Andrew Bogut, le rempart australien

Si le titre d’équipe surprise de l’année était décerné par la NBA, nous aurions certainement Oklahoma City à l’Ouest et Milwaukee à l’Est. Quand à savoir laquelle des deux a le plus dépassé les attentes, un argument pourrait faire pencher la balance du côté des Bucks : personne ne leur reconnaissait le talent dont ils font preuve.

Après le départ de Richard Jefferson, les classements de pré-saison prédisaient plus une course pour le numéro un de la draft 2010 que pour les play-offs. Aujourd’hui les Bucks sont 5eme à l’Est et à moins d’un hypothétique effondrement (et d’un retournement de situation du côté de Chicago), devraient participer à la post-saison. Mieux encore, si la dynamique actuelle persiste (12 victoires lors des 14 derniers matchs), les Bucks pourraient venir titiller les Hawks et les Celtics pour la quatrième voire troisième place de la conférence.

Pour nos confrères américains (notamment Yahoo! Sports et ESPN), le joueur qui mérite le plus d’éloges est sans conteste Andrew Bogut. Le numéro 1 de la draft 2005 est devenu la pierre angulaire de cette équipe, dont la qualité première est de faire preuve d’un fighting spirit énorme en défense (4eme défense de la ligue aux points encaissés). Longtemps miné par les blessures et faisant preuve d’une inconstance chronique, l’Australien était jusque-là une déception :

« Je n’ai pas bien géré la pression d’être sélectionné n°1 », avoue Bogut. « Je n’assumais pas, je m’en cachais ».

Débarrassé de ses pépins physiques cette saison, Andrew Bogut bénéficie également d’un coach dont les systèmes lui conviennent parfaitement. Arrivée avec la réputation d’un tyran qui épuise les joueurs, Scott Skiles a trouvé dans le Wisconsin un groupe de joueurs jeunes, prêts à tout donner en défense et sans véritable star dont il faudrait ménager l’égo. Une alchimie parfaite s’est produite :

« Les principes sont simples », selon Andrew. « Orienter les pick-and-rolls vers le côté. Empêcher la balle d’arriver dans la raquette. Avoir cinq gars au rebond ».

Si les Bucks disposent de défenseurs agressifs sur les ailes, avec des joueurs comme Luc Richard Mbah a Moute (Kevin Durant dit de lui qu’il est un des tout meilleurs défenseurs de la ligue, excusez du peu) ou Carlos Delfino, l’efficacité du système repose beaucoup sur la présence d’un intimidateur de premier ordre dans la peinture. Avec sa taille et sa qualité de déplacement, Bogut émerge comme un des tous meilleurs pivots de la ligue et fait preuve de beaucoup d’intelligence et de volonté, que ce soit pour défendre le pick-and –roll ou pour contrarier les déplacements ligne de fond. Et puisqu’il a ajouté à sa présence au rebond (10,4 rbds/m cette saison) une qualité de contre énorme (2,5cts/m, second dans la ligue), son arsenal défensif est désormais ultra-complet. Scott Skiles sait en tout cas toute l’importance de l’avoir dans la raquette :

« Vous avez tous ces gars athlétiques et doués avec le ballon. Il va y avoir des fois où vous ferez une belle défense mais où vous serez dépassé. Mais quand vous avez un gars derrière qui peut rattraper votre erreur, c’est un avantage énorme. »

Les Bucks peuvent se féliciter d’avoir prolongé le pivot à un moment où peu croyaient en lui, et celui-ci avoue se sentir bien à Milwaukee. Quand beaucoup d’équipes en reconstruction sont au fond du classement en attendant que leurs jeunes pousses progressent, les Bucks vont quand à eux avoir la chance d’offrir au groupe une première expérience en playoffs dès cette saison.

Avec cet axe Bogut-Jennings (de qui il faut souligner qu’il a su adapter son jeu lorsque son adresse au shoot l’a trahi) aux deux postes les plus durs à pourvoir, Milwaukee dispose d’une fondation solide pour les années à venir. Qui l’aurait parié ?