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Les journalistes sont-ils vraiment des boulets dans les vestiaires NBA ?

Par  — 

Les journalistes sont-ils vraiment des boulets dans les vestiaires NBA ?

Michelle Roberts n’y est pas allée de main morte pour défendre les conditions de travail des joueurs NBA. En tant que patronne du syndicat des joueurs, Roberts a vivement critiqué la présence surabondante des médias dans les vestiaires de la Grande Ligue.

Son grand reproche ? Voir nombre de ses journalistes inactifs, présents dans les vestiaires alors que rien ne s’y passe. Des oiseaux de mauvais augure en somme. Parfaitement dans son rôle, Roberts touche à une vraie question, celle de l’intimité des joueurs dans leur vestiaire… et dans l’exercice de leur travail.

Cela fait partie du deal

Pour l’avoir vécue, cette situation est effectivement assez fréquente, même à San Antonio ou Oklahoma City pendant les playoffs. Alors, imaginez à un match à Philly ou à Denver en pleine saison régulière…

La première chose, c’est que la NBA a aménagé un planning général auquel toutes les franchises doivent se plier. Concrètement, en playoffs, les vestiaires sont ouverts aux journalistes accrédités pendant une demi-heure avant le match. On est alors à une heure de l’entre-deux, car il faut encore que les joueurs puissent se réunir tous ensemble pour le conciliabule d’avant match avec tout le staff une fois les portes fermées aux médias.

En pratique, il faut bien l’avouer, ces entrées dans le vestiaire avant le match sont de moins en moins intéressantes. Et il y a plusieurs raisons qui expliquent ce phénomène. La première, c’est que les joueurs stars ne se privent pas pour ne jamais se montrer dans le vestiaire. Le duo du Thunder, Kevin Durant et Russell Westbrook, sont ainsi connus pour leur relation houleuse avec les médias. Alors, certes, ils sont aux petits soins du staff médical, se font strapper, se font masser, se douchent (JR Smith notamment), que sais-je encore ? Mais, à l’instar de Tim Duncan qui n’apparaît aux médias que pour faire un aller retour à son locker et évite ainsi toute question, les stars parlent après le match. Pas avant…

Car il faut rappeler que les joueurs ont une obligation de parler aux médias. Que ce soit avant le match ou après, ils doivent se rendre disponibles aux questions. Et il y en a de plus en plus avec l’internationalisation de la Ligue. A travers les âges, la pratique a fait que les joueurs stars ont surtout pris l’habitude de répondre aux questions lors des sessions d’interview en salle de presse directement après le match. Il y a généralement deux joueurs convoqués, en plus des coachs qui ouvrent les conférences de presse.

Le paradoxe : avoir accès à des vestiaires où les joueurs ne veulent pas parler

A mes humbles débuts en tant que reporter en territoire indien, je me souviens avoir pu discuter avec pas mal de joueurs. Certes pas les All Stars, mais des vrais joueurs NBA. Des Aaron Brooks, Ty Lawson, Jimmer Fredette, Blake Griffin (alors rookie). Et puis la clique tricolore évidemment (Boris Diaw, Nicolas Batum, Alexis Ajinça…). Parce qu’en avant-match, on peut davantage creuser, élargir la focale… bien faire notre boulot de journaliste en gros ! A l’opposé, les interviews d’après-match sont minutées, calibrées et c’est du rapide ! Envoyé, c’est pesé !

A Basket USA, Benjamin a pris l’habitude depuis plusieurs saisons de vous proposer des « Posez vos questions à… ». Comment s’organiser alors que tout est minuté ? En fait, lorsqu’il s’agit d’un joueur français, on le prévient directement une semaine avant, et on se met d’accord pour le faire avant ou après le match. Lorsque la victoire est au bout, c’est toujours plus agréable après le match. Pour les autres joueurs, c’est souvent en passant par le club, et on nous accorde un petit créneau pour poser vos questions. Au final, ça s’est toujours bien passé, et avec des joueurs comme Nicolas Batum, Jamal Crawford, Rudy Gobert ou encore Danilo Gallinari et Nando de Colo, Benjamin peut vous assurer que la discussion pourrait se prolonger autour d’un repas.

En revanche, certains joueurs (et ils sont de plus en plus nombreux) qui se préparent dans le vestiaire refusent, purement et simplement, de répondre aux questions. Omer Asik m’avait ainsi éconduit, pas tant par méchanceté que par principe. Evidemment, avec ce type de jurisprudence, les joueurs se sont passés le mot pour ne plus en dire un ! Ou alors, ce sont les réponses bateaux qui ne servent à rien… N’est-ce pas, Nate Robinson (mon pire souvenir) !

Et c’est là tout l’imbroglio de la situation : les joueurs sont autorisés à ne pas parler, et dans le même temps, les journalistes sont autorisés à entrer dans les vestiaires ! Forcément, on en arrive à ces moments suspendus durant lesquels les journalistes du monde entier se regardent en chien de faïence, ou se bidonnent par petits groupes épars, en attendant la venue illusoire d’un Durant, d’un Duncan, et caeteri et caetera…

Les « PR » en première ligne

La NBA pensait avoir résolu le problème en inventant le poste de « PR », des public relations. C’est ce monsieur toujours en costard (avec quelques assistants en général) qui n’est jamais très loin du joueur et que l’on finit par reconnaître en arrière-plan lors des interviews des franchise players. Son rôle d’attaché de presse est de définir le temps imparti aux médias, de gérer les demandes d’interview des télés, de modérer le débat grosso modo et surtout de congédier sans trop de délais (et selon les préférences des joueurs).

En guise de conclusion, je vous livre cette anecdote qui résume assez bien l’ambiguïté des règles qui définissent les relations entre la presse et les joueurs.

Lors des dernières Finals, San Antonio s’impose à la maison pour le match 5. L’émotion est à son comble pour la troupe de Popovich, Duncan, Parker et Ginobili. Le trophée arrive lentement mais sûrement sur le podium monté à la va-vite sur le parquet de l’AT&T Center. Je débarque alors de ces affreux monte-charges qui nous servent d’ascenseurs et me précipite vers le parquet. Je vois une foule immense autour des nouveaux champions, déjà en scène. Ça bouge dans tous les sens, les spectateurs des premiers rangs ont déjà (de joie) envahi les planches.

Je m’avance incognito quand un cordon de sécurité se monte juste devant moi. La guigne ! Un collègue anonyme que je suivais à la trace s’engouffre de l’autre côté. Considérant rapidement la situation, je suis face à un choix cornélien : soit je brave les interdits pour me fondre dans la masse, soit je respecte l’autorité des instances NBA qui viennent de me dire que je ne suis pas accrédité pour aller sur le terrain (pendant cette célébration).

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Finalement installé sur mon bout de terrain, au niveau du panneau, je contemple la scène. Un peu déçu, ce goût amer s’efface vite ! Merde, je me rends compte que je suis en train de m’extasier sur David Robinson qui surplombe la folle audience texane ! Le trophée est brandi par Tim Duncan devant une foule en délire. Kawhi pousse son cri de MVP…

 

Je repense à mon sticker « I love this game » posé sur mon bureau d’ado.

 

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