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Les Bleus, les Sixers, les « big men », la défense en NBA… La très grosse interview de Nicolas Batum

NBA – Absent contre les Warriors cette nuit, Nicolas Batum a pris le temps de répondre aux questions de Basket USA pour faire un tour d’horizon de la NBA, de son évolution, et de l’Equipe de France.

Nicolas BatumBien installé dans le cinq majeur des Sixers depuis son transfert en novembre dernier, Nicolas Batum n’était pas sur le terrain avec ses coéquipiers pour défier les Warriors la nuit dernière. Après un mois de janvier chargé, les Sixers l’ont mis au repos sur ce deuxième match d’un back-to-back d’un « road trip » de cinq matchs qui se terminera dans la nuit de jeudi à vendredi à Salt Lake City face au Jazz.

Les malheurs des Sixers ont toutefois fait le bonheur de Basket USA. Son absence a permis au capitaine de l’Equipe de France de nous accorder un long entretien, avant et après la rencontre, pour discuter de nombreux sujets chauds. Comme l’approche de Nick Nurse, l’évolution du jeu des intérieurs en NBA, ou encore son rôle avec les Sixers en prévision de l’Equipe de France.

Proche de Kenny Atkinson, après leur passage commun chez les Clippers, Nicolas Batum nous a également éclairés sur l’arrivée de l’assistant coach des Warriors chez les Bleus.

LE LOAD MANAGEMENT

Nicolas, vous ne jouez pas ce soir. Est-ce que vous vous êtes blessé la veille à Portland ou c’est plutôt de la précaution avec le back-to-back ?

Entre les deux. En fait, c’est de la précaution par rapport à une blessure que j’ai eue auparavant. C’est vrai que j’ai pas mal enchainé là depuis plusieurs matchs. C’est le genre de matchs qui peuvent être problématiques, en back-to-back, avec beaucoup de temps de jeu depuis trois, quatre matchs. En plus j’étais malade la semaine dernière et j’avais quand même joué. Donc ils m’ont dit de prendre un match pour souffler et de faire attention à une blessure que j’ai eu au mois de décembre, au quadriceps.

Du coup, vous êtes en mode « load management »…

(Il rigole) En gros, c’est ça.

Plus sérieusement, sur ce même sujet, la NBA a annoncé qu’il n’y avait aucune preuve scientifique au bénéfice du « load management ». Les mentalités sur le sujet ont changé depuis votre arrivée en NBA mais en pratique, qu’en pensez-vous ?

Dans mon cas, c’est vraiment une gestion de blessure. C’est pas du load management dans le sens général du terme. Je me suis vraiment blessé il y a quelques semaines aux ischios et j’ai ressenti une petite pointe la veille donc c’était plus pour ne pas prendre de risque et ne pas tirer dessus.

De manière générale, sur le débat autour du « load management », où est-ce que vous vous situez ?

Chacun gère son corps comme il peut. C’est dur de parler sur le ressenti de chacun donc pour moi… C’est un faux débat. Ça dépend comment tu te sens, comment tu peux ou veux te gérer sur le long terme. Ça dépend des joueurs aussi. C’est pas la même gestion pour lui (il montre des yeux Joel Embiid, assis à sa droite), que pour lui (Marcus Morris, à sa gauche). Pour moi, c’est vraiment du cas par cas. Cela dit, je peux aussi me mettre à la place des fans, mais je comprends aussi la position des joueurs quand tu dois essayer de gérer ta saison.

En parallèle à ce sujet, il y a eu beaucoup de critiques sur l’absence de Joel Embiid à Denver. Ça a alimenté le débat sur la nouvelle règle de participer au minimum à 65 matchs de saison régulière pour être éligible aux trophées individuels. Que pensez-vous de cette règle ? Est-ce qu’elle est nécessaire, selon vous ?

C’est une règle qui est mis en place mais… C’est tout. C’est juste une règle… Après dans cette équation, il ne faut pas oublier les blessures. Ça fait partie du jeu et si tu rates une vingtaine de matchs parce que tu es blessé… Tu n’y peux rien.

NICK NURSE COMME COACH

Vous restez sur quatre défaites de suite avec plusieurs joueurs majeurs absents, est-ce que vous gardez un oeil sur le classement ou est-ce que l’objectif est d’arriver à la pause du All-Star Game pour souffler et repartir pour la dernière ligne droite de la saison régulière ?

Avant le All-Star Week-end, tu ne fais pas forcément attention à ça. Tu sais où tu en es mais tu ne focalises pas à fond la dessus. Évidemment, ça dépend de ton classement. Dans notre situation, ce n’est pas quelque chose d’essentiel. L’important, c’est davantage la façon avec laquelle on joue. Une fois que le All-Star Game est derrière toi et qu’il reste 20-30 matchs à jouer, là tu commences vraiment à garder un œil sur le classement match après match. Mais là, aujourd’hui, on n’est pas à 100% concentré sur notre place au classement.

Après Ty Lue, vous jouez pour Nick Nurse. Ce sont deux coachs connus pour être très stratégiques et innovants. Est-ce que vous pouvez comparer leur style ? En quoi sont-ils similaires et/ou différents ?

Oula… En fait, les deux sont différents. Mais leur style est proche et il y aussi beaucoup de similitudes dans leur approche. Ils donnent tout deux beaucoup de libertés dans le jeu. Nick Nurse, son discours, c’est « Tout ce que je veux c’est que tu sois toi-même sur le parquet, personne d’autre. » Moi, il m’a dit : « Je veux que tu sois Nicolas Batum et que tu apportes tes points forts à l’équipe ». Donc au final, c’est assez simple de jouer pour lui, et c’était pareil pour Ty Lue. Et puis, dans les deux cas, ce sont des équipes avec des bons joueurs autour donc ça rend mon rôle très clair. À Philadelphie, mon rôle c’est de faire tourner la machine tout en étant moi-même et ce sont deux objectifs qui sont alignés, c’est pour ça que je joue pas mal. Je suis titulaire, je joue beaucoup. Avec Ty Lue, le temps de jeu était différent parce que l’effectif était plus dense, avec plus de gros joueurs mais mon rôle était similaire. La seule différence, c’est le temps de jeu mais les responsabilités et le rôle sont similaires.

Est-ce qu’il y a des choses dans l’approche de Nurse qui vous ont surpris ? Par exemple, vous pouvez défendre tout terrain sur Tyrese Haliburton un match, puis défendre sur Nikola Jokic l’autre. Est-ce que ça fait simplement partie de ce que vous venez de décrire ?

Oui parce que je le faisais aussi avant. Je le faisais déjà à L.A., je faisais même ça aux Blazers ! L’année dernière, j’étais numéro un en NBA dans la « polyvalence défensive » donc ce n’est pas nouveau. Je ne sais pas pourquoi ça surprend cette année ou c’est quelque chose que les gens remarquent alors que les deux dernières années, dans le pourcentage de polyvalence, j’étais numéro un sur toute la NBA. Ce n’est pas nouveau de cette année.

QUEL ROLE APRES 15 SAISONS EN NBA ?

Est-ce que c’est une source de fierté de pouvoir continuer à faire ça dans votre 15e saison ?

En fait, j’essaie de tout faire pour pouvoir rester dans cette ligue. J’ai toujours essayer d’évaluer et d’évoluer depuis le début de ma carrière. Au début j’étais ceci, après j’ai été un « point forward », après j’ai été autre chose, après j’ai eu ma période de quatre mois à Charlotte où ça s’est mal passé. Mais c’était quatre mois où je me suis vraiment demandé ce que je pouvais faire pour rester dans cette ligue tout en ayant un impact. Et j’ai dû tout changer, trouver un autre rôle. Je ne dis pas que je suis le meilleur dans cette adaptation et dans cette évolution mais j’essaie d’avoir un apport et un effet sur le jeu que ce soit offensivement mais aussi défensivement… C’est Mo Bamba qui m’a dit un jour : « Tu commences le match sur Murray et tu le finis sur Jokic ! » Personnellement, ça me va, et ça fait partie de ce que je suis maintenant et de mon rôle dans cette équipe.

On parle d’évolution, on parle de vos 15 saisons NBA, et je me souviens, quand vous étiez à Charlotte, vous m’aviez dit qu’avant la fin de votre carrière vous souhaitiez jouer pour une franchise historique. J’imagine que les Sixers font partie de ce gratin de la NBA pour vous, mais est-ce que Nicolas Batum peut expliquer aux lecteurs qui n’ont pas connu les heures dorées des Sixers ce qu’ils représentent dans l’univers NBA ?

Bien sûr, les Sixers sont dans cette liste de franchise historique. Tu sais, quand tu grandis comme fan de la NBA dans les années 90, tu rêves de certaines franchises forcément. Moi, c’était les années 90 avec les Bulls. Je me suis dit, qu’un jour, je rêverais de porter le maillot des Bulls et de jouer contre New York parce qu’il y avait cette rivalité entre les deux franchises. Pareil au début des années 2000 avec les Lakers. En tant que gamin, ce sont des rêves de porter ce maillot là ou de faire partie d’une franchise qui fait rêver. Après quand t’es dans le business même, c’est différent. Parfois tu peux choisir ton équipe et ta prise de décision peut être influencer par ça. Forcément, ça dépend des situations mais aujourd’hui, je suis plus trop dans cette idée même si les Sixers, comme tu le disais, c’est une équipe très historique. Et depuis mon arrivée, c’est quelque chose que je ressens. Dans la ville, tu ressens cette histoire du club et quand tu joues pour les Sixers, partout où on va il y a beaucoup de fans. Et c’est la première fois que je vis ça. Par exemple, tu joues chez toi contre Boston, et dans la salle tu vas voir beaucoup de fans des Celtics, pareil pour les Knicks mais avant j’aurais pas mis les Sixers dans le même lot, Et pourtant, partout où on va il y a une énorme « fanbase » des Sixers. Bon, t’as les Knicks, les Celtics, et les Lakers qui sont au dessus mais les Sixers sont juste en dessous. C’est assez impressionnant et c’est vraiment quelque chose qui m’a agréablement surpris.

JOUER AVEC UN PIVOT DOMINATEUR

Dans votre carrière, comme vous le disiez, vous vous êtes réinventé. Vous avez joué avec un meneur star à Portland (Damian Lillard) et à Charlotte (Kemba Walker), vous avez joué avec des ailiers stars aux Clippers (Kawhi Leonard / Paul George), maintenant vous jouez avec un pivot dominant. Est-ce ça change votre approche pour être aussi efficace et utile que possible dans avec ce type de star et dans ce type de système ?

Oui et non parce que j’ai déjà joué avec un combinaison de meneur/pivot. Dame (Lillard) et LaMarcus (Aldridge), Kemba (Walker) et (Al) Jefferson, le duo Kawhi (Leonard) – PG aux Clippers c’était un peu différent mais là avec lui (il montre des yeux Joël Embiid, toujours assis à côté)… C’est particulier… Avec lui, c’est vraiment un truc de malade, quand même. Il a un jeu qui colle bien au mien. Dans notre département d’analytics, ils me disaient que mon jeu en mouvement sans ballon est au-dessus en terme d’efficacité avec lui sur le terrain. Mes chiffres sont vraiment au dessus parce que je bouge beaucoup, j’essaie de libérer des espaces en coupant, je fais beaucoup de choses qui ne se voient pas mais que nos analystes traquent et voient. C’est la raison pour laquelle mes minutes sont calquées sur les siennes, et aussi parce que c’est quelque chose que lui-même demande parce que j’essaie de faire toutes ces petites choses qui vont le libérer et lui rendre la vie plus facile. Et moi, ça me va forcément. J’ai fait la blague l’autre jour qu’on avait mis 75 points à nous deux. Et c’est pareil avec Tyrese (Maxey).

Au moment du transfert, vous imaginiez un tel rôle ?

Ce que j’aime bien, c’est que j’ai 35 ans maintenant et que je joue plus de 24 minutes par match dans une équipe qui joue quelque chose. Donc c’est pour ça que je me pose tout le temps la question de qu’est-ce que je peux faire pour continuer à jouer dans une équipe… pas une équipe nulle. Une équipe qui peut prétendre à quelque chose. Et puis je sais que pour cet été, je ne sais pas quel rôle j’aurais si je suis sélectionné, mais je sais que je pourrais apporter la même chose. J’arrive à jouer sur un bon rythme, je prends des meneurs tout terrain, je ne suis pas à la ramasse physiquement. En attaque je cours tout le temps, je suis toujours en mouvement. Donc c’est le même cheminement pour cet été. Qu’est-ce que je peux apporter cet été si on rajeunit le groupe France ? Et j’en ai parlé à Victor (Wembanyama) la semaine dernière. Je vois Vincent (Collet) la semaine prochaine. Je suis prête à m’adapter à n’importe quoi.

C’est tout à votre honneur de vous mettre au service du collectif que ce soit avec les Sixers ou en Bleus parce que ce n’est pas forcément une perspective que tout le monde accepte. On l’a vu à de nombreuses reprises en NBA…

Je ne suis pas bête non plus (il sourit) ! J’ai aussi dit des choses cet été mais je sais aussi où j’en suis dans ma carrière…  Je sais où j’en suis, je sais qui je suis, je ne suis pas bête. Ce que je veux avant tout, c’est mettre l’équipe de France dans les meilleures conditions. Ce n’est pas pour moi que j’ai fait tout ça parce que dans un an pour moi l’équipe de France c’est fini. Je veux juste que ça continue, que ça soit lancé. Il y a tellement de gamins qui arrivent… Ce que nous sommes en train de voir cette saison forcément mais aussi la prochaine Draft, elle va être folle. Il y a des ailiers qui arrivent, c’est bien ! Je suis content, les postes 3 arrivent enfin !

On évoquera l’équipe de France pour terminer mais je voulais revenir sur Joël Embiid. Vous l’affrontez depuis plusieurs saisons, maintenant que vous êtes coéquipiers, est-ce que vous pouvez mettre le doigt sur ce qui a changé dans son jeu, dans son état d’esprit depuis deux saisons, qui fait qu’il soit encore plus dominant ou est-ce simplement la façon dont il est utilisé ?

Je pense que c’est son utilisation qui est différente. Je n’ai pas le souvenir qu’il soit utilisé comme ça. Il y avait beaucoup de pick & roll avec Harden, il était très fort en post up mais là son jeu poste haut est vraiment impressionnant. Et là où il est très fort cette année et c’est ce qui m’a tout de suite frappé après mon transfert et c’est qui m’impressionne de plus en plus c’est son « playmaking ». Il a vraiment évolué par rapport à ça et en plus il marque encore plus de points qu’avant ! Donc ce n’est pas son scoring, pour moi c’est la création. Avant il tournait à 4 passes, maintenant il est à plus de 6,5. Il a déjà fait trois triple double. Je crois qu’il a aussi réalisé deux double double récemment avec points et passes. Il a fait quelques matchs à 10 passes et en plus il fait ça sans forcer, la plupart du temps en trois quart-temps. Les triple double et les matchs à 10 passes en trois quart-temps… Ce n’est pas du Jokic mais dans sa création il n’est pas non plus ridicule. Et puis, il ne faut pas oublier que défensivement, il est également monstrueux. Donc c’est vrai qu’il a un apport sur le jeu qui est incroyable.

LE RETOUR AU PREMIER PLAN DES PIVOTS

Vous mentionnez Jokic, à eux deux ils se partagent les trois derniers titres de MVP. Avant eux, c’était le doublé de Giannis Antetokounmpo, qui n’est certes pas un pivot mais qui est un grand hybride. On a aussi l’arrivée de Wemby, de Chet Homlgren. Est-ce que ça dénote une redéfinition ou une évolution du poste 5 qui avait été mis en retrait pendant plusieurs années avec l’avènement des Warriors ?

C’est sûr qu’il y a une période où les Warriors avaient mis ce jeu en place et ça avait marché. Le « small ball » avec Draymond Green et Iguodala, ça avait marché. Même si beaucoup d’équipes ont essayé de les copier, au final ça a vraiment marché que pour eux. Mais si tu regardes après les Warriors, en 2019 tu as les Raptors de Kawhi (Leonard) où il avait Siakam, Serge (Ibaka), et Marc Gasol, donc trois « big men » qui n’étaient pas dominants mais qui avaient un vrai impact dans le jeu. Et après c’était reparti, 2020 c’est Anthony Davis, Dwight (Howard), JaVale McGee. Après le titre de 2018, il n’y a aucune équipe qui a réussi à gagner avec le modèle des Warriors, c’était vraiment que eux. Tous les champions après eux avaient deux ou trois « big men », et c’est ce modèle là qui a quasiment gagné à chaque fois. C’est Toronto, c’est les Lakers, c’est Milwaukee, c’est…

Les Warriors en 2022 comme exception à la règle ?

Parce que ce sont les seuls qui peuvent le faire à chaque fois. C’est la seule équipe qui arrive à faire ça parce que pour que ça marche, il faut shooter très bien à l’extérieur. Et on peut dire qu’ils shootent très bien à l’extérieur (il rigole), vu qu’ils ont les deux meilleurs shooteurs de l’histoire. C’est la seule équipe qui pouvait faire ça en small ball, je pense. C’est pour ça que pour moi ce n’est pas un retour des « big men ». Et d’ailleurs c’est pour ça que les Warriors ont été une dynastie extraordinaire, unique mais les « big men » n’ont jamais été sorti du jeu.

La nuance vient dans le style de « big man » alors. Quand on parle de « big man », la plupart des gens ont l’image des grands auxquels on donne la balle poste bas à la Shaq, alors que maintenant les big men….

Maintenant il y a une évolution du jeu des « big men ». Tu prends lui (il montre le siège d’Embiid), c’est du poste haut alors qu’il a un physique à la Shaq. Jokic il joue meneur. Giannis, c’est un « point forward ». Wemby, il fait des choses… il fait des shammgod maintenant (il imite le mouvement tout en secouant la tête) et il finit ça en bras roulé. Chet, il a quand même un jeu de 4, 3 en étant un poste 5. Je regardais des vidéos cet été des jeunes et il y avait un croate de 2m20 qui jouait meneur et je me disais : « Non mais c’est quoi ça ! Il est temps de partir, Nico ! (Il s’esclaffe) C’est fini pour toi ! »

LA DEFENSE EN NBA

Nicolas, on a fait référence à la domination d’Embiid. Il a marqué 70 points, Doncic en marque 73, et on repart sur le débat de la défense en NBA. Beaucoup de monde pense que ça ne défend pas en NBA…

C’est pas vrai…

Pensez-vous qu’il faille toutefois adapter certaines règles ou leur interprétation, comme le disait récemment Steve Kerr, pour retrouver un meilleure équilibre attaque/défense ?

Pour moi, il y a deux règles qui sont importantes et on m’avait d’ailleurs posé la question après le match de Joël. Et pour moi, il y a clairement deux règles qu’on doit ajuster pendant l’intersaison, ce sont les trois secondes en défense et nettoyer le cercle. Je pense que si tu mets ça en NBA, ça peut changer beaucoup de choses… Mais ils ne le feront pas. Ils ne le feront pas parce que quand tu joues en NBA, tu te dis ‘Ah c’est dommage que ces règles ne soient pas en NBA‘ et quand t’es en FIBA tu te dis ‘J’aimerais bien ne pas les avoir‘ donc du coup c’est un peu contradictoire. Parfois en FIBA, t’as le gars qui nettoie le cercle ou qui campe dans la raquette, et c’est chiant. C’est chiant. Donc pour moi, ça ne sert à rien de changer. Je ne sais pas si la NBA doit s’adapter à la FIBA ou si la FIBA doit s’adapter à la NBA. Faut juste comprendre qu’on a des phénomènes. 70 points… Tu ne les mets pas parce que ça défend pas. C’est juste qu’à un moment donné, les mecs sont juste trop forts. J’étais là, aux premières loges, j’ai rarement vu ça. Parce que tu veux faire quoi ? Le mec il fait 140 kilos, 2m15. Quand il est poste haut, il fait ses « jabs », « step back » et ça touche rien, c’est swish, swish, swish. Les 70 points, on ne te les donne pas. Personne ne veut encaisser 70 points. Quand il prend sa position intérieure et qu’on lui donne la balle, il n’y a pas beaucoup de joueurs au monde qui peuvent l’arrêter. Et quand il est « on fire’… Tu veux faire quoi ?

EQUIPE DE FRANCE

Passons à l’Equipe de France. Kenny Atkinson a été nommé assistant, que pensez-vous de son arrivée ? Et en tant que capitaine de l’équipe de France, que cadre, est-ce que vous avez été consulté dans ce choix là?

(Il rigole) La question piège… Kenny, on se connait depuis longtemps (il fait une pause). On se connait depuis longtemps, on se parle tout le temps. Je l’ai eu en tant que coach aux Clippers. Je suis très proche de lui. Je suis très content de son arrivée… On va dire ça.

Une fois le besoin identifié d’avoir quelqu’un dans le staff avec une expérience NBA, est-ce qu’il y a eu d’autres noms potentiels ou est-ce que la décision s’est limité à Kenny Atkinson parce qu’il coche beaucoup de cases ?

Ah ça, je ne sais pas. Moi, j’en ai parlé à Kenny. Vu que je le connais bien, on m’a demandé ce que j’en pensais. Vu le style de la génération qui arrive, vu le style du jeu FIBA, vu comment c’est en train de tourner… Tu regardes comment joue le Canada, comment joue l’Allemagne, c’est une évolution du jeu quand même. Kenny, quand il était coach à Brooklyn, il jouait beaucoup comme ça aussi. Et je pense qu’avec le staff, avec Vincent (Collet), Rudy (Nelhomme), Pascal (Donnadieu) et lui, je pense que ça va bien se passer, c’est une très bonne intégration. C’est quelqu’un qui connait la France en plus. Là, on était avec ma famille après le match, et il parlait avec mon fils en français. Donc c’est vraiment une bonne addition au staff, je suis très content de l’avoir avec nous. C’est quelqu’un avec qui j’ai travaillé, donc je sais ce qu’il peut apporter. Et c’est quelqu’un qui est attaché la France, donc c’est une très bonne chose.

Selon vous, est-ce qu’il devient le prétendant logique à la succession de Vincent Collet, si ce dernier arrête après les Jeux, ou c’est même prématuré de se poser ce genre de question ?

Ce n’est pas à moi de dire ça… Ce n’est pas à moi de dire ça. Tu sais, il y a plein de candidats en France aussi. Il y a plein de bons coachs. Fauthoux fait du bon boulot à Bourg par exemple, je sais que son nom a été mentionné… Mais je ne suis pas là dedans, pour être franc, je ne lui en ai jamais parlé. Je ne sais pas de quoi il en ressort… Et puis, je ne serai plus là donc je n’ai pas mon mot à dire. Moi j’arrête là donc je ne sais pas si Vincent continue, si Kenny se porterait candidat. Après c’est sûr qu’il a un bon profil mais c’est à Boris (Diaw), à Jean-Pierre Siutat de gérer tout ça.

Après la fin de votre carrière internationale, et comme Boris Diaw, est-ce que vous aimeriez rester lié à l’équipe de France dans des capacités officielles ? Est-ce qu’un rôle qui pourrait vous intéresser ?

Supporter !

Supporter numéro un ?

Oui, c’est très bien ça.

Propos recueillis à San Francisco.

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