Comme leur classement et leur bilan l’indiquent, la série entre les Clippers et le Jazz s’annonce sans doute comme la plus indécise de ce premier tour à l’Ouest. Si les deux équipes ont terminé la saison régulière avec le même bilan, 51 victoires contre 31 défaites, la bande de Doc Rivers arrivent en playoffs après avoir gagné ses sept derniers matchs. Chris Paul et Blake Griffin, qui ont tous deux manqué 21 matchs cette saison, ont retrouvé leur rythme et leur équipe ressemble à celle qui avait gagné treize de ses quinze premiers matchs.
À l’inverse, le sort s’est acharné sur Utah pendant toute la saison. Le cinq majeur de Quin Snyder n’a pu jouer que treize matchs ensemble, et si Rudy Gobert nous assure que tout le monde sera sur le pont pour les playoffs, ce manque de familiarité pourrait leur jouer des tours face à des adversaires chevronnés. Jamais capable d’atteindre la finale de conférence, c’est l’année ou jamais pour les Clippers, mais attention à ne pas sous estimer une équipe d’Utah qui veut faire du bruit pour ses premiers playoffs depuis 2012.
MENEURS |
Dans l’ombre des saisons historiques de Russell Westbrook et James Harden, et de deux titres de MVP de Stephen Curry, Chris Paul a été relégué au second plan. Le vétéran reste pourtant un poison pour tous ses adversaires. Il est statistiquement le meilleur défenseur parmi tous les meneurs NBA, et comme le bon vin, il se bonifie avec l’âge. Il n’a jamais été aussi adroit, tirant à 41% de réussite à trois points, et seul Andre Iguodala possède un meilleur ratio passes décisives/balles perdues que lui. Malgré le retour en forme de Blake Griffin, c’est lui qui détient la clef du succès de son équipe.
Vous l’aurez donc compris, George Hill a du pain sur la planche. Arrivé cet été en provenance d’Indiana, il a apporté défense, leadership, et sérénité à ces jeunes coéquipiers. S’il n’avait pas manqué autant de matchs, 33 pour être exact, le Jazz aurait pu espérer finir dans le trio de tête de la conférence Ouest. Pour Rudy Gobert, sans un George Hill au top de sa forme, Utah n’a aucune chance.
« On a besoin d’un George Hill à 200% et en forme. Il va avoir des jambes fraiches en plus normalement donc c’est une des clefs de la série pour nous. Sa défense, son expérience, il a déjà joué des finales de conférence donc il sera l’une de nos pièces maitresses. »
Avantage : Los Angeles
EXTÉRIEURS |
Moins adroit que la saison dernière, J.J. Redick reste toutefois une valeur sûre pour Doc Rivers. Parfait complément de Paul, Griffin, et Jordan, l’ancien Dukie connait son rôle sur le bout des doigts. Son expérience pourrait faire la différence dans son duel avec Rodney Hood. Lui aussi passé par Durham, Hood a connu une saison difficile marquée par plusieurs blessures. Il a toutefois montré depuis le début de sa carrière qu’il n’avait pas peur de prendre ses responsabilités en fin de match. À voir s’il sera capable d’élever son niveau de jeu pour sa première apparition en playoffs.
Sur l’autre aile, le duel Gordon Hayward – Luc Mbah a Moute devrait logiquement tourner à l’avantage du premier nommé. Il sera cependant intéressant de suivre comment la star du Jazz répond à la pression des playoffs. All-Star pour la première fois de sa carrière, il a progressé dans tous les compartiments du jeu cette saison mais a eu du mal contre les Clippers, ne tirant qu’à 38% de réussite lors des trois confrontations où il était en tenue. En face de lui, Mbah a Moute a conservé sa place dans le cinq majeur grâce à sa défense, mais aussi grâce à une adresse longue distance (39%, record en carrière) désormais à respecter.
Avantage : Utah
INTÉRIEURS |
DeAndre Jordan face à Rudy Gobert… Dans une NBA où les Big Men se font rares, c’est un duel qui promet des étincelles. Tous deux sont construits sur le même moule, à la fois dernier rempart défensif et cible immanquable dans la raquette après un pick & roll. Leur face à face est aussi important que celui entre Chris Paul et George Hill. Celui qui réussira à éviter les problèmes de fautes et à être sur le terrain dans le money time pourrait faire basculer la série. Là aussi, l’expérience du Clipper pourrait faire la différence mais notre Rudy national arrive en playoffs en pleine bourre.
En ce qui concerne les ailiers forts, Blake Griffin possède un clair avantage face à Derrick Favors, qui sortira peut-être du banc. Entre les blessures, l’explosion du français et l’arrivée de Boris Diaw, le temps de jeu de Favors a piqué du nez. S’il a pu refouler le parquet lors du dernier match de la saison face aux Spurs, son état de forme est une interrogation et face à Blake Griffin, ça n’augure rien de bon. Le dunkeur fou est de retour à son meilleur niveau, et voudra prendre sa revanche sur ses derniers playoffs avortés.
Avantage : Los Angeles
LES BANCS |
Derrière un cinq majeur qui joue ensemble depuis cinq saisons, le banc des Clippers est lui aussi habitué aux joutes de printemps. Jamal Crawford continue de faire mal à ses adversaires, Mo’ Speights est toujours là pour mettre un 3-point salvateur, et Raymond Felton a toute la confiance de Doc Rivers pour mener le deuxième cinq. Austin Rivers, blessé depuis deux semaines, devrait faire son retour pendant cette série alors que Brandon Bass, Wesley Johnson, et Paul Pierce devraient voir leur temps de jeu diminuer.
En face, le Jazz peut compter sur plusieurs vétérans pour faire plus que jeu égal. Au même titre que George Hill, les arrivés de Boris Diaw et de Joe Johnson ont transfiguré Utah et leur contribution devra être conséquente pour espérer créer la surprise.
« Je pense que leur sérénité et leur connaissance des playoffs vont beaucoup nous aider à pallier le manque d’expérience de Gordon, de Derrick, de moi, et des autres jeunes joueurs, » nous disait Rudy Gobert après la victoire du Jazz face aux Warriors lundi.
Derrière la polyvalence de Diaw et Johnson, Snyder peut également compter sur l’adresse de Joe Ingles, sur la défense de Dante Exum, et sur l’agressivité de Shelvin Mack. Avec les blessures à répétition de leurs joueurs majeurs, les seconds couteaux du Jazz ont eu de nombreuses opportunités d’emmagasiner du temps de jeu. Le facteur X pourra ainsi venir de partout.
Avantage : Utah
LES COACHS |
On ne présente plus Doc Rivers. Toujours considéré comme l’un des meilleurs entraineurs de la ligue, c’est son rôle en tant que general manager qui est pointé du doigt. Si les Clippers chutent au premier tour, les têtes vont tomber et rien ne nous dit que le technicien est à l’abri. La pression est donc sur ses épaules. Face à lui, Quin Snyder, disciple de Gregg Popovich, est l’une des étoiles montantes de la profession. Malgré de nombreuses absences, sa créativité et son intensité ont permis au Jazz de gagner plus de 50 matchs, une première depuis 2010. Si ce sont ses premiers playoffs en tant qu’entraineur en chef, il a l’expérience des grands matchs en tant qu’assistant et donnera assurément du fil à retordre à Doc Rivers.
Égalité
LA CLÉ DE LA SÉRIE |
Gagner la bataille du tempo. Utah est l’équipe qui joue le plus lentement de la NBA et forcer les Clippers à jouer à leur rythme sera l’une des priorités de Quin Snyder. La défense d’Utah devra contenir les nombreuses options offensives des Clippers, et ne pas gaspiller de l’autre côté du terrain pour éviter de donner des points en transition à leur adversaire. Mais est-ce que l’attaque du Jazz répondra présente ? C’est la grande inconnue. Lors des deux premières confrontations face aux Clippers cette saison, Utah n’a pas dépassé la barre des 80 points. En playoffs, la défense prend généralement le dessus mais même avec l’une des meilleures défenses de la ligue, il est difficile de savoir si le Jazz pourra marquer assez de points pour surprendre Los Angeles. Gordon Hayward, George Hill, et à moindre mesure Joe Johnson, doivent donc prendre leurs responsabilités sans quoi le Jazz ne verra pas le mois de mai.
EN SAISON RÉGULIERE |
Los Angeles (3-1)
30 octobre 2016 : Los Angeles – Utah (88-75)
13 février 2017 : Utah – Los Angeles (72-88)
13 mars 2017 : Utah – Los Angeles (114-108)
25 mars 2017 : Los Angeles – Utah (108-95)
LE SAVIEZ-VOUS ? |
– C’est la première fois depuis 1997 que les deux franchises s’affrontent en playoffs. À l’époque, Karl Malone et les siens s’étaient imposés 3-0.
– Depuis l’arrivée de Chris Paul, les Clippers n’ont jamais manqué les playoffs.
VERDICT |
Utah est capable d’éliminer les Clippers mais auront-ils la réussite nécessaire ? Malchanceux toute la saison, ils ne peuvent pas se permettre de perdre un joueur majeur pendant la série. Perdre l’avantage du terrain lors de la dernière semaine de la saison régulière risque également de leur coûter cher tant les deux équipes sont à leur meilleur niveau à domicile. Et que dire du surplus d’expérience collective des hommes de Doc Rivers ? Le Jazz peut toutefois compter sur un groupe fier et confiant de ses forces. Les voici enfin en playoffs, avec une volonté de prouver qu’ils font partie des meilleurs équipes de la ligue. Sortez le popcorn, nous voilà parti pour une longue série.
Los Angeles 4-3
LE CALENDRIER |
Game 1 : à Los Angeles, samedi 15 avril* (à 4h30)
Game 2 : à Los Angeles, mardi 18 avril (à 4h30)
Game 3 : à Salt Lake City, vendredi 21 avril (à 3h)
Game 4 : à Salt Lake City, dimanche 23 avril (à 2h)
Game 5 : à Los Angeles, mardi 25 avril**
Game 6 : à Salt Lake City, vendredi 28 avril**
Game 7 : à Los Angeles, dimanche 30 avril**