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Shane Battier et les défenseurs scientifiques

NBA – Une des forces de beaucoup de grands défenseurs, comme Shane Battier, Alex Caruso ou Dennis Johnson, c’est de savoir repérer les habitudes des attaquants. Afin de mieux les contrer.

Shane Battier en défense sur Kobe BryantIl y a quelques jours, Shane Battier était l’invité du « Knuckleheads Podcast », de Darius Miles et Quentin Richardson. L’occasion de revenir sur ses batailles défensives face à Kobe Bryant. Ce n’est pas la première fois que le retraité évoque ses duels avec le « Black Mamba » mais l’aspect psychologique qu’il décrit est toujours intéressant.

« Donc je suis là (en 2001/02), comme rookie, à défendre 40 minutes par match sur tous les arrières de la ligue. Kobe, AI (Allen Iverson), Paul Pierce, Manu (Ginobili). Je me suis fait botter le cul mais j’ai appris. »

Utiliser l’ego de Kobe Bryant

Notamment face à Kobe Bryant, qui lui a vite donné quelques leçons…

« Kobe, qu’il repose en paix, a probablement deux semaines et demi de plus que moi (Kobe Bryant est le né le 23 août 1978, Shane Battier le 9 septembre de la même année) mais comme il est arrivé en NBA du lycée et que j’ai passé quatre ans à la fac, on dirait qu’on est d’une génération différente. Mais il n’a que deux semaines de plus que moi. Je sors donc de Duke, je suis fier, « je prends Kobe, je prends Kobe » et j’ai découvert ce qu’était « l’île Kobe ». L’île Kobe, c’est quand tu défends sur Kobe Bryant, que tu regardes autour de toi et qu’il n’y a pas d’aide. Tu es seul au monde. Et ce gars a scoré 63 points sur moi, en trois quart-temps ! (Shane Battier semble se tromper, Kobe Bryant n’ayant jamais inscrit 63 points face aux Grizzlies, mais il a par contre marqué 56 points en 34 minutes lors de leur troisième duel, en janvier 2002). Je me suis dit qu’il fallait que je comprenne ce gars, parce que j’allais le croiser pour les dix prochaines années, si tout allait bien, et je devais le comprendre. »

Parmi les premiers joueurs à utiliser les stats avancées en NBA, Shane Battier explique ainsi qu’il est rentré dans un jeu mental avec Kobe Bryant, afin de le forcer à prendre les tirs les moins efficaces sur le plan statistique.

« Je savais, d’un point de vue statistique, que le plus mauvais tir de Kobe Bryant était son shoot en sortie de dribble. Il prenait beaucoup de tirs à 2-points lointains, après avoir dribblé. Il était à 42% de réussite (sur ces situations), ce qui est en-dessous de la moyenne de la ligue en fait. Ce qui le rend légendaire, ce sont ses finitions au cercle, sa capacité à récupérer des lancers-francs, avec un shoot à 3-points décent mais le tir en sortie de dribble, c’était sa pire arme. Ma seule chance face à lui, c’est de lui faire prendre le plus de tirs en sortie de dribble possibles. Donc quand j’ai commencé ma stratégie de la main sur le visage, je savais que Kobe avait le plus gros ego de la ligue, et il allait changer sa façon de jouer pour prouver que la main sur le visage ne l’affectait pas. Et comment pouvait-il prouver que ça ne fonctionnait pas ? Le shoot en sortie de dribble ! Donc il me faisait une faveur en essayant de me prouver que ma technique ne marchait pas, et j’étais heureux de le laisser me le prouver, parce qu’il n’essayait pas d’attaquer le cercle, il n’essayait pas de provoquer des fautes. J’essayais une approche « Moneyball » avec lui et de le pousser vers ses faiblesses. »

Shane Battier assure qu’il ne se souciait donc pas de savoir si son adversaire réussissait ses jumpshots en sortie de dribble, car ce sont des tirs très difficiles, ceux qu’il le poussait à prendre. Même s’il admet que cette approche « scientifique » de la défense est difficile sur le plan mental, surtout quand l’attaquant est en réussite.

L’ancien joueur des Grizzlies, des Rockets et du Heat faisait d’ailleurs profil bas face à Kobe Bryant, refusant de rentrer dans du « trashtalking » ou de dire la moindre chose pouvant motiver le « Black Mamba » lors de leurs duels. Au contraire, il répétait toute son admiration pour le joueur des Lakers, et minimiser l’impact de sa défense…

« Dans son livre, Mamba Mentality, Kobe m’a consacré une page. Je ne l’avais pas lue avant qu’il ne décède. Sa mort m’a beaucoup affecté, parce que je n’avais jamais parlé à Kobe en dehors du terrain. Jamais. Ça me donne des frissons d’en parler mais j’ai toujours pensé qu’on finirait pas parler de nos batailles. Quand il est décédé, j’ai lu les pages dédiées aux « Kobe Stoppers » dans son livre. Je n’ai jamais dit que j’étais un « Kobe Stopper », j’essayais plutôt d’être une sorte de « lumière jaune humaine » pour essayer de le mettre un peu sur pause. Dans son livre, il dit en gros que personne ne peut l’arrêter, qu’il avait une super mémoire musculaire et que la main sur le visage de Shane ne fonctionnait pas. Mais il dit quelque chose de drôle. Il dit : ‘Shane a toujours minimisé sa capacité à défendre face à moi, j’ai vu cette fausse humilité, et je l’ai attaqué à cause de ça’. Et je me suis dit : ‘Il a raison’ (rires). Avec Kobe, c’était le jeu mental dans le jeu mental dans le jeu mental qu’on jouait l’un avec l’autre. C’était méta. Personne d’autre ne savait qu’on jouait à ça. Toutes ces batailles mentales. »

Repérer les habitudes et les préférences

Pour les défenseurs, ces batailles mentales découlent en grosse partie de leur capacité à décrypter les tendances et les préférences chez les attaquants adverses. Pour Ben Taylor, de Thinking Basketball, c’est d’ailleurs un des éléments qui permet de définir les qualités athlétiques chez les basketteurs, d’un point de vue cognitif.

Alex Caruso, l’un des meilleurs actuellement en NBA pour sortir les attaquants adverses de leur fameuse « zone de confort », en les privant de leurs forces habituelles, prenait l’exemple de Jayson Tatum lors des derniers playoffs.

« Je me demande si les gars regardent des vidéos. Si Jayson Tatum a le ballon dans sa main gauche, il y a probablement 95% de chances qu’il prenne le tir. Possession après possession, il va faire son « jab step » (feinte de départ pour shooter) ou dribbler pour un petit stepback ou shooter directement. Ça me tuait que personne ne sache qu’il allait shooter. Les adversaires lui laissaient de l’espace derrière la ligne à 3-points alors qu’il avait déjà 30 points. Désolé, je divague mais c’est le fait de regarder les playoffs à la maison » souriait-il chez JJ Redick.

Evidemment, Jayson Tatum peut shooter après un dribble main droite ou main gauche. Mais ce qu’a noté Alex Caruso, c’est que l’ailier des Celtics est tellement à l’aise dans sa mécanique lorsque son tir suit un dribble main gauche, qu’il a tendance à l’utiliser de façon quasiment systématique. Donnant un indice précieux au défenseur.

Dans un podcast avec Michael Cooper, Dee Brown avait d’ailleurs livré une anecdote fascinante à ce sujet, sur le regretté Dennis Johnson, l’un des défenseurs (et même joueurs) les plus sous-estimés de l’histoire de la NBA.

Le vainqueur du Slam Dunk Contest en 1991 a ainsi pris la suite de « DJ » en 1990 à Boston, ce dernier venant d’arrêter sa carrière mais travaillant comme scout pour la franchise, avant de devenir assistant en 1993, jusqu’en 1997. Il a donc accompagné Dee Brown dans le Massachusetts (1990-97), lui apprenant à « compter les dribbles ».

Savoir les contrer au bon moment

Michael Cooper s’étonne alors. Compter les dribbles ? Sur l’attaquant ? Qu’est-ce que ça signifie ?

« DJ m’a dit : ‘Dee, chaque joueur qui remonte le ballon sur le terrain a une séquence de dribbles particulière. Quand ils sont à l’aise et quand ils sont mal à l’aise’. 1-2-changement de main, 2-1-2-hésitation-changement de main. Donc il m’a dit : ‘Regarde leur séquence lorsqu’ils sont à l’aise parce qu’ils vont toujours revenir à cette séquence lorsqu’ils sont sous pression. Quand tu leur mets la pression en défense, ils vont toujours faire un 1-2-dribble entre les jambes, un 1-2-spin ou… Enfin peu importe. Regarde la première partie du match, fais attention à cette séquence de dribbles, à ce qu’ils font lorsqu’ils sont à l’aise, qu’il n’y a pas de pression. Parce que quand tu leurs mets la pression, ils vont toujours revenir à cette séquence, parce qu’ils savent qu’ils la maîtrisent très bien.’ C’est comme ça que DJ parvenait à voler le ballon aux adversaires, en comptant les dribbles. »

Pourtant un sacré défenseur lui-même (Défenseur de l’année en 1987, cinq fois dans la All-Defensive First Team, trois fois dans All-Defensive Second Team), Michael Cooper n’en revient pas, mais certaines choses s’éclairent.

« Il volait toujours les ballons dans le quatrième quart-temps, lorsqu’ils en avaient besoin. Maintenant, je sais pourquoi, parce qu’il regardait durant la première mi-temps. J’ai toujours su que ce gars était spécial. »

Ce que confirme Dee Brown, qui a fait bon usage de ces conseils en étant aussi un remarquable voleur de ballons.

« Il m’a appris ça dans mon année rookie » conclut-il ainsi. « Il m’a dit que pour être un grand défenseur sur le porteur du ballon, il fallait utiliser deux choses : l’anticipation et les angles. Et pour ça, il fallait comprendre les schémas qui se répétaient (les « patterns ») chez les attaquants. » Pour les utiliser contre eux.

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