Comme l’expliquait Brad Stevens l’an passé, il n’y a désormais plus que trois postes en NBA : le porteur de balle, l’intérieur et l’ailier. Le rôle de l’intérieur (le pivot, en fait) n’a d’ailleurs pas tellement évolué. Si on lui demande davantage de mobilité qu’auparavant, la dissuasion près du cercle et la pose d’écrans sont toujours essentiels au jeu dans la ligue.
Le poste le plus touché par l’évolution est celui d’ailier fort et Serge Ibaka en est un exemple frappant. Lors de son arrivée en NBA, le Congolais était ainsi un ailier fort aux côtés de Nenad Krstic et Kendrick Perkins.
Replacé exclusivement au poste de pivot
Il a ensuite développé un shoot extérieur intéressant, pour devenir un « strech four ». Sauf que l’an passé, Serge Ibaka a commencé à perdre du temps de jeu et de l’influence, au point que Zach Lowe tweetait, lors des playoffs face aux Cavs, qu’il était devenu « horriblement inutilisable ». Cantonné à un rôle de catch-and-shooteur dans le jeu de Dwane Casey, alors que Jonas Valanciunas ou Jakob Poeltl jouaient le pick-and-roll avec Kyle Lowry et DeMar DeRozan, Serge Ibaka avait ainsi de plus en plus de mal à tenir les extérieurs adverses loin du cercle, dans une ligue où les postes d’ailier et d’ailier fort ont fusionné.
L’an passé, en attaque, Serge Ibaka, c’était donc quasiment uniquement un shooteur extérieur qui attendait le ballon.
Nick Nurse a décidé de changer ça cette saison. Alors qu’il était utilisé 87% du temps aux côtés d’un pivot l’an passé, Serge Ibaka joue désormais pivot, en alternance avec Jonas Valanciunas. Le premier avantage, c’est qu’il peut profiter de sa vitesse pour remonter le terrain à toute allure et obtenir des paniers faciles sur le repli défensif adverse.
Le deuxième avantage, c’est qu’il redevient ainsi un poseur d’écrans et revient donc au coeur du pick-and-roll. Avec un écran en plus dans le dos de son défenseur, il a ainsi de la place pour être servi près du cercle.
De retour dans un rôle d’intimidateur/dunkeur
La différence est ainsi flagrante. S’il n’a pas fait une croix sur le 3-points, qu’il peut tenter en première intention, Serge Ibaka est donc de retour dans ce rôle d’intimidateur, en défense, et de dunkeur, en attaque, qui lui a permis de se faire sa place en NBA. Et il n’a jamais été aussi efficace en carrière, avec un superbe 59.3% de réussite depuis le début de saison !
La comparaison des shoots pris la saison dernière et des shoot pris en ce début de saison par le Raptor est claire.
Replacé près du cercle, Serge Ibaka a retrouvé son influence et son efficacité, jouant beaucoup moins de situations de catch-and-shoot sans dribble (5.6 par 36 minutes l’an passé, 2.9 cette saison) et beaucoup plus de pick-and-roll (3.1 à 4.9) et de jeu sur transition (2.2 à 4.2). C’est Jonas Valanciunas qui en subit les conséquences puisque le Lituanien n’a jamais aussi peu joué en carrière, mais les deux hommes sont plus efficaces que jamais, et ils sont pour l’instant ravis de la situation.
Nick Nurse peut en tout cas utiliser leurs profils (un Serge Ibaka plus mobile et aérien, un Jonas Valanciunas plus long et plus terrien) en fonction des pivots qui se présentent face à Toronto. De quoi trôner actuellement en tête de la conférence Est.