Grand architecte de la NBA depuis plusieurs décennies, Jerry West a quitté la meilleure équipe de la ligue l’été dernier, les Warriors, pour rejoindre les Clippers, une franchise maudite. Est-ce par goût du risque, à 80 ans, et ambition de briser cette culture de la défaite et de la déception trop présente aux Clippers ? Pas vraiment…
« Il faut être désiré », lance « le Logo » au New York Times. « Quitter les Warriors était probablement la chose la plus difficile de ma vie. Je ne voulais pas partir. On arrive à un point où, peut-être, on se sent moins valorisé, mais ça arrive. Je n’ai aucun ressentiment envers quiconque. Je n’ai pas aimé la façon dont cela s’est terminé, ça c’est clair. »
En aidant à faire venir Kevin Durant en 2016, Jerry West a tué la concurrence alors même que les Warriors sortaient de deux énormes saisons, dont une à 73 victoires. De plus, Bob Myers, le GM, a pris de plus en plus de place alors que l’ancien Laker était le dirigeant le mieux payé de la franchise.
Se sentir désiré et prendre les décisions
D’ailleurs, le journaliste Jack McCallum écrit dans son livre « Golden Days » que cette ascension du jeune GM a poussé les dirigeants à demander à Jerry West de réduire son salaire s’il souhaitait rester chez les champions 2015 et 2017. Néanmoins, on l’a compris, l’argent ne fut pas un moteur pour son départ.
« Je ne veux pas être une figure de proue », avance Jerry West. « Je veux faire partie du processus de décision. Je n’ai pas le dernier mot à Los Angeles, mais j’ai une voix qui compte. C’est le rôle parfait pour moi : des gens me demandent mon avis, donc je vais leur donner. »
Le transfert de Blake Griffin est en le parfait exemple. Même si envoyer l’intérieur vers Detroit fut une blessure pour la franchise, car l’ailier fort en était le visage après le départ de Chris Paul, ainsi qu’un aveu de faiblesse puisque les Clippers l’avaient prolongé à prix d’or quelques mois auparavant.
Peu importe, l’ancien homme de l’ombre des Lakers ou des Grizzlies a été fidèle à son mantra : « Ce qui est juste n’est pas toujours populaire, ce qui est populaire n’est pas toujours juste. » De plus, Steve Ballmer, qui considère Jerry West comme une « superstar » du management l’a prévenu : « Ne sois pas effrayé de prendre des décisions compliquées si nécessaire. »
« Personne ne voulait faire ça, surtout avec des personnes comme Griffin », se souvient Jerry West. « Ce fut dur, surtout pour Ballmer car il aimait beaucoup Griffin. Mais cette franchise était vraiment bloquée. »
Débloquer les situations, c’est pour cela que les Clippers le voulaient tellement et que les Warriors, sur un nuage depuis 2015, n’avaient plus autant de reconnaissance à lui offrir.