Décédé le 28 juin 2016 à l’âge de 31 ans, notre journaliste Arnaud Gelb avait réalisé son rêve quelques semaines auparavant : échanger avec Michael Jordan. Pour l’anniversaire de Son Altesse, on a décidé de partager ce moment magique vécu dans les couloirs de la salle des Hornets.
Il y a des moments dans la vie qui restent à jamais gravés dans la mémoire de chacun. Samedi soir, j’ai eu la chance de vivre l’un d’entre eux. Présent à Charlotte pour le Game 3 de la série entre les Hornets et le Heat, j’ai ainsi pu rencontrer… Michael Jordan ! Une brève interaction de quelques minutes mais dont je me souviendrai toute ma vie, avec un confrère et ami d’un média de Porto Rico.
Depuis que je suis basé aux États-Unis, j’ai rencontré quelques unes des plus grandes stars de la NBA d’hier et d’aujourd’hui comme Kareem Abdul-Jabbar, Oscar Robertson, Magic Johnson, Shaquille O’Neal ou encore Kobe Bryant, pour des interviews formelles ou une simple poignée de main. Mais je n’avais encore jamais croisé Jordan. Mais rien ni personne n’a l’aura de Jordan. La seule fois où je l’avais vu de mes propres yeux, c’était en février lors du All-Star Game de Toronto au cours duquel Adam Silver lui avait remis le maillot « Charlotte 2017 » puisque Queen City sera l’hôte (enfin, pour le moment) du prochain match de gala de la NBA. A chaque passage à Charlotte, on y pense au fond de soi. Jordan sera-t-il là ce soir ? Et si nos chemins se croisaient ?
« In GOAT We Trust »
Que représente Jordan ? Il est sans conteste l’une des icônes les plus célèbres des temps modernes. C’est un symbole de l’américanisation du monde comme peuvent l’être également Mickey Mouse, Star Wars ou encore le Coca-Cola. Meilleur joueur de tous les temps, il est aussi l’un des (le ?) sportifs les plus adulés de tous les temps et a acquis un statut de quasi Dieu vivant. Réputé inaccessible pour ses fans et même pour la presse, ses apparitions publiques se font au gré du vent et il n’hésite pas à annuler ses déplacements même à la toute dernière minute, comme peuvent en témoigner les fans français l’an dernier lors de la finale du Quai 54. Généralement entouré par une armée de gardes du corps, s’approcher ne serait-ce qu’à quelques mètres de « His Airness » est déjà un exploit mémorable. Alors comment se fait-il que je me sois retrouvé en face à face avec Jordan ?
Comme à chaque match, il n’est arrivé que dans les derniers instants avant le coup d’envoi pour prendre sa place réservée juste à côté du banc de son équipe. En allant gagner ma place dans la section « média », je suis passé à 5-6 mètres de lui, le temps de prendre quelques photos tout en marchant alors que le service de sécurité pressait la foule de gagner ses places. J’ai eu la chance de voir défiler l’équipe d’animation des Hornets, ce qui m’a forcé à m’arrêter et j’ai pu prendre une ou deux photos de plus. A la pause, Jordan part dans l’Owner’s Club, la salle VIP où les célébrités et autres amis de Jordan vont se restaurer. Parmi eux, le rappeur Nelly ou encore Charles Oakley, l’un de ses amis les plus proches depuis plus de trente ans.
Le match s’enflamme en deuxième période avec un 18-0 en faveur des Hornets dans le troisième quart-temps alors que le score était de parité. Comme tous les fans présents dans la salle, Jordan est debout, applaudit, bondit à chaque panier et se réjouit du niveau de jeu de son équipe après deux premiers matchs très compliqués. Le propriétaire semble fier du jeu produit par ses hommes. La rencontre tourne à la démonstration et les Hornets s’imposent logiquement par 96-80. La première victoire en playoffs de Jordan depuis qu’il a racheté les Bobcats/Hornets !
https://vine.co/v/iUe5150npTp
« Hey, comment ça va ? »
À la fin du match, Jordan retourne dans sa suite VIP, bien entouré par les agents de la sécurité. Un peu plus tard, c’est Nelly qui passe à son tour, complètement survolté. « Bravo, Nelly » lui dis-je. Il vient vers moi et me tape dans la main. « Merci, mec! » me répond-il. Place aux conférence en presse puis aux interviews des joueurs dans le vestiaires. On attend l’ouverture des portes mais c’est alors que surgit Jordan qui veut aller féliciter son équipe pour sa performance. Je voulais saluer Nicolas Batum, qui s’est blessé au pied et pourrait ne plus rejouer de la saison, mais il était aux soins. Sa séance s’éternise et je me contente de quelques mots avec Al Jefferson. Je pars vers le vestiaire du Heat un peu plus loin mais les joueurs ont déjà déserté la salle. Je repars dans les coursives de la Time Warner Cable Arena, un véritable labyrinthe, et c’est là que je vois Jordan sortir du vestiaire des Hornets. Seul. Absolument seul. Vu l’étroitesse du couloir, il n’a d’autre choix que de se diriger vers moi. C’est alors que je décide de l’interpeller… mais c’est lui qui vient vers moi en premier, le ton enjoué. « Hey, comment ça va ? » me lance le GOAT. Je bredouille un « Félicitations, Mike ! ». L’échange aurait pu s’arrêter là mais je me suis lancé.
– « Mike, je me présente, Arnaud, journaliste français pour BasketUSA. »
– « Enchanté. »
– « Super match ce soir ! »
– « Ça on peut le dire ! »
– « Dommage que Nicolas Batum soit blessé. »
– « Oui, je l’aime beaucoup. Un mec super. »
– « Avez-vous un projet de Jordan Store à Porto Rico ? »
– « Très bientôt. C’est en projet. »
Avec mon confrère, on ne veut pas retenir Jordan plus longtemps mais nous avons l’occasion ultime d’immortaliser cet instant. Le sourire de Mike fait plaisir à voir et son visage est l’exact opposé du célèbre « Crying Jordan Meme » qui rend fou les réseaux sociaux. Il fallait être au bon endroit au bon moment. S’il avait été accompagné ne serait-ce que par un garde du corps ou un membre du staff de la franchise, c’était cuit. Si les Hornets avaient perdu, il aurait sans doute quitté la salle depuis bien longtemps. S’il n’avait pas été pris dans cette atmosphère euphorique, jamais ce moment n’aurait été possible.
Bref, toutes les planètes sont alignées pour ce moment inoubliable. Je ne sais pas combien de personnes, et je pense plus particulièrement aux Français, ont eu la chance dans leur vie d’interagir avec Jordan en tête à tête, mais ça reste un privilège rare, j’en suis bien conscient. Un moment dont je me souviendrai pour toujours.
https://twitter.com/basketusa/status/724120584548966400