Entre Houston, auteur d’un comeback retentissant en demi-finale contre Duke, et Florida, habitué des retournements de situations dans cette March Madness, la finale NCAA devait se conclure au finish.
À ce petit jeu, Walter Clayton Jr a une nouvelle fois prouvé qu’il était particulièrement à l’aise dans les moments chauds. Si l’arrière de Florida n’a pas été aussi impressionnant offensivement que lors de ses dernières sorties, sa deuxième période a été cruciale dans le sacre des NCAA des Gators contre Houston. Il succède à Tristen Newton (UConn) au titre de « Most Outstanding Player », meilleur joueur du Final Four.
Walter Clayton Jr. rentre dans l’histoire de Florida, après Joakim Noah et Corey Brewer, élus lors des deux deux premiers titres de la fac de Gainesville en 2006 et 2007.
Sa ligne de statistiques sur cette finale semble pourtant presque quelconque (11 points, 5 rebonds, 7 passes décisives), mais elle ne dit pas tout de l’influence du joueur de 22 ans sur son équipe. Elle est aussi le reflet de ce match, longtemps dominé par les Cougars, qui avaient réussi l’exploit de le laisser fanny à la pause, seulement la troisième période de toute la saison sans le moindre point pour la star des Gators.
« Ils défendaient vraiment dur sur Walter et d’autres gars » a insisté Will Richard, facteur X en première période avec 14 des 28 points des siens, en conférence de presse. « Mais Walter a fini avec sept passes décisives. Même quand ils le pressaient aussi fort, il a continué de créer du jeu pour aider l’équipe à gagner. »
« Mon mot d’ordre, c’est qu’on peut tous le faire » a ajouté Walter Clayton Jr à la tribune. « Je sais que si ce n’est pas ma soirée, quelqu’un va prendre mon relais. Nous savons que nous nous soutenons tous tout au long de la saison, c’est ce que l’on a fait toute l’année. Et il n’y avait rien de différent ce soir. La manière dont on l’a emporté, c’est simplement un point d’exclamation sur cette saison. »
Décisif des deux côtés du terrain
S’il a dû attendre 25 minutes pour inscrire son premier point, Walter Clayton Jr. ne s’est pas caché pour autant, loin de là. Après avoir un peu forcé en première période, l’arrière a joué avec bien plus de contrôle, choisissant notamment de ne plus jouer suite à un écran pour faire la différence en un-contre-un en pénétration et éviter d’agglutiner davantage la défense des Cougars sur lui. Ses deux lay-ups avec la faute, puis son panier à 3-points à trois minutes de la fin ont été déterminants pour ramener Florida au coude à coude.
Puis dans les dernières secondes, c’est lui qui vient contester ce qui aurait pu être le tir de la gagne d’Emanuel Sharp sur une excellente lecture du jeu, alors qu’il était à plusieurs mètres au moment de la passe de L.J. Cryer. « On travaille là-dessus à l’entraînement, à monter sur un tir, sauter sur le côté pour ne pas faire faute sur le shooteur » a-t-il expliqué en conférence de presse. « Il a fait une feinte après avoir sauté, et lâché le ballon, donc cela a fini par être une bonne action. »
Après ses tirs décisifs contre Connecticut ou Texas Tech, Walter Clayton Jr a cimenté son nouveau statut de joueur clutch, peu importe les circonstances.
« Pour être honnête, je ne pensais absolument à rien » a-t-il clamé, utilisant exactement les mêmes mots qu’après son shoot pour passer devant à une minute de la fin contre les Red Raiders lors de l’Elite Eight. « J’ai essayé de faire un stop défensif. Nous avons réussi et gagné le match. C’est un sentiment surréaliste, c’est fou. Je n’arrive pas à l’expliquer, mais cela fait clairement du bien. »
Propulsé au 1er tour de la Draft grâce à sa March Madness ?
Walter Clayton Jr. pouvait difficilement faire de meilleurs adieux aux Gators. Après quatre années universitaires, il va désormais quitter la NCAA et sera un nom à suivre pour la prochaine Draft.
Un scénario improbable quelques semaines plus tôt, alors qu’ESPN le plaçait 63e de son classement de meilleurs prospects avant la « March Madness », malgré une place dans le meilleur cinq « All-American » de la saison aux côtés notamment de Cooper Flagg (Duke) ou Johni Broome (Auburn). À 22 ans, Clayton Jr n’avait pas pour lui la perspective d’une marge de progression comme d’autres freshmen moins référencés. Mais avec ses 22.3 points de moyenne durant la March Madness, le voilà désormais candidat à une place au premier tour de la Draft.
« Il a signé les six meilleures semaines de n’importe quel joueur du pays et s’est placé d’une fin de second tour à un premier tour sans la moindre hésitation » assure un scout à CBS.
Le Floridien de naissance s’est attiré les comparaisons avec Stephen Curry pour la qualité de son tir extérieur, à 39.2% cette saison sur près de huit tentatives par match, et 43.5% durant le tournoi national. Son profil entre les postes 1 et 2 – il a été replacé meneur titulaire pour la première fois cette saison – laisse aussi imaginer un profil proche d’un Jamal Murray. Et après avoir participé à quelques « workouts » avec des franchises l’an dernier sans convaincre, il devrait cette fois être bien plus prisé.
« Si Cooper Flagg est le meilleur joueur du pays, alors ce gamin est juste à ses côtés » l’a salué le coach de Houston, Kelvin Sampson, avant la finale à la chaîne CBS. « C’est un vainqueur. » « Ce Walter Clayton Jr, c’est du très sérieux » a d’ailleurs conclu l’ancien mythique coach de North Carolina Roy Williams.