Pierre Ménès : « Comme les Bleus 1998-2000, c’est une génération extraordinaire »

Amateur de sports, et fan averti de basket, Pierre Ménès était présent hier soir au Stade Pierre Mauroy de Lille pour encourager l’Equipe de France, en huitième de finale face à la Turquie. Toujours aussi loquace sur les plateaux télé ou en dehors, le consultant vedette de Canal+ nous a livré ses impressions à chaud après le succès vibrant des Bleus. Et il n’a pas manqué de nous lâcher quelques punchlines dont il a le secret…

Qu’est-ce que tu as pensé du match d'[hier] soir ?

Je vais faire une comparaison de foot parce qu’il ne faut pas se renier…

Et puis on est dans un stade de foot…

En plus. En fait, les Bleus m’ont fait penser au bon PSG. Ils fatiguent en première mi-temps, ils sèment. Et puis, ils récoltent en seconde. De toute façon, je pense que les Turcs ont existé en première mi-temps parce qu’ils ont été très adroits à trois points. Après, ils se faisaient tellement bouffer aux rebonds par les Bleus qu’il n’y avait pas matière à être très inquiet. On s’est aperçu que l’Equipe de France, dans ce match-là, au niveau de ses grandes stars, est encore dans la gestion. Tony a pris l’air. Boris pareil. On s’aperçoit que les « seconds rôles », les De Colo, les Fournier, ils ont fait le boulot magnifiquement. J’ai trouvé qu’il y avait de l’intensité, une belle adresse aux shoots. Ça m’a bien plu.

Tu n’as jamais eu peur ?

Ah non, pas une seconde. Honnêtement, pas une seconde ! Les Français étaient trop dominateurs au rebond défensif. Quand une équipe a une telle réussite à trois points, comme l’ont eu les Turcs à la fin du premier quart-temps, on sait qu’à un moment, ça va s’arrêter. Ça se saurait s’il y avait Reggie Miller chez les Turcs.

Ils avaient quand même Ali Muhammed…

Oui, après, je pense que les Turcs ont fait une prestation tout à fait honorable.

Qu’as-tu pensé de Nando De Colo ?

Le basket, je le suis vraiment. Le truc dans le sport, et plus encore dans les sports de balle, c’est que la confiance joue un rôle déterminant. Nando, je ne le connais pas beaucoup mais je sais que c’est un mec extrêmement timide et qui, peut-être, au début n’osait pas. Mais maintenant, il ose. Il prend la balle, il se dit maintenant, ce shoot, il est pour ma gueule. Je shoote à trois points, ça rentre. Après un début de match un peu difficile, j’ai été très séduit par Evan Fournier aussi.

« Si je devais les comparer avec des footballeurs, je serais méchant avec les footballeurs »

Oui, c’est un peu son match référence du tournoi. Il était en crise de confiance en poule…

Oui, là il s’est rassuré en faisant une interception et avec un dunk. Ensuite, une jolie pénétration. Après, il a peut-être aussi retrouvé les bases habituelles de son jeu, une bonne adresse à mi-distance, voire une très bonne. Moi qui ai eu le bonheur de connaître l’Equipe de France de foot 1998-2000, là, il faut bien être conscient qu’on a une génération extraordinaire.

Tu connais bien cet endroit, tu as pensé quoi de l’atmosphère très chaude du stade ?

Oui, d’habitude, on s’y fait beaucoup plus chier ici… C’était vraiment bien. En plus, c’est immense sans être gigantesque, sans que ce soit un désavantage : que les gens soient perdus, que l’ambiance soit diluée. C’est une belle réussite.

Tu vois les Bleus aller jusqu’où dans cette ambiance ?

C’est très dur d’être archi-favoris d’une compétition qu’on joue chez soi. Je pense qu’on n’a pas à faire à des marioles. On sent qu’ils sont hyper concentrés. Le coach m’a glissé quelques mots en me disant qu’il avait très peur du prochain match. Car il peut y avoir un relâchement contre la Lettonie qu’il n’y aura pas après. Parce qu’après, ce sera forcément des grosses équipes. Attention au quart de finale ! Mais je pense que cette équipe est bien partie. Faire un back-to-back dans un championnat d’Europe, ce serait une belle performance et ça récompenserait une génération de joueurs qui ont explosé en NBA.

Humainement, que penses-tu de ces Bleus ?

Si je devais les comparer avec des footballeurs, je serais méchant avec les footballeurs. C’est des pros. C’est des mecs qui ont l’habitude de travailler avec la presse d’une façon bien différente. Quand tu joues en NBA, tu as une relation de proximité avec la presse qui est totale. En plus, je pense que ce sont des garçons intelligents, posés, plutôt gentils. Ce sont des mecs que j’ai plaisir à voir à chaque fois. Batum, je trouve qu’il sait tout faire.

Oui, on te sait proche de Nico. Tu as dû souffrir un peu durant ce premier tour, non ? Il était un peu dans le dur…

Oui, il était un peu dans le dur. Je pense que toute l’équipe était en gestion. Ils ont une marge de manoeuvre colossale sur les adversaires qu’ils ont rencontrés. Ils arrivent en quart de finale avec le plein d’essence. S’ils restent dans le degré de concentration qu’on a vu contre la Turquie, je pense qu’on aura une très belle confirmation en fin de parcours.

Propos recueillis à Lille