Evan Fournier, un soldat en embuscade

Avec 4 points à 25% de réussite en 15 minutes de moyenne, Evan Fournier n’est pas encore entré de plain-pied dans son Euro. Restant sur cinq échecs aux tirs sur ses deux derniers matchs, l’enfant de Charenton n’a pas trouvé son rythme dans l’attaque tricolore. Pourtant, et comme l’illustre cette image, ce n’est pas faute d’avoir manqué d’agressivité vers le cercle…

« Pour avoir un vrai impact, il faut des vraies opportunités »

Ce matin, lors du point presse des tricolores dans leur hôtel, en banlieue de Montpellier, Vincent Collet a confirmé tout le bien qu’il pensait de l’arrière du Magic, qu’il a qualifié de « booster en sortie de banc ». Il a néanmoins souligné les difficultés d’adaptation du scoreur pur à la spécificité du jeu FIBA.

« Evan peut être un booster pour nous. Il peut clairement nous apporter un vrai plus en sortie de banc. Le problème, c’est qu’il va tout droit et, en Europe, il ne faut pas aller tout droit. (…) Dans le basket moderne, le terrain se rétrécit. Et nous, on doit vraiment progresser en mobilité dans le jeu sans ballon. »

Pour Evan Fournier, le temps n’est pas encore à la remise en cause. De fait, avec 11 petites minutes de jeu face à la Pologne, l’échantillon n’est pas assez représentatif.

« Ça m’étonne parce que je n’ai perdu qu’un seul ballon, » a réagi l’intéressé. « Je vais en parler avec [Vincent Collet], on verra ce qu’il me dira. (…) C’est vrai qu’il fallait que je m’adapte [au jeu FIBA] en préparation mais je pense l’avoir fait. Après, pour avoir un vrai impact, il faut avoir des vraies opportunités. »

Relégué dans la rotation derrière Mike Gelabale et Charles Kahudi hier soir, l’un pour son apport offensif (au poste bas notamment) et l’autre pour son agressivité défensive, Evan Fournier n’est pas du genre à se laisser abattre. L’ancien de Poitiers (où il était coaché par Ruddy Nelhomme, actuel assistant coach chez les Bleus) prône avant tout la continuité.

« Il faut être sérieux, il faut aller gagner ce match pour sécuriser la première place. C’est aussi simple que ça, il ne faut pas se prendre la tête et continuer à progresser. On sait que ça va se jouer entre l’Allemagne et la Turquie. L’Italie, ça parait compliqué. Les Allemands, on les connaît bien, on les a joués deux fois. Les Turcs, je ne les connais pas vraiment et les Italiens, bon… De toute façon, si on veut être champion, il faudra battre tout le monde. On se concentre davantage sur nous-mêmes. »

En manque de temps de jeu… et de repères !

Lucide sur ses hauts et ses bas pour ce rapide bilan, après seulement trois petits matchs de compétition, Evan Fournier a repris le taureau par les cornes. Et de fait, après notre interview, on l’a vu posément discuter en tête à tête avec le sélectionneur dans le restaurant de l’hôtel. Il ne perd pas de temps…

« Je n’ai pas été bon contre la Bosnie, très clairement. Je fais un bon premier match [8 points, 3 rebonds, 2 passes en 17 minutes, avec un 2/3 à trois points]. Rudy, il m’a volé un panier… mais bon, il fait ça à tout le monde (rires). Hier, c’est dommage que je rate mes tirs [0/2 à trois points, aucun tir à deux points]. J’ai effectivement un rôle de booster mais je ne suis pas vraiment mis dans une situation où je peux le faire, donc ce n’est pas évident. Il va falloir que je me concentre et que je trouve un moyen d’aider l’équipe. »

Combattant des parquets et féroce compétiteur, on n’a aucun doute sur la capacité de réaction de « More Champagne ». Lors de la dernière Coupe du Monde, après une phase de poules compliquée, Evan Fournier avait ainsi été décisif dans les matchs couperets, notamment en 16e de finale contre la Croatie (avec 13 points en 19 minutes) et un des seuls à tenir en demi-finale contre la Serbie (10 points en 14 minutes). On espère la même envolée de Montpellier à Lille.

Propos recueillis à Montpellier