Pour les « lottery team », la draft et la free agency, c’est l’opportunité de réfléchir à de nouvelles bases ou de poursuivre leur plan de reconstruction. Après les Sixers, les Lakers, les Nets, les Suns, les Wolves, les Pelicans, les Knicks et les Bucks, Basket USA continue son tour d’horizon avec les Nuggets.
LE BILAN
Après la déception rencontrée avec Brian Shaw, les Nuggets ont complètement changé de plan à l’aube de cette saison 2015/16 : Mike Malone disponible, la franchise du Colorado s’est attaché les services de l’entraîneur afin de construire une nouvelle identité autour de la jeunesse incarnée par le rookie Emmanuel Mudiay, Jusuf Nurkic, Gary Harris, Nikola Jokic ou encore Joffrey Lauvergne mais aussi des cadres installés, Danilo Gallinari, Wilson Chandler ou Kenneth Faried.
Dès son arrivée, le coach a mis un point d’honneur à revenir à des fondamentaux défensifs, pour le moins oubliés par le passé.
Malgré les bonnes intentions, ses joueurs ont peiné dans cet exercice, responsables de la 24e défense de la ligue avec 106.4 points concédés sur 100 possessions. Encore jeunes et souvent maladroits dans la gestion (14.7 bps par match), les Nuggets ont accordé 16.8 points de moyenne à leurs adversaires sur des pertes de balle (17e). Mais là n’est pas le plus embarrassant, c’est davantage dans la défense collective que Denver a pris l’eau, et notamment sur les extérieurs : 23e de la ligue en termes de trois-points accordés à ses adversaires (9.2 par match), Denver a aussi autorisé le 5e pourcentage de réussite de loin (37.1%), un point noir reconnu par Mike Malone.
« Notre incapacité à défendre à trois-points à cause de nos erreurs de jugement nous affaiblit, » a t-il concédé au Denver Post.
Mais les faiblesses de l’équipe sont aussi inhérentes à sa jeunesse (25.7 ans de moyenne, 8e) et la franchise peut tout de même se réconforter par le talent à sa disposition. Dans sa première année professionnelle, Emmanuel Mudiay s’est affirmé comme le meilleur meneur de sa promotion avec D’Angelo Russell (12.8 pts, 3.4 rbds, 5.5 pds en 30.4 min). Le joueur de la All-Rookie Second Team a encore des lacunes au tir (36.4%, dont 31.9% de loin) et dans le soin du ballon (3.2 bps) mais l’ensemble est prometteur. À ses côtés, Gary Harris a montré qu’avec du temps de jeu, il pouvait scorer avec constance (12.3 pts à 46.9%) tout en se montrant l’un des plus fiables de l’autre côté du terrain.
À l’intérieur, Nikola Jokic s’est affirmé comme l’une des pépites de la promotion rookie, élu dans la All-Rookie First Team (10 pts à 51.2%, 7 rbds, 2.4 pds en 21.7 min). Avec son flair offensif, son jeu de passe et ses excellents fondamentaux, le joueur de 20 ans a les armes pour devenir l’un des meilleurs intérieurs de la ligue, bien qu’il doive progresser physiquement et en défense.
Même si son rôle est toujours fluctuant, Joffrey Lauvergne a aussi montré qu’il avait le niveau pour devenir une très bonne rotation, et il fut loin de démériter lors de ses 15 titularisations (10.1 pts à 53.3%, 40.9% de loin et 6.3 rbds en 19.7 min). Quant à Jusuf Nurkic, sa saison fut délicate en raison d’un retour tardif (seulement 32 matchs disputés). En revanche, Axel Toupane a brillé dans sa fin de saison (5.8 pts en 13.8 min en avril) dans un rôle de shooteur/stoppeur.
Malheureusement, la santé fragile de Wilson Chandler (absent toute la saison), Danilo Gallinari (53 matchs joués) et Jameer Nelson (39 matchs) fut un nouveau frein de taille, alors que Kenneth Faried s’est montré plutôt solide (12.5 pts à 55.8%, 8.7 rbds et 21 double doubles) sans toutefois devenir le franchise player un temps espéré. Victime d’une blessure au cou effrayante, il a aussi manqué 15 matchs.
Ailleurs, la franchise peut saluer les efforts de Will Barton (14.4 pts en 82 matchs) ou du renfort D.J. Augustin (11.6 pts à 41.1% à 3-pts, 4.7 pds) en 23 minutes, exemplaires.
LE MVP : WILL BARTON
La logique voudrait que Danilo Gallinari reçoive ce trophée honorifique puisqu’il est bien le cadre le plus talentueux de l’équipe, comme l’attestent ses très bonnes stats (19.5 pts à 41%, 36.4% à 3-pts, 5.3 rbds, 2.5 pds) mais l’Italien a manqué plus d’un tiers de la saison.
En revanche, sur la lancée de sa bonne fin de saison 2015, Will Barton s’est révélé dans un tout autre rôle, celui de sixième homme explosif et fiable (14.4 pts à 43.2% en 28.7 min) avec une implication aussi conséquente que son coéquipier transalpin malgré un temps de jeu plus faible (5.8 rbds, 2.5 pds). Surtout, l’arrière a disputé l’intégralité de la saison, l’un des rares Nuggets dans cette configuration.
De fait, Mike Malone a pu compter sur une rotation solide et relativement constante, au point que Will Barton pouvait prétendre au titre de meilleur sixième homme et de la meilleure progression. Encore sous contrat pour deux ans à 3.3 millions de dollars l’année, il est l’une des bonnes pioches de la franchise.
LA SITUATION
Les Nuggets veulent accéder en playoffs la saison prochaine, un objectif réalisable même s’il faudra probablement faire des choix avec son effectif. La plupart des jeunes paraissent indéboulonnables, du moins jusqu’à la saison prochaine et le general manager Tim Connelly a déjà insisté sur la volonté d’une progression en interne.
Le reste de l’équipe est stable contractuellement mais en dépit de son talent, des interrogations persistent, notamment au sujet de la santé de ses cadres : Danilo Gallinari (168 matchs manqués depuis 2012), Wilson Chandler (203) ou, dans une moindre mesure, Kenneth Faried (46).
Tous ces joueurs ont de la valeur grâce à leur contrat relativement modique au regard de la future inflation du cap (entre 10 et 15 millions de dollars la saison), et pour passer un cap, la franchise devrait peut-être songer à se séparer d’au moins l’un d’entre eux afin de retrouver une valeur plus sûre dans la ligue. De plus, la franchise dispose de cinq tours de draft, dont deux au premier tour, ce qui est sans doute de trop compte tenu de l’âge moyen déjà bas de son effectif. Elle pourrait donc proposer des contreparties intéressantes à la concurrence.
Quoi qu’il en soit, il ne manque pas grand chose à cette équipe pour passer un cap, au moins celui des 40 victoires (33-49 cette saison). Avec une saison d’expérience supplémentaire dans les pattes, l’axe 1-5 pourrait faire bien des dégâts alors qu’un élément comme Gary Harris semble lui aussi des plus solides à l’arrière.
Néanmoins, en cas de remaniement avec le départ des cadres à l’aile, Denver confirmera son souhait de poursuivre complètement avec sa jeunesse et dans ce cas, les playoffs devraient attendre une ou deux saisons de plus.
COACH : Mike Malone (72-116)
Head coach depuis 2013 après dix saisons comme assistant, Mike Malone a rebondi dans les Rocheuses après avoir été viré par les Kings. Regretté par DeMarcus Cousins, l’entraîneur n’a d’ailleurs toujours pas compris son licenciement alors qu’il était sur la bonne voie avec l’équipe californienne (11-13 au moment de son renvoi).
En trois saisons, le tacticien n’a pas encore eu le temps de faire toutes ses preuves mais son goût pour la pédagogie et la formation des joueurs indique qu’il est un bon choix pour les Nuggets à ce stade.
Il lui faudra désormais amener plus de rigueur en défense, son cheval de bataille, mais encore une fois, il n’a pas été gâté par les blessures. Avec lui, Denver pourrait bien progresser rapidement. Et même si ce n’est pas un indicatif probant, Sacramento ne peut pas se vanter de meilleurs résultats depuis son départ.
À noter qu’il lui faudra remplacer son assistant Chris Fleming, en partance pour les Nets.
L’ENVELOPPE À DÉPENSER : entre 28 et 35 millions de dollars
L’EFFECTIF : neuf contrats garantis, trois non garantis (Joffrey Lauvergne, JaKarr Sampson, Axel Toupane), une player option (Darrell Arthur)
FREE AGENT : D.J. Augustin, Mike Miller
TOUR DE DRAFT 2016 : 7e, 15e, 19e, 53e, 56e
DRAFT 2016
Avec autant de choix de draft, il ne serait donc pas étonnant de voir les Nuggets tenter un échange. Au-delà de cette seule spéculation, l’équipe est plus ou moins déjà équipée à tous les postes mais un complément au poste d’ailier ne serait pas de trop, compte tenu des problèmes physiques de Danilo Gallinari et Wilson Chandler.
Dans ce profil, un bon shooteur extérieur et défenseur serait apprécié afin de combler une partie des lacunes de cette équipe. Même si son tir est encore loin d’être au niveau, Jaylen Brown paraît être le joueur le plus susceptible d’être disponible à la 7e position. Il est aussi possible que Denver préfère utiliser le 15e ou 19e choix pour ce poste et ainsi se tourner vers un élément comme Furkan Korkmaz, Denzel Valentine, à moins qu’elle ne fasse le pari de prendre Timothe Luwawu ou Taurean Prince.
Dans ce cas, elle pourrait aussi utiliser son lottery pick pour une nouvelle solution à l’intérieur, en cas d’éventuel départ de Kenneth Faried. Dans ce secteur, elle n’aura que l’embarras du choix, de Domantas Sabonis à Henry Ellenson en passant par Marquese Chriss. Les profils sont tous différents mais compte tenu des limites physiques en défense de ses jeunes intérieurs comme Nikola Jokic ou Joffrey Lauvergne, un renfort pourrait être pertinent.
FREE AGENCY
« Nous serons très précis sur les cibles à explorer et nous ne dépenserons pas pour dépenser. »
Cette déclaration du GM Tim Connelly en fin de saison souligne une volonté de se montrer sérieux avec les finances de la franchise. Celle-ci ne devrait pas s’enflammer à proposer des contrats mirobolants malgré la hausse du cap.
La défense intérieure pourrait être améliorée par l’arrivée de Brandon Bass, Bismack Biyombo ou Ian Mahinmi, des cibles régulièrement citées ici. Néanmoins, à moins d’un départ d’un membre actuel, difficile de penser que Denver dépensera de l’argent sur ces positions. N’oublions pas qu’un maintien de Darrell Arthur est une solution viable à moyen terme.
Il ne serait pas étonnant en revanche de voir la franchise solliciter des joueurs comme Evan Turner, un facilitateur polyvalent ou encore Marvin Williams, capable d’évoluer à l’ailier ou dans la raquette avec bonheur s’il est motivé.
Pour le tir, Kent Bazemore a montré de solides progrès, également en termes d’intelligence de jeu, et la franchise regrette peut-être de s’être séparée d’Evan Fournier, free agent protégé.
Jameer Nelson mécontent de son temps de jeu, il pourrait être pertinent de s’attacher les services d’un meneur comme Mario Chalmers ou Norris Cole si D.J. Augustin devait faire ses valises.
PRÉCÉDEMMENT
Intersaison 2016 – Milwaukee Bucks
Intersaison 2016 – New York Knicks
Intersaison 2016 – New Orleans Pelicans
Intersaison 2016 – Minnesota Timberwolves
Intersaison 2016 – Phoenix Suns
Intersaison 2016 – Brooklyn Nets
Intersaison 2016 – Los Angeles Lakers
Intersaison 2016 – Philadelphie Sixers