Les Warriors, encore, en retard avec l’histoire

Dans la baie de San Francisco, les mauvaises habitudes ont la peau dure. Alors que le couronnement d’une saison en tout point historique s’offrait aux Warriors après le match 4 des Finales NBA, leur belle machine s’est enrayée au plus mauvais moment. Certes, la suspensions de Draymond Green et les blessures d’Andrew Bogut et d’Andre Iguodala y ont contribué mais Golden State n’en est pas à son galop d’essai. Quand il s’agit d’entrer dans l’histoire, la bande à Steve Kerr aime se faire attendre.

Un record au dernier essai

Avant le match 7, il y a eu le match 82. Deux mois après la fin de la saison régulière, n’oublions pas que les Warriors ont attendu leur dernier essai pour glaner cette 73e victoire tant convoitée. Pourtant, là aussi, sur une voie royale après leur victoire en prolongation à Utah, ils se sont compliqué la tâche en perdant à domicile face à Boston et Minnesota. Deux faux pas étranges où les Dubs ont cumulé 45 ballons perdus tout en étant incapables de stopper leurs adversaires dans le money time.

Avec 70 victoires et deux confrontations face aux Spurs, le record des Bulls semblait inaccessible. Dos au mur, ils se sont pourtant sortis de l’enfer de Memphis, avant de trouver la clef pour infliger aux Spurs leur unique défaite de la saison à domicile. Le dernier match ne fut qu’une formalité pour finaliser une saison régulière historique.

À l’instar des défaites face aux Celtics et aux Wolves, les revers face aux Lakers, Pistons ou encore Blazers sont autant d’exemples soutenant la thèse d’une équipe qui peut mentalement complètement passer au travers et jeter au passage son identité par la fenêtre.

« Nous devons retrouver notre identité » répétait Curry samedi. « Il faut que tout le monde touche la balle, que la balle bouge d’un côté à l’autre, qu’on fasse des écrans solides et des coupes au panier franches. Il ne faut pas que l’on tombe dans la passivité. »

« La grande énigme »

Cette passivité, que certains prennent pour de la suffisance, est le talon d’Achille des champions en titre. Houston, Portland et, évidemment OKC par deux fois, ont profité des largesses de la bande à Steve Kerr pour leur infliger de lourdes défaites plus surprenantes les unes que les autres. En finale, les Cavs ont exploité les mêmes manquements pour gagner le match 3 de 30 points ! Pour Ron Adams, assistant coach et gourou défensif des Warriors, il est difficile de trouver une explication.

« C’est inexplicable, » nous dit-il après l’entrainement précédent le match 7. « C’est la grande énigme de cette équipe. Après les deux premiers matchs de la finale et vu la façon dont les Cavs se sont fait assassiner dans la presse, nous savions qu’ils allaient réagir. Et pourtant, nous avons commencé la rencontre à plat. »

Cette tendance est devenue la norme lors des matchs 5 et 6 mais cette fois Adams y trouve une explication.

« À 3-1 en rentrant à Oakland, la série est terminée. Après la suspension de Draymond, mentalement vous devez repartir de zéro. Nous aurions dû commencer le match 5 en leur marchant dessus mais nous les avons laissés prendre confiance et trouver leur rythme. Idem au match 6. Ils jouent pour éviter l’élimination depuis deux matchs et nous n’avons pas su élever notre intensité. »

Un match 7 pour le doublé

Cette nuit, les Warriors arrivent en terrain familier. Comme lors de la fin de saison régulière alors qu’un record promis était en train de leur échapper, et comme face à OKC alors que le titre était devenu un mirage, ils n’ont plus le choix. Il faut réagir sans quoi LeBron James ramènera à Cleveland le premier titre de l’histoire des Cavaliers.

Certes, la dynamique de la série a changé de camp mais tout ce dont les Warriors ont besoin est un dernier effort. Il faudra retrouver de la rigueur en défense. Il faudra commencer le match avec agressivité pour mettre la pression sur la défense des Cavs. Et il faudra que le secteur intérieur et/ou Harrison Barnes se réveille en attaque.

Golden State a la clef de tous ces ajustements. Comme en saison régulière, ils n’ont plus qu’un match à gagner. Un dernier match à domicile pour rentrer une nouvelle fois dans l’histoire. Cette dernière n’est pas rancunière, elle a l’habitude de les attendre.