Nous l’avions retenu dans notre guide de la saison comme le joueur à suivre côté Pacers. La première moitié de l’exercice 2009-10 a confirmé cette prédiction. Roy Hibbert, formé à l’école des pivots de Georgetown, a apporté une dimension athlétique supérieure à Indiana, avec une véritable densité au poste bas.
Crédité de près de 11 points, 5.7 rebonds et 1.8 contre de moyenne en seulement 24 minutes, le natif du Queens a marqué les esprits bien au-delà d’Indianapolis. Il compte devenir une vraie force d’impact sous le cercle pour créer une relation extérieur-intérieur avec Danny Granger et Mike Dunleavy.
« Je joue plus décomplexé cette saison », confie le pivot sophomore. « Quand tu es rookie, ton temps de jeu est limité et tu sais que les regards sont focalisés sur toi lorsque tu entres en jeu vu qu’on te connaît peu. Aussi, tu perds facilement tes moyens », résume celui que l’on présente déjà comme le nouveau Dikembe Mutombo.
L’été dernier, comme tous les joueurs qui veulent s’affirmer, Hibbert a travaillé ses points faibles. Son jump hook, par exemple, qui lui permet de passer au-dessus des dernières lames défensives.
« Ma taille (ndlr : 2,18 m) est un atout mais je ne savais pas toujours l’utiliser au mieux. Au poste bas, je dois être agressif et surtout constant car j’ai le physique pour dominer mes adversaires directs. »
Jeff Foster, qui a perdu sa place de starter, acquiesce :
« Dans un avenir proche, Roy deviendra un scoreur dominant. C’est un garçon sur lequel on pourra s’appuyer pour obtenir des points. »
John Thompson a dirigé Hibbert à Georgetown en même temps que Jeff Green, aujourd’hui à Oklahoma City. Il approuve :
« Hibbert va apporter une vraie présence des deux côtés du terrain dans cette Ligue et ce, pour très longtemps. »
Défensivement, Roy Hibbert n’est pas manchot. Avec ses presque 2 contres par match, c’est un mur redouté, d’autant qu’il oppose une masse de plus de 126 kg. Un beau bébé que les fans d’Indiana comparent à l’illustre Rik Smits. Le pivot néerlandais effectua toute sa carrière chez les Pacers, disputant une Finale NBA en 2000 contre les Lakers.
Lors de sa saison rookie, Hibbert ne jouait même pas 15 minutes par match (7.1 pts et 3.5 rbds). Il n’avait jamais marqué plus de 19 points ni pris plus de 9 rebonds dans un match. A ce jour, il a réalisé 7 double-doubles avec notamment 14 rebonds au Madison Square Garden le 4 novembre et 27 points contre New Orleans le 16 janvier.
Le New-Yorkais était « programmé » pour jouer au tennis. Ses parents l’avaient inscrit très tôt dans une école du côté de Washington, où la petite famille résidait. Il prit également des cours de piano. Seulement, Roy n’avait aucune passion particulière pour ces deux hobbies.
« C’est le basket qui m’a réellement permis de m’éclater », explique-t-il aujourd’hui sans en vouloir à ses parents. « Ils ont cru bien faire mais la réalité, c’est que je n’avais aucun don particulier pour la musique et le tennis. »
Le coach d’Indiana, Jim O’Brien, peut se féliciter d’avoir récupéré ce centre imposant via un trade avec Toronto en juillet 2008. Les Pacers avaient envoyé Jermaine O’Neal, notamment, chez les Raptors contre Roy Hibbert, Rasho Nesterovic et Maceo Baston.
« Roy est en progrès constants depuis l’année passée. Il a patienté sagement, il a vu à quel niveau il allait devoir jouer et cette saison, il évolue à un échelon supérieur », note son entraîneur.
Attention quand même à ne pas s’essouffler trop vite. Début décembre, le n°55 est sorti du cinq majeur, victime entre autres du retour de Troy Murphy. Ça n’a pas duré longtemps puisque Hibbert totalise 38 titularisations. Indiana a disparu de la carte des playoffs depuis la saison 2005-06. Avant l’entame de l’édition 2009-10, le journal local, « Indianapolis Star », détaillait les cinq raisons d’espérer. A aucun moment le nom d’Hibbert n’était mentionné. Injuste oubli.