Cette nuit, Houston connaîtra enfin le nom de son futur adversaire pour les demi-finales de conférence Ouest. Après six matches, les Spurs et les Clippers n’ont pas su se départager et les deux équipes doivent donc en passer par un exaltant Game 7. Le dénouement se jouera au Staples Center, dans l’antre des Clippers. Ce n’est pas la première fois que ces deux équipes disputent un septième match décisif : à trois reprises pour Los Angeles (2-1), cinq fois pour les Spurs (3-2). À ce stade de la saison, les chiffres sont de toute façon anecdotiques. C’est néanmoins l’occasion de dresser un tableau des forces en présence.
Los Angeles Clippers (3)
L’avantage du terrain déterminant lors des Game 7
Les Clippers ont déjà pour eux la chance de recevoir. Certes, le Staples Center n’est pas l’écrin le plus hostile de la ligue et les Spurs ont déjà montré leur faculté à gagner dans cette salle, à deux reprises lors du premier tour. Dans l’histoire, seulement 24 Game 7 sur 119 ont été remportés à l’extérieur. Même si cet avantage du terrain n’est pas le plus gros facteur, c’est un élément rassurant pour les hôtes du match.
« Nous avons encore un match à jouer et nous sommes heureux de rentrer à la maison pour le jouer, » a ainsi déclaré Blake Griffin après le match 6.
Blake Griffin attendu, Chris Paul revanchard
L’auteur de cette déclaration sera d’ailleurs l’une des clés du match pour les Clippers. Malgré des difficultés éprouvées au cours de la série, l’ailier fort a montré son meilleur visage lors de la dernière rencontre (26 points, 12 rebonds, 6 passes, 4 contres). Co-leader de l’équipe avec Chris Paul, l’intérieur sera attendu très attendu par ses adversaires, lesquels n’ont pas su trouver la clé pour l’arrêter. Pour Los Angeles, l’objectif sera de le servir dans les meilleures conditions et de l’aider dans les situations de prise à deux. À chaque fois que l’intérieur a perdu plus de trois ballons lors de cette série, les Clippers se sont inclinés. Doc Rivers a trouvé la solution pour l’intégrer de la meilleure manière et la lecture du pick-and-roll du joueur fait très mal aux Texans.
Il en va évidemment de même pour Chris Paul. Malgré un shoot en péril lors du Game 6 (7/21), le meneur a parfaitement géré le tempo du match (15 passes, 1 seule balle perdue). Face à un Tony Parker fatigué ou Patty Mills, courageux mais limité, le Clipper a l’avantage. Surtout, le meneur a la rage et cet esprit revanchard pourrait le porter vers les sommets. Si sa capacité à gérer l’équipe reste importante, c’est au scoring qu’il est attendu : lors des trois victoires de Los Angeles, il compile 28 points à 57% et 9 passes. Lors des trois défaites, il a été limité à 16 points à 45% et 7 passes. Ce Game 7 doit être le sien. Il peut constituer le tournant d’une carrière, décevante collectivement.
« Doc (Rivers) nous dit depuis le training camp que nous devons aller jusqu’au bout, » a t-il déclaré au Los Angeles Times.
Un banc en difficultés
C’est la grosse lacune de l’équipe : le banc est limité en-dehors du seul Jamal Crawford. Très inconstant sur cette série (11 points à 36.6%, 1.5 rebond, 1.5 passe), ce dernier peut changer le cours du match mais Doc Rivers doit pouvoir s’appuyer sur d’autres éléments. Austin Rivers a apporté son écot lors des Game 3 et surtout 4 (16 points à 7/8) et pour les premiers playoffs de sa carrière, une nouvelle performance de ce type serait très appréciée par ses coéquipiers. Comme Glen Davis est incertain, les options sont très limitées et ces deux éléments doivent sortir un gros match.
L’adresse
Les Clippers sont excellemment bien tenus à trois points par leurs adversaires depuis le début de la série (29.3% sur ce premier tour). Cela ne les a pas empêchés de remporter le Game 6 (4/18) mais Doc Rivers aimerait à juste titre une meilleure adresse.
« Les Spurs ont fait un boulot splendide tout au long de la série en nous éloignant de la ligne à trois points. Ils en ont fait leur priorité. Nous aussi, mais cela ne se voyait pas (lors du Game 6). Nous avons aussi manqué beaucoup de tirs ouverts. On aimerait avoir plus de trois-points, aucun doute là-dessus, » confiait-il ainsi.
Si Los Angeles retrouve la mire à l’extérieur, les Spurs auront beaucoup d’inquiétude à nourrir.
San Antonio Spurs (6)
L’expérience toujours du côté des Spurs
Aucune équipe à l’Ouest n’a battu les Spurs en playoffs depuis Oklahoma City en 2012. Ces derniers jouent leur saison en terrain miné mais ils connaissent cette situation sur le bout des doigts. Déjà l’an passé, ils ont dû passer par un match décisif lors du premier tour, face à Dallas, avant de finalement gagner le titre. Sans arrogance, ils restent sereins.
« Nous comprenons la pression et l’ampleur de ce match. Nous savons que nous pouvons mieux jouer que lors du Game 6. J’espère que nous allons réparer beaucoup de secteurs et disputer un bien meilleur match. Je sais que nous en sommes capables. Nous serons prêts, » a ainsi déclaré Tim Duncan auprès de NBA.com.
Les Spurs jouent les playoffs depuis 18 ans, soit la plus longue série en cours loin devant Atlanta (8). Le trio Tony Parker – Manu Ginobili – Tim Duncan a gagné 120 de ses 185 matchs de postseason, les deux plus gros totaux de l’histoire parmi les trios. Même si cette saison fut compliquée, aucun d’entre eux ne souhaite voir la saison s’arrêter si tôt. Leur expérience sera sans doute un facteur clé si le match se décide dans les derniers instants.
Des vétérans dans le doute
Malheureusement, hormis Tim Duncan, les deux autres membres de ce « Big Three » sont en grosse difficulté. Toujours gêné par son physique, Tony Parker ne livre pas une série consistante (9.3 points à 32.9%, 3.3 passes en 29 min). Les Spurs ont certes remporté deux de leurs trois succès avec le Français en-dessous des 10 points mais il ne fait aucun doute qu’ils auront besoin de lui pour le match le plus important de leur saison. Quant à Manu Ginobili, il erre comme jamais depuis le début de ce premier tour (8 points à 34.2%, 4.2 passes et 2 balles perdues en 19 minutes). Incertain de poursuivre sa carrière la saison prochaine, l’Argentin veut se reprendre.
« Je ne sais pas ce qu’il va se passer (par la suite). Ce que je sais, c’est que c’est un Game 7. C’est la seule chose que je peux contrôler. Je vais essayer de faire de mon mieux. L’équipe va faire de son mieux. À partir de là, on pourra continuer, » a t-il expliqué au San Antonio Express-News.
Si le futur Hall of Famer se trompe, San Antonio vivra peut-être la fin d’une ère somptueuse.
Boris Diaw, facteur X ?
Excellent face aux Clippers, le couteau-suisse français constitue l’une des priorités pour les Clippers. La plus grosse défaite de San Antonio (lors du Game 1) est intervenue lorsqu’il fut limité à 5 points (à 2/12), son seul match en-dessous des dix unités sur ce premier tour. Lui aussi se dit prêt à relever le défi, son équipe a besoin de repères et il en constitue un.
« Nous avons déjà joué ce type de matchs, ce n’est pas le premier Game 7 que nous disputons. Nous avons aussi gagner le premier tour en sept matches l’an passé. Nous étions classés plus haut et nous avons tout de même fini par un Game 7. Personne n’a dit que ce serait facile. Nous savions que ce serait compliqué, c’est donc à nous de prendre ce match ou non, » a t-il déclaré.
Tiago Splitter fantomatique sur cette série, les Spurs ont expressément besoin d’un Boris Diaw au meilleur de sa forme. À deux reprises, sa gestion des fautes s’est avérée problématique pour Gregg Popovich (5 fautes lors des deux derniers matchs), Blake Griffin ne manquera pas de le relever afin de neutraliser au plus tôt l’intérieur français.
Kawhi Leonard doit rebondir
Avec 12 points à 3/15 aux tirs, Kawhi Leonard a livré sa pire performance du premier tour lors du Game 6. Attendu comme le futur leader de l’équipe, l’ailier texan est désormais placé en face de ses responsabilités. Avec les limites affichées par Tony Parker, Manu Ginobili et Tiago Splitter, les options se restreignent vraiment pour Gregg Popovich et si le MVP des dernières finales déjoue comme lors du dernier match, San Antonio peut commencer à préparer ses valises.
Pronostic
Tout peut arriver lors d’un Game 7 et comme l’a dit l’ex-coach des Rockets, Rudy Tomjanovich, « il ne faut jamais sous-estimer le coeur d’un champion. » Cependant, Los Angeles s’est déjà incliné à deux reprises sur son parquet et ce serait une performance incroyable pour San Antonio que de remporter au Staples Center. Beaucoup d’éléments texans sont dans le dur, alors que les stars des Clippers ont majoritairement répondu présent. Le banc des Spurs a tenu la boutique la plupart du temps, ce qui n’est pas négligeable face à une équipe lacunaire dans ce secteur mais dans un Game 7, les titulaires doivent se montrer à leur avantage. Chris Paul désire ce match, et Blake Griffin aura à coeur de montrer qu’il est un leader.
Par ailleurs, même si Gregg Popovich est un emblème du coaching, Doc Rivers a coaché plus de matches à enjeu (10 au total, 7 avec Boston) que son homologue. Pour les Clippers, c’est maintenant ou jamais et plusieurs signaux laissent penser qu’ils sont capables de défaire les champions en titre. Maintenant, le destin est entre les mains des deux équipes.
Que le meilleur gagne !
Les cotes : LA Clippers 1.65 – San Antonio Spurs 1.95