Il vient de se faire doubler par Derrick Rose dans le cinq majeur de l’Est. Dans leur dernier numéro, nos confrères de Basket News le classaient second derrière Deron Williams dans le gratin des meilleurs meneurs de la ligue.
Rajon Rondo est-il bien le joueur ultime au poste de chef d’orchestre ou est-ce au contraire un meneur unidimensionnel placé dans les plus parfaites circonstances ?
Basket USA lance le débat.
Des remous dans le métier
Il y a de cela 2 ans, les plus ardents critiques avaient adoubé le jeune meneur sorti fraichement de Kentucky, et tout juste champion NBA avec les Celtics. Deux ans plus tard, et alors que ses stats en hausse, Rondo ne fait plus l’unanimité.
Le spécialiste de ESPN Chris Broussard se lançait récemment dans une diatribe contre le numéro 9 des hommes verts en insistant sur le fait que les Celtics n’avaient pas besoin de Rondo pour retourner en terre promise. Il étayait son propos en justifiant que les deux clés de voute de la cathédrale celtique sont Pierce et Garnett, l’un dans le rôle du « closer », l’autre comme le grand méchant loup. Le bougre ne s’arrêtait pas en si bon chemin et arguait plus loin encore que si Rondo venait à se blesser, Nate Robinson et Marquis Daniels feraient le boulot sans problème en son absence. Un argumentaire bien ficelé qui, avouons-le, tiens complètement la route.
Des stats en trompe-l’œil
Si l’on poursuit notre réquisitoire, on peut ajouter que Rondo jouit d’un prestige assez discutable tant il repose sur un nuage statistique fumeux. A y regarder de près, son total de passes qui le place au sommet des charts (13 par match) est purement structurel. Entendons-nous : étant entouré de Allen, Pierce et Garnett qui shootent tous à plus de 50% de réussite, ayant chacun eu la bonne idée de développer un shoot référence, si ce n’est plusieurs, Rondo bénéficie d’un climat plus que favorable. Déplacez-le sur les mornes plaines du Minnesota, le long des berges du Delaware (dans la ville de l’amour fraternel si vous préférez) (à Philly quoi !), intégrez-le au playbook des Cavs, et Rondo n’atteindra certainement pas son quota actuel…
De même, si l’on s’attarde sur sa production défensive aux interceptions (2,4 par rencontre), et qu’on remet dans l’équation l’impact défensif d’un Garnett, d’un O’Neal en intimidateur, voire d’un Perkins qui revient au jeu, on voit d’un jour nouveau le meneur des Celtics qui ne fait finalement que rester dans les lignes de passe (placement défensif qui demeure en soi une qualité basket indéniable) mais qui fait du chiffre. La NBA est une ligue de stats, ne l’oublions pas, et l’impact véritable de Rondo est finalement pas aussi important que ses productions chiffrées ne le laissent paraître.
Prototype du meneur
Au rayon statistique, reste encore le plat de résistance. La liste s’allonge : Rajon baille sur le banc des accusés. Mais avec 10 petits points par match, qui plus sont en général le résultat de contre-attaques ou autres lay-ups, Rondo est loin de faire des étincelles. De quel joueur NBA peut-on dire qu’il est incontournable quand on lui laisse 3 mètres pour dégainer ? Cela est inconcevable pour un meneur que l’on dirait complet.
Et la concurrence faisant rage, Rondo se fait largement doubler par les bolides Rose, Westbrook, Williams voire Wall. Le meneur de jeu version 2k11, c’est un scoreur, un shooteur décisif, ce n’est pas simplement un fournisseur de caviar. Il faut « mettre la table » pour toute l’équipe, comme le disent les américains.
Que vaudrait-il ailleurs qu’à Boston ?
Le travail de Rondo est au contraire ultra-spécifique à Bean-Town. Il ramasse les miettes qui traînent derrière les gros en défense, et galope en attaque pour alimenter ses deux autres comparses du retour rapide Pierce et Allen. Il s’en sort très bien (mais quel autre meneur titulaire de la ligue n’y arriverait pas entouré de la sorte ?). Un Rose doit à la fois gérer les temps forts de son équipe, défendre fort tout en conservant son premier pas pour les systèmes que Thibodeau n’a pas manqué de façonner à son jeu.
Le verdict tombe, Rajon Rondo est accusé d’être un sacré veinard aux bottes du clan celte. Une position pas désagréable qu’il remplit avec réussite, sans plus. La parole est à la défense…