Dimanche dernier, les Bucks coulaient au Staples Center, incapables de dépasser la barre des 35% de réussite dans un match à complètement oublier.
Ancien pensionnaire de UCLA, le Camerounais Luc Richard Mbah a Moute n’a pas brillé non plus sur des terres qu’il connait bien. Revenu de blessure début décembre, il peine à retrouver son niveau d’une brillante saison rookie.
Basket USA est allé à sa rencontre quelques minutes après la douche froide des Lakers. Entretien exclusif.
Luc, dans un match comme celui-là, c’est difficile de ne pas décrocher et de rester dans la partie?
C’est très difficile car eux aussi étaient maladroits au départ, ça ne rentrait pas des deux côtés et il n’y avait pas beaucoup d’intensité. Ils ont pris genre 20 points d’avance puis quand on est revenu on a pris des paniers démoralisants. Donc oui c’est difficile mais on a essayé de jouer jusqu’au bout, même si ce soir pas grand chose ne rentrait.
Et pour un joueur comme toi, quand l’intensité fait défaut ça ne doit pas rendre ta tâche facile non?
Bien sûr. En plus je prends deux fautes en début de rencontre et donc après je dois contrôler et faire attention à ne pas être trop agressif. Mais bon c’est le genre de défaite dont on doit apprendre pour continuer à avancer.
Après une très bonne saison rookie, la confirmation n’est jamais facile. Comment tu juges pour l’instant ces trois premiers mois de compétition ?
C’est plus difficile mais je sais comment me préparer, je sais ce qui m’attend donc c’est aussi un avantage par rapport à l’an dernier. J’ai commencé la saison avec une blessure et je n’ai pas encore retrouvé mon rythme et mon jeu à 100% depuis que je suis revenu. Faut continuer à bagarrer et je pense que ça va revenir petit à petit.
Tu as été toi-même surpris par ta saison rookie ?
Oui, je pensais que ça serait beaucoup plus difficile. J’ai su profiter des opportunités et je continue de le faire.
Ta préparation estivale, mentalement, a été différente ?
Oui car là je savais que les autres joueurs me connaissaient, ils savent que je suis un gros défenseur, que je prends des rebonds et que j’attaque assez bien donc il n’y a plus d’effet de surprise. Ils se préparent et donc toi aussi tu dois faire ça et bosser différents aspects de ton jeu. Moi je me suis beaucoup concentré sur mon shoot pour l’améliorer et continuer à surprendre les autres.
Et ces Bucks 2009/2010 sont-ils très différents de la saison passée ?
Oui, l’an passé l’équipe était plus expérimentée. Sans les blessures en milieu de saison, on aurait pu faire les playoffs. Il y avait du talent et de l’expérience. Là, le talent est resté mais on est beaucoup plus jeune. On doit faire avec mais c’est vrai que le manque d’expérience nous fait défaut sur certains matches.
Cela veut-il dire que l’ambition est revue un peu à la baisse ?
Pas du tout. C’est juste deux équipes différentes, mais l’ambition reste là. Surtout que là, tous les joueurs ont vraiment envie d’apporter tous les soirs, à chaque match. La passion est énorme.
Quand tu es entré à UCLA, c’était d’abord pour les études ou tu ambitionnais déjà de devenir professionnel en NBA ?
Les deux. Je suis aux Etats-Unis depuis le lycée, à Orlando et UCLA m’a recruté. C’est une des meilleurs universités du pays, j’ai eu une bourse pour aller jouer au basket. Et en même temps j’allais pouvoir faire mes études. Je suis resté trois ans et fait trois Final Four d’affilée, avec deux défaites contre Joakim en finale et demi-finale.
Il y a beaucoup de talents en Afrique mais peu arrivent en NBA, comment ça se fait ?
Ils arrivent, on commence à être plus nombreux. Il y a moi, Didier (Mbenga), Luol (Deng). Il y en a moins qu’avant, c’est vrai mais je pense qu’avec les initiatives que prend la NBA avec des opérations comme « Basketball without Borders », ça va ouvrir des portes. Il y aura des Africains à la prochaine draft, donc il faut juste laisser un peu de temps.
Un petit mot sur Jennings. Il a plus de mal depuis quelques matches, c’est une simple baisse de régime ou ça veut dire qu’il est désormais beaucoup plus surveillé et que ça va être difficile de confirmer ses performances de début de saison ?
C’est un peu des deux. Les équipes se préparent mieux pour le jouer, la ligue le connait. Et puis en tant que rookie, ce n’est pas facile de jouer autant de matches, il n’a pas l’habitude. On en joue trois en moyenne, parfois quatre. Il a encore besoin de temps pour s’adapter à ce rythme là et une fois que ça serait fait, il a le talent pour continuer à enchaîner les bons matches.
Ta nomination dans la “All Rambis Team”, tu la prends comme un honneur ?
Oh que oui, j’en suis très fier. Ma défense, c’est ma marque de fabrique, mon intensité aussi. Donc savoir que c’est reconnu, oui j’en suis fier.
Didier nous disait il y a quelques jours que la réussite en NBA résidait dans la tête et le coeur. Tu confirmes ?
Ce sont surtout les opportunités. La tête et le coeur sont importants, Didier a raison. Mais après, si tu te retrouves dans une équipe où tu ne joues pas beaucoup, tu peux pas atteindre ton potentiel, aussi fort et talentueux sois-tu.
De notre envoyé spécial à Los Angeles, Benjamin Adler