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Roman de l’été : « Allen Iverson, Not A Game » (4)

C’est désormais une tradition sur Basket USA : chaque été et chaque hiver, nous vous proposons la lecture d’extraits d’un livre en rapport avec le basket américain.
Pour cette intersaison 2018 – et après le triptyque Phil Jackson/Michael Jordan/Dream Team, Basket USA feuillette « Allen Iverson, Not A Game », la biographie que Kent Babb a consacrée au génial arrière de Philadelphie MVP de la Ligue en 2001.
On prévient ses fans : ça dépote, car ce bouquin évoque sans fard les épisodes glorieux comme les périodes plus sombres. Bonne lecture !

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

Chapitre 2 – Un possible retour

En février 2012, Gary Moore a envoyé un e-mail à Tawanna Iverson. Les lettres capitales du sujet indiquaient son urgence : « LE PLAN POUR LE RETOUR D’IVERSON. » En tant que manager d’Allen, le rôle de Moore, qui était autant un ami payé et un alter ego aidant à la réflexion qu’autre chose, consistait, entre autres, à s’assurer qu’Iverson arrive à l’heure aux rendez-vous (et, des années plus tôt, à appeler Larry Brown avec une excuse quand Iverson ne pouvait pas se rendre aux entraînements matinaux). Cette fois, Moore devait faire sonner le tocsin préalablement au retour d’Iverson en NBA, où Allen avait été riche, célèbre et désiré. Sa place était là et non pas dans les salles d’Istanbul ni dans les salles vides de la Development League de la NBA (1).

Moore avait été honnête avec Iverson, hors de forme et approchant les 37 ans : ce ne serait pas facile. Mais il essaierait. Dans le corps de son e-mail, il listait les points clés et le premier était : « Arrêter de boire ! » Il avait mis un lien vers un article sur la délicate stratégie pour trouver un intervenant directif ; un autre e-mail promettait à Tawanna qu’il emmènerait Iverson aux réunions des Alcooliques Anonymes, en lui demandant si elle avait connaissance de la présence d’une de leurs antennes à proximité de leur maison en banlieue d’Atlanta.

Iverson avait récemment promis à Tawanna qu’il arrêterait de boire, l’un des nombreux accords passés après ultimatum qu’Allen n’a pas respectés. La possibilité de revenir en NBA et de retrouver l’adulation qu’il y avait connue était une raison supplémentaire – une motivation qu’il ne pouvait pas éluder.

Une villa à cinq chambres saisie

De plus, Iverson avait besoin d’argent. Il continuait de projeter une image d’homme fortuné, dépensant des milliers de dollars en une nuit en étant accompagné par toute une clique, mais la réalité était tout autre. Onze mois avant que Moore n’envoie l’e-mail annonçant un possible retour d’Iverson dans la Ligue, la villa à cinq chambres que ce dernier possédait en bordure d’un lac, aux abords de Denver, avait été saisie – un autre aspect de la dure réalité de sa situation financière.

Moore a commencé à joindre ses contacts en NBA – des coaches, des recruteurs, des cadres, des joueurs –, leur demandant s’il y avait des opportunités. Il a approché Tim Grover, le préparateur physique qui avait coaché Michael Jordan pour son retour au basket, après une brève retraite pour jouer au baseball en 1993. Grover avait travaillé avec des stars telles que Kobe Bryant, Dwyane Wade et Gilbert Arenas. Il avait contacté Iverson des mois plus tôt mais n’avait pas eu de réponse ; comme d’habitude, Iverson et son cercle de proches pensaient qu’ils étaient les plus qualifiés pour gérer sa carrière. Mais là, il était désespéré et Moore a pris son téléphone – bien que cette fois, ce fût différent.

Grover aurait besoin de se déplacer de son QG en banlieue de Chicago pour travailler avec Iverson, lui a dit Moore, que ce soit à Atlanta ou près d’Hampton. Grover avait des réticences devant cette proposition : travailler avec un joueur qui avait la solide réputation de zapper les entraînements – sans parler de ce qu’il avait lu sur l’état financier et émotionnel d’Iverson. Mais il a donné son accord pour prendre en main le projet et a glissé dans l’e-mail une série d’exercices en demandant à Iverson de commencer le travail, une façon de tester sa motivation. Le vrai travail commencerait dans quelques semaines.

Tim Grover jette l’éponge

« Ma proposition était de descendre là-bas deux semaines, de faire le point avec lui, de voir où il en était, d’évaluer jusqu’où on pouvait le pousser, et d’être très réaliste en se demandant : “Bon, est-ce que c’est possible ?” », a dit Grover plus tard. Grover a parlé brièvement à Iverson. Il lui a demandé quels étaient ses objectifs. Iverson lui a répondu en un mot qu’il voulait de nouveau jouer en NBA. « Il a dit tout ce qu’il fallait », a déclaré Grover.

Le coach ne lui a donné aucune garantie et il a évoqué les nombreux facteurs entrant en ligne de compte pour un retour en NBA, tout particulièrement quand le joueur est vieillissant et vraisemblablement hors de forme. Néanmoins, il a conçu un programme sur mesure pour renforcer les jambes d’Iverson et améliorer sa condition physique. Bien évidemment, Allen ne s’est pas embarrassé avec le programme initial de remise en forme de Grover et une vidéo indéfinissable d’Iverson a été, pour ainsi dire, tout ce que Grover a pu entrevoir de son éventuel élève.

Quelques semaines après avoir donné son accord pour superviser Iverson dans sa tentative de come-back, Grover a appelé Moore encore une fois. « De toute évidence, Allen a besoin de quelqu’un qu’il respecte, quelqu’un qui puisse véritablement lui consacrer tout son temps. Il ne s’agit pas de s’y mettre une heure par jour, six jours par semaine. Littéralement, c’est comme revenir aux camps d’entraînement, deux fois par jour, et tout changer. » Quoi qu’il en soit, Grover a dit à Moore que le travail de reconstruction d’Allen Iverson était trop lourd. Il lui souhaitait bonne chance mais c’était sans lui.

S.O.S. d’un basketteur en détresse

Moore ne s’est pas découragé. Il a harcelé les Sixers en leur vendant l’idée qu’Iverson avait changé, qu’il ne voulait plus nécessairement être la pièce maîtresse de l’équipe, qu’il en était à un point, dans sa vie, où il voulait devenir le mentor de jeunes joueurs. En secret, Moore faisait aussi du lobbying auprès de la franchise pour qu’on confie d’autres rôles à Iverson : quelque chose au sein du front office, ou bien une sorte de rôle d’ambassadeur entre l’équipe et les fans.

Philadelphie avait échangé Iverson en décembre 2006. Cela mettait fin à plus d’une décennie avec les Sixers et laissait un goût amer à l’organisation. Il avait été trop souvent un boulet pour l’équipe, perçu à l’époque comme une mauvaise influence pour ses jeunes joueurs, et il avait été en retard une fois de trop à d’importants rendez-vous. Cependant, à la demande pressante de Moore fin 2009, les Sixers étaient prêts à reprendre Iverson. Après ce qui était devenu un fiasco de plus après son retour, Moore leur avait demandé une dernière chance.

L’équipe a invité Iverson au Wells Fargo Center en 2012 pour un match de playoffs des Sixers. On lui a donné un maillot portant au dos le nom de l’arrière Lou Williams. Quelqu’un lui a mis un ballon de basket entre les mains et son job en cette soirée de mai était d’aller remettre le ballon à l’arbitre Joey Crawford, pour un coup d’envoi symbolique. Il a salué les fans des Sixers de la main puis s’est retiré dans une loge de luxe où il a fait campagne devant les caméras de télévision nationales pour une place quelque part – n’importe où – en NBA. « Je veux jouer au basket, désespérément », a-t-il dit, refusant fermement de prononcer le mot « Retraite » et insistant sur le fait qu’il ne croyait pas sa carrière dans cette Ligue terminée.

L’arlésienne Allen Iverson

Moins d’un an plus tard, les Sixers ont organisé une soirée « figurine à grosse tête » pour Iverson. Ils ont distribué des milliers de poupées – un ballon de basket dans les mains, une coudière blanche côté droit, des cornrows et un bandeau sur une tête démesurée – aux fans, tandis que ceux-ci passaient les tourniquets à l’entrée de la salle. C’était une autre opportunité pour Iverson de montrer qu’il était fiable, un mot qui ne s’était que rarement appliqué à lui durant toute sa carrière.

Moore s’était occupé de tout ça et il avait insisté, auprès d’Iverson, pour que ce dernier ait un comportement irréprochable. Mais Iverson ne voyait pas les choses de cette façon. Comme toujours, il allait être lui-même et cela voulait parfois dire qu’il arriverait à destination selon son propre timing. Dans son esprit, il était toujours la star du show et le show ne commencerait pas sans lui.

Ce soir de la fin mars, le match commençait à 20h. Environ une heure avant la cérémonie, où des flammes devaient jaillir de tubes et pendant laquelle une vidéo des grands moments d’Iverson devait être diffusée, il a commencé à se murmurer, parmi les employés, qu’Allen avait peut-être manqué son avion pour Philadelphie. Alors que les fans entraient dans la salle, la tension est montée au sein du staff.
Adam Aron, le directeur des Sixers, souriait et restait confiant sur le fait qu’Iverson serait présent. Une femme griffonnait dans un couloir éloigné, tuant nerveusement le temps. Aaron McKie, un ancien joueur des Sixers et l’un des plus proches amis d’Iverson, passa à côté d’elle. Qu’avait-elle entendu ?, lui a demandé McKie. La dame a levé le regard. Pas grand-chose, lui a-t-il dit, seulement qu’il était censé être en route.

McKie connaissait trop bien l’histoire et il savait également qu’il était probablement parmi les seules personnes à ne pas être inquiètes. « C’est un gars comme ça. Quand vous vous demandez “Où est-il ?”, un nuage de fumée apparaît et le voilà qui arrive en courant, a-t-il dit plus tard. Le côté regrettable, quand vous vous faites une telle réputation, c’est qu’elle vous suit partout. Où qu’il soit, quoi qu’il fasse, il sera toujours associé à ça. S’il doit être présent quelque part, il y aura toujours de l’anxiété derrière. “Est-ce qu’il va vraiment venir ? Va-t-il arriver à l’heure ?” »

« Je remets mon avenir entre les mains de Dieu »

Quelques minutes avant 20h, un SUV noir a pénétré dans le parking des joueurs puis s’est avancé au ralenti près d’une entrée. A 19h55, ses portes se sont ouvertes. Iverson en est sorti côté passager, en proférant des jurons, puis il a pris Aaron dans ses bras avant d’être propulsé dans un tunnel qui débouchait sur le parquet. Il s’est avancé, au grand soulagement des Sixers, quelques secondes avant le coup d’envoi.

Les Sixers n’ont offert aucun contrat à Iverson, ni aucun job. Dans une interview, Dei Lynam, la journaliste de Comcast SportsNet, une figure amie parmi les médias parfois inamicaux de Philadelphie, lui a demandé quel était son avenir proche.

« Je le remets entre les mains de Dieu, lui a répondu Iverson, la voix tremblante. J’ai accompli beaucoup en NBA et si la route doit s’arrêter là, c’est comme ça. Vous voyez ce que je veux dire ? Je n’ai aucune amertume. Je ne ressens rien de tout ça. Je comprends simplement qu’Il m’a aidé à accomplir beaucoup de choses en NBA. J’ai fait tant de choses que les gens ne me croyaient pas capable de faire et la NBA a été super pour moi. Mais à un moment donné, ça s’arrête. Et peu importe la manière dont ça arrive – que ce soit la retraite, la blessure ou n’importe quoi – à un moment donné, ça s’arrête. »

Il a fait une pause et il a souri. « Maintenant, si j’ai une chance de rejouer, j’adorerai cette opportunité », a-t-il dit. Iverson a refusé d’abandonner la possibilité de revenir en NBA, de retrouver la paix et le sens de sa vie. Moore a continué ses appels, ses e-mails, les relances dans son réseau. Les gens qui entouraient Iverson lui ont dit que le voyage était fini, Bubba, et qu’il était temps d’aller de l’avant. Il ne l’entendait pas. Il demandait à Moore de continuer d’essayer.

Non à la D-League

Il a rejeté une offre de contrat des Dallas Mavericks pour jouer dans leur équipe de Development League, postant sur Twitter que « ce (n’était) pas une voie pour (lui) ». La fierté d’Iverson semblait bien plus grande que son besoin d’argent. Cela ne faisait pas de mal qu’Iverson ne soit pas seul à toujours se voir comme une star : Moore, dont la voix avait beaucoup d’importance aux oreilles d’Allen, le voyait comme tel lui aussi, encourageant son pote à attendre le bon contrat au meilleur endroit possible.

Ses anciens coéquipiers lisaient les articles des journaux et le déni d’Iverson a eu un impact négatif sur le respect qu’ils avaient eu pour lui par le passé. La détermination était une chose, une marque de fabrique d’Iverson, mais beaucoup pensaient maintenant qu’il cherchait désespérément une partie de sa vie qui n’était plus là.

« Il doit tout simplement l’accepter. Aujourd’hui, la Ligue est complètement orientée sur le potentiel et son potentiel est dépassé, dans le sens où il ne sera pas plus grand ni plus athlétique. Il est en fait en train de décliner. C’est une chose qu’il doit accepter : son heure est passée », a dit son ancien coéquipier aux Sixers Roshown McLeod au printemps 2013.

D’autres ont essayé de comprendre le point de vue d’Iverson, une tentative de se convaincre eux-mêmes de la raison pour laquelle il continuait d’essayer de gratter une lointaine démangeaison. « Il n’a jamais pu trouver le dernier chapitre de sa carrière, a dit George Karl qui avait coaché Iverson aux Denver Nuggets. Je ne sais pas à qui la faute incombe. Une partie lui revient, sans doute, mais une partie revient probablement aussi à la façon dont le milieu a réagi vis-à-vis de lui. »

L’attente a continué et la détermination d’Iverson a commencé à flancher. Quand son fils aîné a été inscrit, à l’adolescence, dans une école privée en Pennsylvanie, les familles ont été invitées à plusieurs réunions et présentations. Iverson a ignoré la plupart des séances et à celles où il était présent, il ne disait généralement rien, laissant le champ libre aux autres parents pour poser des questions et nourrir la conversation.

Puis, au cours d’une des dernières séances, une discussion de groupe avec environ une dizaine d’autres familles, l’animateur a parlé du succès et de ce que des gens qui avaient réussi, comme Donald Trump, avaient fait pour atteindre leurs buts. Ces mots ont eu l’effet d’une claque pour Iverson, qui avait été l’une de ces success-stories mais qui, aujourd’hui, ressentait qu’une partie de son identité lui avait été enlevée. A la surprise générale du groupe, Tawanna en a témoigné plus tard, il a parlé : « Qu’est-ce que vous êtes censé faire quand on ne veut plus de vous ? »

A suivre…

1. Ligue de développement connue d’abord sous le nom de D-League, et aujourd’hui de G-League. Les équipes de cette Ligue sont affiliées aux franchises NBA.

Kent Babb, « Allen Iverson, Not A Game », 307 pages, 22 euros, 13,99 euros en format numérique (ePub).

En vente en librairie, dans les grandes surfaces et sur les sites de vente en ligne.

Talent Sport

https://talentsport.fr

https://www.facebook.com/Talentsport2014/

Autres livres de basket disponibles

> Phil Jackson, « Un coach, onze titres NBA » (sorti le 14 mai 2014)

> Roland Lazenby, « Michael Jordan, The Life » (sorti le 17 juin 2015)

> Jack McCallum, « Dream Team » (sorti le 8 juin 2016)

> Kent Babb, « Allen Iverson, Not A Game » (sorti le 9 novembre 2016)

> Jackie MacMullan, « Larry Bird-Magic Johnson, quand le jeu était à nous » (sorti le 31 mai 2017)

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