Il y avait les doutes. Une préparation relativement brouillonne, un manque de taille certain et un jeu placé en plein chantier. Et il y a eu Kevin Durant.
Trop long, trop adroit, simplement trop fort, l’ailier du Thunder d’Oklahoma City a éclaboussé la finale de ce championnat du monde (et l’ensemble de celui-ci) de toute sa classe, offrant aux Etats-Unis un titre de champion du monde qui leur échappait depuis 16 ans…
Si le talent de Durant explose aux yeux du monde, ce succès est aussi celui de Mike Krzyzewski. Le coach de Duke, et son staff, ont parfaitement exploité les qualités de leurs joueurs. Rapidement, ils ont fait le choix de Lamar Odom au poste de pivot. Merveilleux d’intelligence de jeu et de combativité, le Laker est l’autre grand bonhomme de cette finale.
Les Turcs, émoussés par leur match de la veille, assommés par les coups de Kevin Durant, n’ont pas pu s’accrocher très longtemps. Ils récoltent tout de même une belle médaille d’argent, salués par un fabuleux public, chantés par toute une nation, battus par plus forts qu’eux (81-64).
D’entrée de jeu, la tension d’une finale était évidemment là, rodant dans les gradins. Elle s’immisçait sur le terrain. Il y avait de l’intimidation avec un échange musclé entre Tyson Chandler et Hedo Turkoglu. L’ailier turc avait d’ailleurs mis son équipe sur les bons rails avec deux tirs longue distance qui permirent aux siens de passer devant. Provisoirement.
Car Kevin Durant était juste au-dessus du lot. Il enchaînait les réussites, jouait propre, récoltait les rebonds. Son coéquipier en club, Russell Westbrook, apportait du jus en sortie de banc. Lui qu’on avait vu hésitant et pas franchement à l’aise à la création en début de tournoi a peu à peu trouvé son rôle. Pour dynamiter une défense fatiguée, pour attaquer les intervalles, le jeune meneur est souvent la mèche. Mais l’explosif, c’était Durant. Alors, il repartait à l’assaut dans le deuxième quart-temps.
Malgré quelques tirs ratés, il retrouvait la distance et scorait à volonté. 20 points pour lui à la mi-temps… Sur les 42 de son équipe. Les Etats-Unis menaient désormais de 10 points. 42-32.
Et c’est encore lui qui prenait les choses en main au retour des vestiaires, dégoûtant définitivement des Turcs qui avaient besoin d’une ligne arrière performante. Mais Tunçeri et Onan se sont fait discrets, étouffés par une pression défensive haute qui gêne les premiers mouvements du ballon, brouille les systèmes et multiplie les pertes de balle.
Quelques bons passages de Semih Erden et Ender Arslan n’y changeront rien. Et c’était désormais l’heure de gloire de Lamar Odom. Injustement décrié, alors qu’on voulait titulariser Kevin Love à son poste, le sixième homme de luxe de Los Angeles profitait des espaces et d’un certain abandon turc pour élever la voix offensivement. Lui qui a travaillé dans l’ombre durant tout le championnat du monde, luttant face à des joueurs plus lourds, plus costauds, plus grands, se voyait enfin récompensé.
Bien loin, les Etats-Unis laissaient s’égrener les minutes jusqu’au coup de sifflet final. Le public félicitait une grande équipe de Turquie qui n’aura pu compter sur un Turkoglu blessé, un Iliyasova en déficit d’adresse et des joueurs globalement fatigués. Mais ce dernier match ne doit pas faire oublier l’impression générale produite sur l’ensemble du tournoi.
Les Etats-Unis, Coach K et Kevin Durant pourront aller récolter leur dû. Avec ses bras longilignes, Kevin Durant n’arrivait pas à soulever les haltères lors du camp rookie. Avec son talent, il vient de porter les Etats-Unis sur le toit du monde.
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