Comme Liliane Bettencourt, Shaquille O’Neal ne parle plus que de son héritage. A tel point qu’on va finir par le croire sénile lui-aussi. Après diverses déclarations tapageuses dont l’assurance qu’il était le joueur le plus dominant de l’histoire, Shaq est remonté sur scène pour déclarer qu’il avait tué le poste de pivot.
« Je pense que j’ai éliminé tous les pivots et, maintenant, ils veulent tous jouer un style de jeu européen, » a-t-il ainsi déclaré à CBSSports.com.
« Il n’y a plus qu’1,5 ou 2 pivots, Dwight Howard et Yao Ming. De temps en temps, Yao s’éloigne du cercle pour prendre des shoots à mi-distance, mais ça rejoint le style de jeu européen. Les jours de Patrick Ewing, Rik Smits, Kevin Duckworth et Robert Parish sont révolus, grâce à moi. »
En dominant le jeu à outrance, O’Neal aurait donc totalement bouleversé le paysage des pivots de la ligue. Toujours selon lui, les nouveaux pivots, ceux qui s’appuient sur leur shoot extérieur avant de penser à dunker, ne peuvent pas faire la différence. Même en playoffs ?
« Des gars comme Dwight Howard ou Yao Ming peuvent le faire, des joueurs qui ont la jeunesse pour eux. Je n’ai jamais perdu une série contre un gars qui prenait des shoots à mi-distance, hormis Pau Gasol. Mais il a d’autres armes. Il n’y a aucun pivot qui ait gagné en prenant des jump shoots. Pau est 60/40. 60% à l’intérieur et 40% à mi-distance. Je pense que les pivots se Pau-Gasolent. »
De façon surprenante, c’est donc Dwight Howard qui reçoit les louanges du Shaq.
« Dwight Howard joue comme un vrai pivot, comme nous avions tous l’habitude de jouer… A mes yeux, il est un vrai pivot. Le jeu a changé mais, pour moi, il est 95/5. Il joue 95% du temps à l’intérieur même s’il essaie de faire face au cercle et de tirer avec la planche maintenant. C’est comme ça que j’aime voir les pivots jouer. »
Il est vrai que la période est assez faible en pivots de qualité. Mais la NBA est faite de cycles. Alors, les pivots ont-ils vraiment développer un jeu à mi-distance pour faire face au Shaq ?
C’est oublier un peu vite que Kareem Abdul-Jabbar avait travaillé son hook-shot bien avant l’arrivée d’O’Neal dans la ligue. C’est oublier un peu vite que Patrick Ewing a développé son turn around jumper dans ses jeunes années. C’est oublier un peu vite qu’Hakeem Olajuwon possédait un jeu au large fantastique.
En fait, Shaquille O’Neal est peut-être l’exception. L’un des rares à pouvoir réellement dominer en s’appuyant uniquement sur son physique. Et c’est peut-être parce que ce n’est pas donné à tout le monde que tant d’autres développent un jeu différent.