Un mélange de Dirk Nowitzki et Marc Gasol. Voilà ce qu’avait vu Ognjen Stojakovic, assistant coach des Nuggets, en Nikola Jokic lorsqu’il avait 19 ans. Une époque où son éthique de travail, son hygiène de vie ou encore ses limites athlétiques posaient encore question. Mais après plusieurs années de travail communes dans le Colorado, l’assistant a réalisé que son potentiel allait même au-delà.
« Il est comme Steph Curry, l’un de ceux qui ont changé le basket. Maintenant vous avez un intérieur qui sait tout faire. C’est le rêve de tous les entraîneurs, d’avoir un joueur de 2m11 capable de jouer à tous les postes », s’enthousiasme Ognjen Stojakovic dans un long article de Fox Sports au sujet de l’évolution du pivot.
Pour faire de lui un double MVP et probable champion NBA incessamment sous peu, les Nuggets ont dû le convaincre de revoir son éthique de travail. « On en rigole toujours, car pendant les trois premières années, on s’est beaucoup disputés parce qu’il ne comprenait pas pourquoi il devait travailler dur », se souvient l’assistant, Serbe lui aussi, mais dont les collègues ont dû faire avec la barrière de la langue aux débuts de l’intérieur.
Pas un gros bosseur le 41e choix de la Draft 2014 ? Pas grave, du moment que le potentiel est là… « Nikola est tout simplement un joueur différent. Dès le premier jour, ce qui m’a sauté aux yeux, c’est son niveau technique, son maniement du ballon, sa façon de le passer, son toucher », énumère Mike Malone.
Nikola Jokic doit « composer sa propre musique »
Et son QI dans le jeu est si élevé que ses faiblesses passent au second plan. L’éponge Jokic développe progressivement sa palette de tir à mi-distance et à 3-points. Nikola Jokic modifie la trajectoire de son lancer, pour avoir à moins sauter, tout en perfectionnant son jeu d’appuis. Ses qualités offensives deviennent plus complètes.
Au point de devenir un joueur aussi atypique que le meneur des Warriors avant lui. « Tu apprends les notes, les gammes, tu apprends quelques chansons et tu commences à composer ta propre musique. C’est ce qu’il fait maintenant. C’est lui qui compose sa propre musique », image Ognjen Stojakovic.
Avant d’en faire le compositeur qu’il est actuellement, il a également fallu le pousser à revoir sa façon de faire en matière d’hygiène de vie. Parce qu’au moment de débarquer dans le Colorado, Felipe Eichenberger, préparateur physique de l’équipe, se souvient d’un joueur arrivé « un peu plus lourd que ce qu’on aurait souhaité. Le GM (Tim Connelly) s’est demandé ce qu’il se passait. Il fallait que ça change. »
« J’ai dit à Nikola : ‘Si tu es plus léger, tu auras plus d’endurance. Ton genou ne te fera plus mal. Pas comme une blessure, mais ton genou est douloureux, ta cheville est douloureuse, ton dos est douloureux.’ Je lui disais : ‘Reste avec moi pendant un petit moment. Ensuite, on verra comment tu te sens », se souvient le spécialiste.
Six repas par jour
Le tournant a donc eu lieu en 2019, lorsque les Nuggets ont été éliminés par les Blazers en demi-finale de conférence. Un Game 7 durant lequel il avait manqué sept de ses dix dernières tentatives au tir, dans le quatrième quart-temps, en raison de la fatigue. Le changement a démarré dans la foulée, dans son assiette.
« On a créé une routine. Sa routine est la même depuis plus de trois ans. Il fait chaque chose comme il faut. Il mange d’abord ses œufs, puis ses flocons d’avoine. Ensuite, il va aux soins, puis il va à la salle de musculation, puis il va shooter dans la matinée et enfin il va s’entraîner. On le fait manger toutes les trois heures, en petites quantités, six repas par jour », détaille Eichenberger.
Le travail paye. Le pivot s’amincit, cela se voit visuellement, même s’il n’atteint pas les niveaux physiques d’un LeBron James ou d’un Giannis Antetokounmpo pour ne citer qu’eux. « J’aimerais qu’il soit tout en muscles. Mais ce n’est pas son corps. C’est la génétique, n’est-ce pas ? Vous voyez sa famille et ils ont une forte carrure. Il a une forte carrure », résume le préparateur physique.
Sa grande carcasse ne l’empêche pas d’avoir développé l’un des jeux les plus soyeux de toute la ligue. Déjà brillant dans tous les secteurs, Nikola Jokic n’a peut-être même pas terminé de se développer. « Les basketteurs n’atteignent pas leur pic avant 29 – 31 ans. Il en a 28 », avertit Felipe Eichenberger pour finir.
Nikola Jokic | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2015-16 | DEN | 80 | 22 | 51.2 | 33.3 | 81.1 | 2.3 | 4.7 | 7.0 | 2.4 | 2.6 | 1.0 | 1.3 | 0.6 | 9.9 |
2016-17 | DEN | 73 | 28 | 57.8 | 32.4 | 82.5 | 2.9 | 6.9 | 9.8 | 4.9 | 2.9 | 0.8 | 2.3 | 0.8 | 16.7 |
2017-18 | DEN | 75 | 33 | 49.9 | 39.6 | 85.0 | 2.6 | 8.1 | 10.7 | 6.1 | 2.8 | 1.2 | 2.8 | 0.8 | 18.5 |
2018-19 ☆ | DEN | 80 | 31 | 51.1 | 30.7 | 82.1 | 2.9 | 8.0 | 10.8 | 7.2 | 2.9 | 1.4 | 3.1 | 0.7 | 20.1 |
2019-20 ☆ | DEN | 73 | 32 | 52.8 | 31.4 | 81.7 | 2.3 | 7.5 | 9.7 | 7.0 | 3.0 | 1.2 | 3.1 | 0.6 | 19.9 |
2020-21 ★ | DEN | 72 | 35 | 56.6 | 38.8 | 86.8 | 2.8 | 8.0 | 10.8 | 8.3 | 2.7 | 1.3 | 3.1 | 0.7 | 26.4 |
2021-22 ★ | DEN | 74 | 34 | 58.3 | 33.7 | 81.0 | 2.8 | 11.0 | 13.8 | 7.9 | 2.6 | 1.5 | 3.8 | 0.9 | 27.1 |
2022-23 ☆ | DEN | 69 | 34 | 63.2 | 38.3 | 82.2 | 2.4 | 9.4 | 11.8 | 9.8 | 2.5 | 1.3 | 3.6 | 0.7 | 24.5 |
2023-24 ★ | DEN | 79 | 35 | 58.3 | 35.9 | 81.7 | 2.8 | 9.5 | 12.4 | 9.0 | 2.5 | 1.4 | 3.0 | 0.9 | 26.4 |
2024-25 ☆ | DEN | 70 | 37 | 57.6 | 41.7 | 80.0 | 2.9 | 9.9 | 12.7 | 10.2 | 2.3 | 1.8 | 3.3 | 0.6 | 29.6 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.