Qui l’eut cru ? Les Bulls sont une des équipes les plus en forme du moment ! Vainqueurs à Denver la nuit dernière, les joueurs de Billy Donovan viennent de remporter huit de leurs dix derniers matchs, et ne comptent plus que deux victoires de retard sur le Magic, huitième. Ces résultats sont presque inespérés, après avoir laissé filer DeMar DeRozan l’été dernier, puis Zach LaVine peu avant la « trade deadline » début février. Alors qu’on imaginait Chicago (enfin) prêt pour une totale reconstruction, la franchise de l’Illinois s’est réinventée offensivement depuis le départ de Zach LaVine vers les Kings, libérant ainsi le duo Josh Giddey – Coby White.
La paire symbolise la mue des Bulls depuis une vingtaine de matchs par sa nouvelle approche offensive. Celle-ci est plus dans l’air du temps de la NBA avec plus d’alternance entre le tir extérieur et surtout beaucoup plus d’attaque du cercle adverse. En résumé, les Bulls de Billy Donovan ont longtemps joué vite, parmi les meilleures « pace » de la NBA, mais l’exploitait de manière bien peu efficace.
Le départ de Zach LaVine, une libération
Utilisé davantage comme un électron libre capable de coups de chaud pour soulager ses leaders, Coby White est devenu par la force des choses le fer de lance offensif des siens. Et il embrasse ce nouveau style de jeu avec brio, par sa capacité à accélérer le tempo pour mieux déstabiliser les défenses et aller chercher les paniers faciles.
La saison passée, Coby White était utilisé principalement comme porteur de balle sur demi-terrain (32.3% selon Synergy Sports). En 2024/25, l’arrière est beaucoup plus exploité en transition, sur 28.1% de ses possessions jouées, un bond de près de 10 points de pourcentage en un an (19.1%) qui l’a propulsé deuxième meilleur marqueur de toute la NBA dans l’exercice (6.7 points) derrière Giannis Antetokounmpo.
Et quand Coby White ne finit pas les contre-attaques, elles se concluent souvent par un coup de sifflet depuis le transfert de Zach LaVine vers Sacramento. Bons derniers de la ligue au nombre de lancers-francs tentés par match, tout juste battus par les maladroits Warriors au nombre des lancers réussis, les Bulls faisaient partie des équipes les moins portées sur la provocation de fautes de toute la NBA. Sans Zach LaVine, c’est une toute autre histoire.
« J’ai commencé à me rendre compte à quel point je pouvais aller sur la ligne et provoquer des fautes » a expliqué Coby White au Chicago Tribune. « Je ne l’avais jamais vu auparavant. Je n’y songeais pas. »
Surjouer, pas flopper
Cet aspect du jeu fait désormais l’objet d’un travail spécifique pour les deux joueurs, accompagnés par l’assistant Dan Craig à qui il a été confié la tâche de faire de sa traction arrière une machine à provoquer. « Le coach appelle ça des stratagèmes » en rit Coby White au Chicago Tribune. Ils consistent à faire juste ce qu’il faut pour attirer l’attention de l’arbitre et obtenir la faute sans surjouer.
« À chaque fois que je commence à sentir un contact, je trouve un moyen pour le vendre un petit peu plus » explique Josh Giddey, pourtant encore il y a peu à bonne école à OKC, avec Shai Gilgeous-Alexander, un des joueurs les plus habiles pour aller chercher la faute. « Je n’ai jamais été capable d’être ce genre de gars. Certains sont très forts pour exagérer un contact, je ne veux pas dire flopper, mais faire que le contact ait l’air plus gros que ce qu’il est réellement. En arrivant cette saison, je voulais être meilleur à cela et aller sur la ligne des lancers-francs. »
La méthode fonctionne totalement. Josh Giddey est passé de la 151e moyenne de la ligue au nombre de lancers tentés par match (deux tentatives) avant le trade de Zach LaVine à la 33e (5.3 tentatives par match). La progression est similaire pour Coby White, passé de la 81e moyenne (3.3 lancers tentés) à la 32e (5.3 lancers tentés) depuis le 3 février. Le meilleur marqueur des Bulls comptait un record à neuf lancers-francs tentés lors d’un match avant le début de cette saison. Une marque atteinte déjà quatre fois en 2024/25, dont un record en carrière de 14 lancers contre les Kings jeudi dernier !
« Parce qu’ils le veulent bien »
Et tous les moyens sont bons pour attirer le regard du corps arbitral, y compris jouer sur… sa masse capillaire. « Les cheveux aident clairement » assure Coby White avec le plus grand sérieux. « Ce sont toutes ces petites choses. Il y a une part de jeu d’acteur là-dedans, mais tout le monde le fait. Le jeu va tellement vite, vous devez vous assurer que l’arbitre voit ce qui se passe réellement. » Comme une touffe de cheveux soudainement lancée vers l’arrière après un choc près du cercle.
Ce petit artifice ne doit pas occulter les fondamentaux stratégiques derrière ces Bulls nouvelle mouture. Cette hausse du nombre de lancers-francs trouve avant tout sa source dans l’insistance du duo Giddey – White à attaquer le cercle adverse. Les deux joueurs figurent parmi le Top 20 de la ligue depuis début février au nombre de pénétrations par match – Coby White 15e, Josh Giddey 17e -, devenu un part encore plus prépondérante de leur jeu.
L’Australien a presque doublé son nombre de « drives » vers le cercle adverse depuis le départ de Zach LaVine (de 8.7 à 13.5), passant de 3.5 points inscrits sur ces situations par match à 8.1. Soit presque 60% de sa moyenne totale de points sur la période, contre 39.6% auparavant. Plus de rythme, c’est plus de paniers faciles, plus de fautes provoquées et donc plus d’efficacité.
« Je ne m’aidais pas à mettre mon jeu en place » synthétise Josh Giddey. « J’essaie de faire un effort conscient pour aller jusqu’au panier à chaque fois et obtenir des lancers. Cela aide à alimenter la marque. Si vous sentez que vous n’arrivez pas à vous lancer offensivement, aller sur la ligne pour créer cet élan. »
Rien d’étonnant alors à voir les Bulls soudainement bien mieux tourner, avec des succès probants (+31 chez les Lakers, +18 contre Indiana, +12 à Sacramento ou +10 à Denver lundi) et un « road trip » à l’Ouest finalement maîtrisé avec quatre victoires pour deux défaites. Suffisamment pour créer une dynamique en vue de la fin de saison ?
Tirs | Rebonds | |||||||||||||
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Joueurs | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Bp | Int | Ct | Fte | Pts |
Zach Lavine | 42 | 34.1 | 51.1 | 44.6 | 79.7 | 0.3 | 4.5 | 4.8 | 4.5 | 2.9 | 0.9 | 0.2 | 1.5 | 24.0 |
Coby White | 74 | 33.1 | 45.3 | 37.0 | 90.2 | 0.3 | 3.4 | 3.7 | 4.5 | 2.4 | 0.9 | 0.2 | 2.1 | 20.4 |
Nikola Vucevic | 73 | 31.2 | 53.0 | 40.2 | 80.5 | 2.4 | 7.6 | 10.1 | 3.5 | 1.6 | 0.8 | 0.7 | 2.2 | 18.5 |
Josh Giddey | 70 | 30.2 | 46.5 | 37.8 | 78.1 | 1.8 | 6.3 | 8.1 | 7.2 | 2.9 | 1.2 | 0.6 | 1.7 | 14.6 |
Kevin Huerter | 26 | 30.0 | 43.9 | 37.6 | 71.4 | 0.4 | 2.8 | 3.3 | 3.2 | 1.2 | 1.2 | 0.3 | 2.0 | 13.2 |
Ayo Dosunmu | 46 | 30.3 | 49.2 | 32.8 | 78.5 | 0.6 | 2.9 | 3.5 | 4.5 | 1.5 | 0.9 | 0.4 | 2.3 | 12.3 |
Tre Jones | 18 | 25.3 | 57.2 | 50.0 | 88.2 | 0.9 | 2.3 | 3.2 | 4.9 | 0.8 | 1.1 | 0.3 | 1.2 | 11.5 |
Patrick Williams | 63 | 25.0 | 39.7 | 35.3 | 72.3 | 0.7 | 3.1 | 3.8 | 2.0 | 1.4 | 0.8 | 0.5 | 1.4 | 9.0 |
Matas Buzelis | 80 | 18.9 | 45.4 | 36.1 | 81.5 | 0.7 | 2.8 | 3.5 | 1.0 | 0.9 | 0.4 | 0.9 | 1.6 | 8.6 |
Zach Collins | 28 | 19.7 | 54.1 | 30.0 | 88.4 | 2.3 | 4.4 | 6.7 | 2.1 | 1.3 | 0.5 | 0.5 | 2.2 | 8.6 |
Jalen Smith | 64 | 15.0 | 46.6 | 32.4 | 80.9 | 1.4 | 4.2 | 5.6 | 1.0 | 0.6 | 0.3 | 0.7 | 1.5 | 8.2 |
Lonzo Ball | 35 | 22.2 | 36.6 | 34.4 | 81.5 | 0.7 | 2.7 | 3.4 | 3.3 | 1.2 | 1.3 | 0.5 | 1.6 | 7.6 |
Torrey Craig | 9 | 12.5 | 48.9 | 42.9 | 75.0 | 0.9 | 1.9 | 2.8 | 0.6 | 0.0 | 0.2 | 0.1 | 1.7 | 6.9 |
Talen Horton-tucker | 58 | 12.5 | 45.7 | 33.6 | 73.5 | 0.3 | 1.4 | 1.7 | 1.4 | 0.7 | 0.4 | 0.2 | 1.0 | 6.5 |
Julian Phillips | 79 | 14.2 | 44.6 | 32.7 | 78.9 | 0.8 | 1.3 | 2.1 | 0.5 | 0.3 | 0.5 | 0.3 | 1.4 | 4.6 |
Dalen Terry | 73 | 13.5 | 44.8 | 35.6 | 71.0 | 0.5 | 1.2 | 1.7 | 1.3 | 0.7 | 0.6 | 0.2 | 1.6 | 4.5 |
Jevon Carter | 36 | 8.9 | 37.7 | 33.3 | 80.0 | 0.1 | 1.0 | 1.1 | 1.1 | 0.3 | 0.4 | 0.1 | 0.4 | 4.3 |
Chris Duarte | 17 | 4.4 | 46.2 | 40.0 | 75.0 | 0.3 | 0.9 | 1.2 | 0.5 | 0.1 | 0.0 | 0.0 | 0.4 | 2.1 |
Adama Sanogo | 4 | 5.4 | 57.1 | 0.0 | 0.0 | 1.3 | 0.3 | 1.5 | 0.3 | 0.3 | 0.0 | 0.0 | 0.3 | 2.0 |
Jahmir Young | 6 | 4.9 | 80.0 | 50.0 | 100.0 | 0.2 | 0.3 | 0.5 | 1.0 | 0.2 | 0.0 | 0.0 | 0.3 | 1.8 |
E.j. Liddell | 12 | 4.4 | 53.3 | 30.0 | 100.0 | 0.3 | 0.5 | 0.8 | 0.3 | 0.2 | 0.1 | 0.1 | 0.9 | 1.8 |
Emanuel Miller | 6 | 4.1 | 50.0 | 0.0 | 100.0 | 0.7 | 0.7 | 1.3 | 0.3 | 0.0 | 0.2 | 0.0 | 0.5 | 1.7 |