Quand Tom Gugliotta se remémore l’époque des Wolves de Kevin Garnett et Stephon Marbury

C’est un temps que les moins de vingt ans n’ont pas connu mais à la toute fin des années 90, les Timberwolves furent l’une des franchises les plus excitantes de la ligue, forte de détenir deux des plus grands espoirs de la NBA : Kevin Garnett, drafté à la sortie du lycée en 95, et Stephon Marbury, sélectionné en 5e position de la célèbre promotion 1996 par Milwaukee et envoyé dans le Minnesota le soir même contre Ray Allen.

C’est lors de la première saison du meneur, en 1997, que les Wolves accèdent aux playoffs pour la première fois de leur histoire débutée en 1989. Avec son binôme athlétique et spectaculaire, les Wolves font tourner des têtes et se présentent comme l’équipe montante de la NBA. Malheureusement, le parcours des jeunes loups tournera court après la signature du contrat, à l’époque record, de Kevin Garnett (126 millions de dollars sur 6 ans) qui suscitera la jalousie de Stephon Marbury. Une issue malheureuse dans la mesure où le talent de ces « New Kids on the Block » offrait des perspectives prometteuses, d’autant plus qu’aux côtés de Garnett et Marbury, un certain Tom Gugliotta était aussi de la partie.

Ailier-fort passé par Washington et Golden State, le jeune joueur est alors le pilier de l’équipe, comme sa sélection au All-Star Game 1997 l’atteste. Cependant, sa position étant incompatible avec le développement de Kevin Garnett, lui aussi fera ses valises à l’issue de la campagne 1998 pour rejoindre Jason Kidd à Phoenix avec, à la clef, un contrat juteux pour l’époque (60 millions de dollars sur 6 ans).

« C’était une période très spéciale »

Retraité depuis 2005, Tom Gugliotta était récemment de passage à Minneapolis pour des événèments liés aux 30 ans des Wolves et il savoure toujours son histoire sous ce maillot.

« Jouer avec KG, Flip Saunders ou d’autres coéquipiers comme Terry Porter, Sam Mitchell qui nous ont appris à gagner, c’était une période très spéciale et elle coïncidait aussi avec mon pic de forme en tant que sportif, le milieu de la vingtaine quand votre corps va bien et que vous savez de quoi est fait le jeu, » explique l’ancien joueur au podcast « The Layup Line ». « Après cela, votre corps vous laisse tomber. Je suis heureux et chanceux d’avoir connu cette période. »

L’ex-star de North Carolina State crédite en particulier le regretté Flip Saunders pour son développement et celui des autres jeunes joueurs de l’équipe

« Je tire mon chapeau à Flip (Saunders) pour avoir été, d’une part, un grand tacticien. Il vous mettait dans d’excellentes conditions pour réussir mais aussi et surtout, c’était un psychologue, » détaille-t-il. « Il savait comment travailler votre mental : parfois, c’est un coup de pied au cul, d’autres fois une tape dans le dos mais pour moi, et probablement d’autres coéquipiers, il savait quels boutons presser pour vous lancer et vous garder concentré. Cela pouvait arriver au milieu d’un match, au cours duquel vous pouviez être distrait, déconcentré, frustré, ce qui était en quelque sorte mon point faible. Il savait comment vous remettre dans le match »

À peine majeur, Kevin Garnett impressionne déjà

Si la progression de Kevin Garnett a en quelque sorte poussé vers la sortie Tom Gugliotta, ce dernier est loin d’être rancunier envers le futur Hall of Famer. Âgé de 25 ans lors de l’arrivée de celui qui était alors surnommé « Da Kid », l’ailier-fort se souvient qu’il était aisé de reconnaître le talent de cette grande liane bien que sa capacité à confirmer en NBA était encore une inconnue.

« J’étais en retard au training camp en raison de ma situation contractuelle mais je sais que cela n’a pris longtemps pour voir des fulgurances de jeu que personne ne faisait à l’époque : des contres, une passe parfaite au sol sur une coupe ligne de fond, une superbe rotation défensive pour contrer un tir ou un dunk avec son coude au niveau du cercle et il est le premier à revenir en défense, à voler un ballon pour repartir en contre-attaque. Waouh ! Il ne le faisait pas pendant 38 minutes car il se cherchait encore. C’était le premier à sortir du lycée après Moses Malone. Aujourd’hui, les gosses savent s’ils peuvent jouer sans le moindre doute. Lui ne savait pas, le coach, le GM et nous non plus. On savait qu’il finirait par pouvoir jouer mais quand ? Il avait seulement 18 ans. »

Au sujet de Stephon Marbury, « Googs » se montre moins prolixe mais il a implicitement donné au Star Tribune quelques clefs sur les raisons de la carrière NBA gâchée du meneur.

« Steph voyait Allen Iverson comme un rival, même si personne d’autre ne le faisait. Parfois, Steph passait le ballon. D’autres soirs, il essayait d’être Iverson. »

Au bout du compte, l’histoire a donné raison aux Wolves quant à la gestion de ce trio : Kevin Garnett était bien le joueur à conserver en priorité. Par la suite, Steph Marbury s’est essayé sans succès aux Nets avant de rejoindre, ironie du sort, Gugliotta à Phoenix. Quant à ce dernier, il a rapidement a décliné après 1999, frôlant de peu la mort après la prise d’un médicament pour le sommeil dangereux (il fut sauvé de peu grâce à Rex Chapman qui a eu la présence d’esprit d’indiquer aux médecins l’utilisation du produit) avant de subir de nombreuses blessures : rupture du tendon d’Achille ou encore des ligaments croisés.

Avec le recul, il se serait bien vu rester chez les Wolves.

« Cela aurait été une bonne décision de rester ici, » admet-il. « J’aimais Minnesota et j’aurais eu une chance de continuer de jouer avec KG. Nous avons été All-Stars ensemble une fois. Nous jouions bien ensemble. »

https://youtu.be/R_vaMoGVJ44?t=16