Il suffit de jeter un œil au classement de la conférence Ouest, avec Minnesota et Oklahoma City aux premières places et les Lakers et Golden State en difficulté, pour comprendre que la NBA est désormais bien embarquée dans une phase de transition, avec la prise de pouvoir d’une nouvelle génération.
Les carrières de LeBron James, Stephen Curry et Kevin Durant, les trois plus grosses stars encore en activité de quinze dernières années, se rapprochent de la fin. Celles de Shai Gilgeous-Alexander, de Tyrese Haliburton ou d’Anthony Edwards entrent dans leur période dorée.
Puisque toutes les stars de la NBA sont réunies le temps du All-Star Game, ce week-end des étoiles sert de baromètre idéal pour relever les signes d’un passage de flambeau vers la nouvelle génération.
« Il y a beaucoup de choix dans ce groupe de 24 joueurs », constate Stephen Curry. « On voit Luka [Doncic], Ant [Edwards], Shai [Gilgeous-Alexander]… Des gars qui arrivent vraiment dans la fleur de l’âge et qui ont déjà été distingués comme All-Stars et dans des All-NBA Teams. Je pense qu’il faut prendre conscience de l’authenticité qui entoure tout ça, comme Bron, KD et moi l’avons fait. Nous avons essayé de le faire à notre manière, et cela peut sembler différent pour d’autres. Mais la NBA est entre de bonnes mains en termes de jeunes talents qui, je pense, ont conscience de l’ampleur de la plateforme dont nous disposons tous. »
Anthony Davis fait la promo’ de Shai Gilgeous-Alexander
À l’Ouest, Shai Gilgeous-Alexander avait justement éjecté Stephen Curry du cinq de départ et il a inscrit 31 points. À l’Est, Tyrese Haliburton a pris ses responsabilités devant son public avec 15 de ses 32 points inscrits dans les quatre premières minutes du match. Jaylen Brown (36 points), Karl Anthony-Towns (50 points) les ont secondés, alors que Damian Lillard a fait de la résistance en allant chercher le titre de MVP.
Samedi matin, Anthony Davis partageait avec nous son sentiment sur le leader du Thunder. Pour lui, « SGA » mérite plus de reconnaissance.
« On entend parler de Shai mais pas autant qu’il faudrait. Ça fait maintenant deux ans que le Thunder surprend et c’est lui qui en est le principal responsable. Ils ont beaucoup de jeunes joueurs, et ce qu’il arrive à faire pour cette équipe, pour cette franchise depuis deux ans, c’est fort. Il devrait être davantage reconnu. »
Le retrait clair de LeBron James pendant tout le week-end, jusqu’à quelques heures avant le début du All-Star Game dimanche, a également permis de redistribuer les cartes d’un point de vue médiatique.
Cette année, ce sont Anthony Edwards, Luka Doncic, Devin Booker et Jaylen Brown qui ont attiré le plus de monde devant leur podium. Sans oublier Victor Wembanyama si on inclut les joueurs qui n’étaient pas All-Stars.
Victor Wembanyama bientôt intégré à cette nouvelle génération
Futurs Hall Of Famer, Stephen Curry, Kevin Durant et Giannis Antetokounmpo sont aussi passés par cette étape. Tout comme Anthony Davis (30 ans) et Paul George (33 ans), qui se contentent désormais de faire acte de présence au All-Star Game. Devant son ancien public, « PG13 » n’avait aucune envie de viser le titre de MVP.
« Absolument pas, » répond-il avec un grand sourire. « Ce n’est plus de mon âge. » Cette nuit, il n’a pas dépassé les 10 minutes de jeu sur le terrain.
Ce sujet de transition, ou de passage de flambeau, était sur toutes les lèvres pendant le week-end. De nombreux All-Stars se disaient d’ailleurs peu préoccupés par l’après LeBron. Les superstars ne manquent pas.
Etre le visage d’une franchise avant d’être celui de la NBA
Pour sa part, LeBron James préfère ne pas désigner un successeur attitré, pour éviter de mettre la pression sur qui que ce soit. Pour le quadruple MVP, cette transition se fera de façon naturelle mais elle s’accompagne d’une pression décuplée, qu’il faut savoir accepter et gérer.
« Quand je suis arrivé en NBA, je ne me voyais pas comme le prochain Michael (Jordan) ou son successeur. Mon état d’esprit était de me dire que j’étais l’un des 450 joueurs de notre ligue et que j’avais tout à prouver. Jamais je n’ai pensé être le visage de la ligue même si j’étais conscient que j’étais devenu le visage d’une franchise alors que je n’avais que 18 ans et c’était une situation stressante. »
Pour le futur quadragénaire, il est inutile de désigner quiconque de la nouvelle génération comme « nouveau visage de la NBA ». On l’a vu récemment avec Zion Williamson ou Ja Morant, c’est sur la durée qu’un visage se dessine et sort du lot. Pour Jayson Tatum, cité parmi les prétendants, seule la victoire permet de faire le tri.
« Nous avons actuellement un groupe de jeunes joueurs qui font à la fois partie de l’élite de notre ligue sur le terrain, mais qui ont également un super impact hors du terrain. Mais je ne pense pas qu’on puisse nommer quelqu’un comme étant le nouveau visage de quoi que ce soit, » insiste LeBron James. « Ça doit venir de façon naturelle et on verra sur quoi ça débouchera. Peu importe qui endosse ce rôle à l’avenir, c’est une responsabilité qu’il faut accepter et prendre au sérieux. »
Propos recueillis à Indianapolis.