Donatas Motiejunas, comme beaucoup d’autres, voyait la France comme l’un des candidats à la médaille d’or de cette Coupe du monde. Mais la gifle reçue d’entrée de jeu face au Canada, suivie de la défaite face à la Lettonie, ont conduit les Bleus à une sortie de route prématurée, à des années lumières des ambitions initiales.
« On a eu l’impression que l’équipe de France avait perdu le fil après le coup de massue de la défaite contre le Canada », juge le pivot de Monaco, interviewé par BasketNews. Pour l’expliquer, l’intérieur revient sur les semaines de préparation à la compétition. Préparation durant laquelle le bourreau des Bleus, la Lettonie, s’était notamment inclinée de 24 points face à son voisin lituanien.
« D’un côté, c’est génial d’avoir une histoire à la Cendrillon. D’un autre, vous voyez l’importance de la dynamique. Notre victoire contre la Lettonie les a probablement boostés et les a préparés psychologiquement. Ils ont vécu un choc », analyse Motiejunas, dont l’équipe nationale est, elle, déjà qualifiée pour le second tour de la compétition.
« Choc » que la France n’a pas connu durant sa préparation, terminée par une courte (et seule) défaite face à l’Australie, jusqu’à ce qu’elle tombe de haut face au Canada. « Le fait d’aborder ce match contre les Canadiens comme favoris et de chuter a pu les amener à douter d’eux-mêmes. Dans ce genre de tournoi, il faut se méfier des équipes qui se battent jusqu’à la dernière seconde. De telles situations deviennent très dangereuses », poursuit Motiejunas en parlant de la Lettonie donc.
« Peut-être avaient-ils besoin de perdre contre les Américains ? »
Il poursuit, en se demandant : « Peut-être que les adversaires qu’ils ont choisis pour se préparer étaient trop faibles ? Peut-être avaient-ils besoin de perdre contre les Américains ? Ils avaient besoin d’une équipe qui les pousserait dans leurs retranchements et créerait un choc. Je pense que le résultat aurait pu être différent. Je peux me tromper, mais ce sont mes observations. »
Une déclaration pour le moins surprenante quand on sait que les Bleus ont affronté… la Lituanie à deux reprises, pour autant de victoires (90-72, 76-70), ainsi que la Tunisie (93-36), le Monténégro (80-69), le Venezuela (86-67), le Japon (88-70) et les Boomers (74-78).
En plus du niveau de la préparation, le pivot, qui tourne à 7 points et 5,5 rebonds de moyenne dans cette compétition en relais Jonas Valanciunas, met également en avant « l’influence majeure » de la blessure de Frank Ntilikina et de ses conséquences.
« Inclure ou exclure des joueurs à la dernière minute, juste avant le début du championnat… (Vincent) Poirier arrive, puis part, et (Mathias) Lessort, qui a manqué la préparation, joue des minutes cruciales dans le tournoi. […] Beaucoup de dirigeants ne comprennent pas que le changement d’un ou deux joueurs puisse affecter de manière significative l’état interne et la confiance de l’équipe. Cela peut entraîner le mécontentement des coéquipiers et avoir des conséquences considérables », assure l’ancien joueur des Rockets, en faisant un parallèle avec le Fenerbahce la saison passée.
Le géant lituanien termine l’analyse de cette déroute avec un brin de philosophie : « Tout le monde en parle comme d’une tragédie, mais c’est du sport. »