Golden State savoure un titre pas si simple

Pour la troisième fois en quatre ans, les Warriors ont mis leurs masques de ski et se sont copieusement arrosés de champagne sous les yeux bienveillants de Larry O’Brien, ou du moins du trophée qui porte son nom. Cet épilogue paraissait inévitable dès le début de la saison. Après tout, Golden State peut compter sur ses quatre All Stars. Fin du débat ? Pas si vite.

En réalité, c’est le contexte de ce troisième titre qui le rend encore plus savoureux pour la bande de Steve Kerr. Pendant toute la saison, les champions en titre ont dû se battre contre leurs propres démons. Ce côté humain, souvent balayé à tord d’un revers de la main, qui vous chuchote à l’oreille que vous pouvez vous reposer sur vos lauriers ou votre expérience au lieu d’appréhender la saison comme si le succès passé n’existait pas.

« Bien sûr qu’il y avait des doutes »

« Cette saison a été extrêmement difficile, » explique Draymond Green. « Vous venez de remporter le titre et on vous attend au même niveau dès le premier de vos 82 matchs. C’est vraiment dur ! Et puis, on a du jouer sans Kevin, sans Klay, sans Steph, sans moi, tout le monde a raté des matchs. Toutes ces blessures auxquelles on a dû faire face pendant toute cette longue saison alors qu’on essayait de revenir dans cette position. Tout ça est extrêmement dur. »

Souvent épargnés par les blessures par le passé, les Warriors ont cette fois connu leur lot de problèmes, en particulier en fin de saison régulière. À cette période, Steve Kerr avoue qu’il ne savait pas de quoi les playoffs allaient être fait.

« Bien sûr qu’il y avait des doutes, » confirme-t-il. « Le dernier mois de la saison a été vraiment difficile et j’espérais qu’on puisse monter en pression une fois le début des playoffs car nous n’avons pas fini la saison de la meilleure des façons. Je pense que c’était une indication d’une certaine lassitude pour en arriver jusque-là. »

Pour le technicien, l’inconnue est avant tout sur le plan défensif. Pour la première fois depuis son arrivée à la tête des Warriors, l’équipe n’avait pas terminé dans le Top 5 des meilleurs défenses de la ligue. Et puis, lors du premier match des playoffs face à San Antonio, ses joueurs lui ont offert un élément de réponse sans équivoque.

« Après ce premier match, je crois que Pop a dit que c’était la meilleure défense contre laquelle il avait joué de toute la saison, » se rappelle-t-il. « Et Andre a fait un super boulot pour remplacer Steph, en jouant meneur et en démontrant toute sa polyvalence. C’est lui et Draymond qui ont donné le ton défensivement dans cette saison et ça nous a mis sur la bonne trajectoire. »

En un claquement de doigt, les Warriors étaient de retour. Ils n’ont fait qu’une bouchée de San Antonio avant de monter en puissance face à une équipe de La Nouvelle-Orléans en pleine confiance. Le seul vrai test qui les attendait était toutefois de taille. En finale de conférence, sans l’avantage du terrain, ils ont du puiser dans leurs ressources pour fendre l’armure des Rockets, une équipe construite pour les battre, autour de James Harden et de Chris Paul.

« Le titre le plus dur à aller chercher »

Après deux victoires lors des trois premiers matchs, Golden State est redescendu de son piédestal en perdant les Games 4 et 5 dans les dernières minutes. À en croire Draymond Green, ils n’ont pourtant jamais douté.

« Nous savions de quoi nous étions capables. Il y a un moment dans cette série contre Houston où nous pensions gagner 4-1 car ils ne pouvaient pas stopper le Hamptons Five et puis Andre se blesse, » décrit-il. « Personne n’a pris sa blessure au sérieux mais on a dû cravacher pour trouver des solutions et on a fini par suivre notre plan de jeu et gagner cette série. »

Les Warriors ont en effet gagné cette série lors du Game 7 à Houston après avoir été mené de 15 points en première mi-temps et de 17 points lors du premier quart temps du Game 6, contre un adversaire privé de Chris Paul.

Une fois les Rockets écartés, rien, même un LeBron James stratosphérique, ne pouvait empêcher Golden State de faire le doublé. Contrairement à la saison dernière, les Warriors ont toutefois été obligés d’emprunter une route beaucoup plus sinueuse, semée d’embuches et d’obstacles en tout genre. Si des joueurs comme Jordan Bell, Nick Young et Quinn Cook profitaient allègrement de leur premier titre de champion, les habitués avaient eux un même refrain. « C’était le titre le plus dur à aller chercher, » répétait avec soulagement Shaun Livingston. Après la rencontre, Steve Kerr en a expliqué les raisons.

« C’était le plus dur car c’était la quatrième année qu’on essayé de revenir en finale. Je me souviens m’être assis dans cette salle il y a trois ans, je croyais rêver, » se remémore-t-il. « Aujourd’hui, ça semble plus réel et j’espère ne pas paraitre arrogant en disant ça. C’est juste une question de talent mais surtout d’expérience engrangée. Le sentiment est vraiment différent. Il y a toujours de l’euphorie mais j’arrive plus à y croire cette année. Mais c’était dur, et ça devient de plus en plus difficile. »

« L’année prochaine sera encore plus compliquée »

C’est un message que Steve Kerr a martelé sans cesse pendant toute la saison, faisant référence aux Bulls de 1998 avec lesquels il a remporté le triplé. Encore plus que pour les joueurs, il a dû trouver de nouvelles méthodes pour garder son groupe concentré sur l’objectif, allant même jusqu’à abandonner sa plaquette à son groupe contre Phoenix mi-février.

« L’année prochaine sera encore plus compliquée, et je pense que j’arriverais seulement après le All-Star Game car de toute façon ils ne m’écoutent plus, » rigole-t-il. Si par moment, Steve Kerr avait l’impression d’avoir perdu son groupe, son approche a toutefois été appréciée par les joueurs. « Il savait qu’il devait prendre une perspective différente des trois dernières années à cause du cumul de tous les matchs que nous avons joué et il a fait ça d’une main de maitre, » soulignait Stephen Curry.

Pour toutes ses raisons, ce troisième titre a une valeur particulière et les Warriors n’avaient qu’une chose en tête, une fois qu’ils sont entrés sur le parquet de la Quicken Loans Arena cette nuit.

« Nous voulions juste passer la ligne d’arrivée, » confesse Stephen Curry. « Peu importe la salle, nous voulions juste être champions, voir ce trophée de nouveau, savourer ce moment entre nous, et c’est ce qui s’est passé. C’est pour ça que je suis trempé et je vais profiter de chaque minute ! »