Vendredi dernier, à Toronto, après la victoire 108-102 du Heat sur les Raptors. En sortant des vestiaires, Yakhouba Diawara nous rejoint dans les tribunes vides du Air Canada Center, pour un entretien exclusif.
Détendu malgré une nouvelle rencontre passée entièrement sur le banc, il nous parle de son équipe, des performances de Dwyane Wade, des autres Frenchies, de l’Equipe de France et de lui, de son temps de jeu et de sa vie en Floride.
- Yakhouba, pour commencer, un petit mot sur ton équipe du Miami Heat, notamment suite aux énormes performances actuelles de Dwyane ?
Tout se passe très bien en ce moment. Dwyane fait actuellement des perfs de MVP, durant les huit derniers matchs, il tourne à 36 points, 12 passes de moyennes et presque 60% au shoot (sans les stats des deux énormes derniers matches de Flash face à Cleveland et Chicago en plus, ndlr).
Ça faisait un mois et demi que l’on n’avait pas gagné deux matchs d’affilée donc là on va essayer d’enchaîner car on sait que la suite de la saison va être très difficile, avec les derniers matchs de la saison et trois équipes, notamment les 76ers, qui reviennent bien dans la course. On prend vraiment les matchs comment ils viennent les uns après les autres. - Est-ce que le coach a fixé des objectifs précis pour la saison ?
L’objectif, comme la plupart des équipes, est tout d’abord de se qualifier pour les playoffs. Nous sommes pour le moment cinquième de la conférence Est et il serait bien que l’on finisse quatrième. Une fois qualifiés définitivement, je pense que l’on verra comment ça se passe et on abordera la suite avec d’autres références.« Dwyane mérite d’être MVP »
- Tu comparais les statistiques de Wade à celles d’un MVP. Est-ce que le fait d’évoluer dans une équipe comme le Heat, qui ne fait pas partie des ténors de la ligue comme les Lakers ou Cleveland n’est pas un handicap pour un tel sacre ?
Dwyane, c’est clair que pour moi, avec la saison qu’il fait actuellement, notamment par rapport à la saison passée de l’équipe et avec le renouveau notamment lié à l’arrivée du nouveau coach, mérite déjà le titre de MVP. Mais s’il l’aura, je ne sais pas trop…C’est vrai que l’on a qu’une seule superstar… Cleveland a Ilgauskas, Mo Williams, Delonte West pour épauler James et Kobe et les Lakers peuvent s’appuyer sur des grands joueurs comme Gasol, Bynum ou Odom.
- En ce qui te concerne, comment te sens-tu en ce moment ? Qu’en est-il de ton niveau de jeu personnel ?
Il y a des hauts et des bas. Il faut être présent et rester positif et prendre son mal en patience. Il y a quelques semaines j’étais bien, je faisais partie du cinq majeur, puis bon je suis maintenant sur le banc. Il faut continuer à bosser. Cela fait partie de la NBA, tu ne sais jamais ce qu’il peut se passer…Une blessure ou une défaillance d’un coéquipier peut te faire réintégrer le cinq. C’est toujours à toi de prouver et de rester prêt. Je veux me battre, continuer à progresser pour prouver aux gens ce que je peux faire sur le terrain. Mais bon c’est sûr que c’est assez frustrant de ne pas jouer. - On t’a reproché principalement ton niveau de jeu en attaque. Est-ce que c’est quelque chose que tu travailles particulièrement ?
Je travaille un peu tout. L’attaque oui bien sûr, continuellement, mais aussi mon dribble. J’essaye d’être de plus en plus à l’aise sur le terrain dans tous les domaines du jeu. J’avance de jour en jour et j’attends que l’on me donne ma chance pour prouver sur le terrain mes qualités en attaque. - Comment s’est passé ton intégration dans cette équipe ? Est-ce que le passage des Nuggets au Heat a demandé une grosse adaptation ?
C’est clair que l’approche n’est pas la même. Le système de jeu est différent qu’à Denver. Il y a un temps d’adaptation au début mais après tu changes un peu de profil et tu essayes d’apprendre rapidement les nouveaux systèmes pour prouver ce que tu peux faire sur le terrain. Aux Nuggets, je jouais avec deux superstars, Carmelo Anthony et Allen Iverson. L’équipe était très forte, probablement l’une des meilleures de la ligue, avec des individualités et un talent supérieur à l’effectif du Heat aujourd’hui. Miami est une jeune équipe et le nouveau coach rookie (Erik Spoelstra, devenu le plus jeune coach de la NBA, ndlr), qui suit les traces de son prédécesseur Pat Riley, travaille toujours à sa construction. Du coup, on apprend les uns des autres, c’est une bonne expérience.
« Je veux me battre, continuer à progresser »
- Quand on regarde les joueurs français qui évoluent en NBA aujourd’hui (Parker, Diaw, Pietrus, Turiaf) on se rend compte que vous jouiez tous ensemble en équipe de France juniors. Quelle analyse en fais-tu ? Est-ce pour toi une surprise, une consécration pour les joueurs français ?
Oui c’est vrai on a joué en junior et gagné le championnat d’Europe dans cette catégorie en 2000 avant d’intégrer les Espoirs. Nous sommes maintenant une petite dizaine de français à évoluer en NBA et chaque année, il y a un ou deux français qui franchissent l’Atlantique donc c’est bien, cela prouve que le basket français évolue aussi et s’inscrit dans la continuité avec une formation de qualité. - Que penses-tu de tes collègues français en ce moment? Noah et Diaw semblent avoir fait leur place dans l’effectif des Bulls et des Bobcats sans parler des grosses performances de Parker ?
Oui je pense que pour Joakim ça va de mieux en mieux. Concernant Boris, depuis son changement de club, il s’épanouit plus car il a plus d’opportunités de s’exprimer. Mike Pietrus aussi je pense qu’il fait une bonne année malgré les petites blessures. Et ça va bien pour Nicolas à Portland et pour Ronny avec son nouveau club. Quant à Ajinca et Petro, ils prennent leurs marques en NBA (voir en NBDL pour Ajinca désormais, ndlr) et sont en pleine phase d’apprentissage. - As-tu donné des petits conseils à Johan Petro vu qu’il a rejoint ton ancienne franchise ?
Oui, je lui disais de bien prendre son temps, de jouer à fond et de jouer dur. Il faut être patient, caler certaines petites choses au début puis après, le niveau vient au fur et a mesure. Cela ne sert à rien de vouloir rentrer sur le terrain et marquer 50 points. - On évoquait l’équipe de France dont on a beaucoup entendu parler avec la prise de fonction de Vincent Collet comme entraîneur. Jouer en équipe de France, est-ce un réel objectif pour toi ?
Oui. J’ai bien noté que Vincent Collet avait été nommé comme nouveau coach. J’aimerais prouver des choses en équipe de France et aider à ramener des titres. Il n’y a pas de raison car le talent est là avec des joueurs qui font leur preuve au haut niveau dans différents championnats en France ou à l’étranger. Il faut commencer à travailler ensemble pour se qualifier pour le championnat d’Europe. - Concernant ta vie à Miami, est-ce que tu t’y plais ?
La vie en Floride me plaît beaucoup. C’est tranquille. Ma mère, mes deux sœurs ainsi que mon frère sont passés me rendre visite. Ça se passe vraiment bien. On ne peut pas trop se plaindre quand il fait 25 degrés tous les jours. (Rires) - Mais étant donné l’intensité de la saison de basket ici en Amérique du Nord, est-ce que tu as vraiment le temps d’en profiter ?
Oui, un petit peu, quand tu as un peu de temps, tu peux aller manger avec des amis ou ta copine. Lors des journées de repos, tu essayes de sortir du schéma basket, aller au cinéma par exemple pour te vider un peu la tête car le basket 24 heures sur 24, c’est pas toujours facile mais c’est une passion et un choix ! - Un dernier mot sur ton avenir – pour le moment le vois-tu à Miami ?
On ne sait jamais avec la NBA. Tout peut changer du jour au lendemain mais j’ai signé ici pendant deux ans donc on verra comment cela se passe !