Staples Center (mais également d’autres salles dans le monde via sa société de divertissements, AEG), se tient d’ailleurs prêt. Premier actionnaire minoritaire avec 27% des parts du club, le milliardaire ultra conservateur dispose d’ailleurs d’un droit de préemption qui fait de lui l’acheteur prioritaire en cas de mise en vente des Lakers. D’où la question de Max Kellerman sur le plateau de « First Take » : qui de Kobe Bryant, LeBron James ou Magic Johnson est le plus proche de Philip Anschutz ? Impossible à dire, mais c’est peut-être bien le problème des Lakers actuels, où tout le monde tente de se placer en attendant la suite…

Pour l’instant, Jeanie Buss fait le dos rond et espère que le retour des saisons victorieuses permettra de réaffirmer sa position et la légitimité de sa famille auprès des fans. Mais est-ce réaliste dans la cacophonie qui règne actuellement au club ?