Vendredi 12 avril 2013, Los Angeles.
Les Lakers reçoivent les Warriors au (feu) Staples Center, à trois matchs de la fin de la saison régulière. Une rencontre capitale dans la course aux playoffs, car les « Purple & Gold » —8e à l’Ouest (42-37) et chassés par le Jazz (41-38)— n’ont tout simplement pas le droit à l’erreur s’ils souhaitent conserver leur place dans le Top 8. Une issue pourtant bien difficile à imaginer en début d’exercice…
Initialement appelée à se battre pour le titre, compte tenu de son empilement de (super)stars, la franchise californienne s’est en permanence retrouvée à courir après son bilan et après le Top 6, car elle a dû attendre le mois de mars 2013 pour dépasser la barre des 50% de victoires et elle ne s’est jamais hissée au-delà de la 7e place de sa conférence. Malgré les présences de Dwight Howard, Pau Gasol, Steve Nash, Metta World Peace, Antawn Jamison et, surtout, Kobe Bryant dans son effectif.
Alors âgé de 34 ans, le « Black Mamba » ne ménageait comme à son habitude pas ses efforts au cours de cette campagne 2012/13, avec des moyennes de 27.3 points, 6.0 passes, 5.6 rebonds et 1.4 interception (à 46% au shoot). Mais comme n’importe quel grand joueur qui se sent en danger, il est monté d’un cran lors de la deuxième partie de saison, sans perdre en efficacité et en conservant un temps de jeu similaire, pour virer à 28.5 points, 7.0 passes, 6.1 rebonds et 1.3 interception de moyenne après le All-Star Break (contre 26.8 points, 5.6 passes, 5.3 rebonds et 1.4 interception avant).
Une promesse qu’il se devait d’honorer
On se souvient notamment que c’est sur deux semaines, entre le 30 mars et le 12 avril, que Kobe Bryant s’est littéralement défoncé pour son équipe, qui n’était à cet instant que 9e à l’Ouest. Sur cette période longue de sept matchs (pour six victoires), il n’est ainsi jamais descendu sous les 40 minutes de jeu et il en a carrément disputé quatre à minimum 47 minutes (dont une à 48 !). De quoi susciter —doux euphémisme— une pointe d’inquiétude dans le vestiaire angeleno…
- 30 mars : 19 points, 14 passes, 9 rebonds (victoire à Sacramento).
- 2 avril : 23 points, 11 rebonds, 11 passes, 4 interceptions (victoire contre Dallas).
- 5 avril : 24 points, 9 passes, 5 rebonds (victoire contre Memphis).
- 7 avril : 25 points, 10 passes, 7 rebonds (défaite « chez » les Clippers).
- 9 avril : 30 points, 6 rebonds, 6 passes, 5 interceptions (victoire contre New Orleans).
- 10 avril : 47 points, 8 rebonds, 5 passes, 4 contres, 3 interceptions (victoire à Portland).
- 12 avril : 34 points (victoire contre Golden State).
Tellement épuisé, que certains de ses coéquipiers comme Antawn Jamison le comparaient à un vieillard de 105 ans (alors qu’il se dirigeait « simplement » vers son 35e anniversaire), le « franchise player » de Los Angeles semblait presque condamné à s’écouler physiquement. C’est à peine si la glace et les jours de repos soulageaient ses articulations déjà meurtries par le temps (14 années d’expérience) et les kilomètres (54 000 minutes au compteur, saison régulière et playoffs compris).
Le problème, c’est que même quand son coach Mike D’Antoni le suppliait de se reposer à la fin d’un quart-temps, ne serait-ce que pour une seule minute, Kobe Bryant lui répondait constamment : « Je te dirai quand je dois sortir ! » ou « Non, je suis parti pour en jouer 48 ! ». Qu’importe son entorse à la cheville gauche, qu’importe son inflammation au pied gauche, qu’importe sa douleur aux ischio-jambiers, qu’importe son hyperextension du genou gauche.
Mais l’arrière des Lakers le savait pertinemment : « Ce n’est pas le moment de s’asseoir et se reposer », avouera-t-il par exemple, après un match à Milwaukee qu’il a quitté avec une béquille. Il faut dire que l’intéressé s’était laissé aller à une sorte de promesse bien présomptueuse, courant février 2013 : les très attendus « Purple & Gold » atteindraient coûte que coûte les playoffs.
« Je sentais que les dés devaient être jetés, rien que pour mes coéquipiers. Il fallait comprendre que nous allions y participer. Parfois, quand vous l’annoncez publiquement, ce genre de chose a tendance à se manifester », expliquera le futur Hall of Famer, qui luttait pour que la saison de Los Angeles ne tourne à la catastrophe et pour que cette équipe ne soit étiquetée de plus grande déception de l’histoire.
Un « boxeur » chouchouté comme personne
La pression de cette potentielle désillusion sur les épaules, mais désireux de s’en nourrir pour performer, à tel point que cela l’a « poussé à un niveau jamais atteint auparavant » dans sa carrière, un Kobe Bryant animé par une profonde envie de gagner s’est mis en mode ordinateur —pour ne pas dire prédateur—, afin de tirer les Lakers vers le haut en contrôlant le jeu comme rarement et en manipulant les défenses à la manière d’un joueur d’échecs.
Mais pour rester opérationnel malgré un temps de jeu conséquent, le « Black Mamba » n’était pas traité comme n’importe quel autre membre de l’effectif californien. Tel un boxeur, il se retrouvait assailli par son staff médical (dont Judy Seto) lors des temps-morts et lors des pauses entre les quarts-temps. L’objectif étant de maximiser chacun de ses moments de repos et de ne surtout pas laisser son corps se refroidir, avec diverses manipulations, divers traitements et diverses compresses chauffantes.
Pour la petite anecdote, rappelons-nous que Kobe Bryant n’était pas présent sur le parquet pour assister à la cérémonie de retrait de maillot de son ex-coéquipier Shaquille O’Neal, à la mi-temps du match contre Dallas, car il était en train de se faire soigner. Et même le « blowout » infligé aux Mavs (+20) n’a pas poussé l’inépuisable patron de Los Angeles à se reposer plus de… 56 secondes (après les 23 secondes chez les Kings). Il faut dire que personne ne pouvait vraiment le contester et c’est à peine si Mike D’Antoni pouvait lui dire quel système appeler en attaque…
Il n’empêche que, malgré toute la meilleure volonté du monde, l’arrière des Lakers était parfois obligé de se rendre à l’évidence : il lui fallait quelques minutes de repos pour repartir de plus belle et jouer à haute intensité. Comme contre Memphis, quand il n’a joué « que » 43 minutes. Mais cette coupure lui a valu d’être… déréglé quand il est revenu en jeu et il s’est résigné à ne plus sortir. D’autant que les absences de Steve Nash et Metta World Peace poussaient Mike D’Antoni à raccourcir au maximum sa rotation (huit joueurs, tout au plus…).
Face aux Clippers, dans le derby angeleno, Kobe Bryant n’est ainsi pas sorti… de toute la rencontre, jusqu’à ce que le suspense ne soit enterré à 40 secondes de la fin et que la défaite des « Purple & Gold » ne soit entérinée. Un revers logique et inévitable, mais surtout lourd de conséquences, car synonyme de glissade à la 9e place de la conférence, derrière Utah.
Déjà au bord de la rupture, il en remet une couche !
Alors, le quintuple champion NBA, maladroit (37% au shoot, dont 6% à 3-points) et plus passeur (11.0) que scoreur (22.8) depuis quatre matchs, s’est décidé à retrouver son adresse et réactiver le mode attaque après la bataille de Los Angeles. Malgré un corps au bord de la rupture et des chevilles ou des ischio-jambiers qui lui font un mal de chien, au point que sa récupération n’était plus optimale. Qu’importent ses efforts.
« [La douleur à] ma cheville droite me tuait, donc je devais compenser sur la gauche. Je devais mettre plus de poids sur ma cheville gauche pour compenser mes douleurs à la droite. Cela m’a toujours dérangé, je me l’étais tordue au lycée et, depuis, cela m’embête. […] Donc j’ai beaucoup dû renforcer ma cheville et j’ai souvent dû shooter malgré la douleur », racontera l’intéressé.
En dépit de ce physique inquiétant, Kobe Bryant n’a pas abandonné. Mieux : il a ressorti son costume de super-héros pour tirer son équipe d’un vilain traquenard face aux Hornets, histoire de planter 23 de ses 30 points dans le quatrième quart-temps et de profiter de la défaite du Jazz contre le Thunder pour remettre les siens dans le Top 8 de l’Ouest.
« Personne n’était capable de l’arrêter. »
Le lendemain contre les Blazers, il fera même encore plus fort pour l’emporter une nouvelle fois : 47 points en… 48 minutes, avec également 8 rebonds, 5 passes, 4 contres et 3 interceptions ! Au four et au moulin, diablement efficace et en plein one-man show, le « Black Mamba » signait tout simplement sa performance la plus folle de la saison. Et dire que c’était « censé être une année plus légère » en termes de responsabilités, pour celui qui a hérité des « MVP ! MVP ! MVP » du public du Rose Garden…
« Voilà ce qui se passe quand on ouvre sa bouche et que l’on garantit une place en playoffs », commentera dans la foulée Mike D’Antoni. « Il ne faut jamais chercher d’excuses. Il ne faut jamais attendre que quelqu’un fasse la décision à votre place, car il faut la faire soi-même », déclarera le MVP 2008, pourtant en « back-to-back » à Portland et qui tire un peu plus sur la corde raide.
Mais en rentrant chez lui cette nuit-là, du côté de Newport Beach, il constatera après sa traditionnelle routine de récupération que son tendon d’Achille est plus raide que d’habitude. Pas de quoi prévenir le staff médical pour autant…
« Kobe est comme il est et c’est ce qui fait la personne qu’il est », expliquera Gary Vitti, l’ancien préparateur physique de la franchise. « Personne n’était capable de l’arrêter. Si Jesus lui avait dit : ‘Tu ne peux pas faire ça’, il aurait probablement répondu quelque chose du genre : ‘Pourquoi ne te contentes-tu pas de transformer l’eau en vin et de ressusciter les gens ? Moi, je me concentrerai sur le basket’. »
Quand l’immortel devient mortel…
Grossière erreur. Car cet avertissement, Kobe Bryant aurait dû s’en soucier, lui qui venait de disputer… 274 des 288 minutes des Lakers sur les six derniers matchs. Et tout va basculer face aux Warriors, le 12 avril 2013.
Par deux fois dans le troisième quart-temps, son corps a vacillé dans un silence de cathédrale, mais son genou gauche puis sa cheville droite ont résisté. « Ouf… », pouvait-on assurément entendre dans les travées du Staples Center. Sauf que la troisième alerte lui sera fatale.
À trois minutes de la fin du quatrième quart-temps, alors qu’il avait joué les 45 premières minutes de la partie, Kobe Bryant est défendu par Harrison Barnes. Il pénètre, puis s’écroule et se tient immédiatement le pied gauche. Mais personne ne semble trop s’inquiéter, car le gaillard est un guerrier et ce n’est pas une chute supplémentaire qui aura raison de lui. En réalité si, même si l’arrière fera en sorte de convertir ses deux lancers-francs.
Il demandera toutefois à Barnes s’il lui a donné un coup, mais celui-ci lui dit que non. Il ne le sait pas encore, mais son tendon d’Achille vient de lâcher tout seul et rien ne sert d’appuyer sur la zone pour la remettre en place : le mal est fait.
« J’essayais de gagner un peu de temps… », plaisantera-t-il quelques années plus tard. « J’essayais de trouver un moyen de jouer malgré [la blessure], car si je pouvais m’appuyer sur mon talon, je pouvais peut-être contourner [la blessure], car je n’aurais pas à m’appuyer sur les orteils. J’avais travaillé si dur… J’ai tenté de finir le boulot. »
« C’est la première fois que je voyais le doute s’installer sur son visage. »
Sauf que, cette fois-ci, impossible d’y retourner, la blessure est irrémédiable. Kobe Bryant doit sortir à reculons, mais sans aucune aide, le regard vide et avec la mine des mauvais jours. « C’était un visage qui voulait dire : ‘C’est fini’ », confessera Judy Seto, l’historique membre du staff médical de Los Angeles.
L’immortel est devenu mortel, le gladiateur doit rendre les armes et accepter son sort. Dans le vestiaire, Gary Vitti passe à l’étape suivante du processus, à savoir confirmer de quoi souffre réellement la superstar. Pour ce faire, il effectue le test de Thompson et le verdict est sans appel : le tendon d’Achille s’est rompu, un chirurgien préconisera directement l’opération et c’est un véritable coup de massue pour tout le monde, en premier lieu le principal concerné, dont les yeux sont envahis par les larmes.
« C’est la première fois que je voyais le doute s’installer sur son visage. […] Ce qui l’effrayait, c’est que c’était une blessure qui ne prévenait pas », se rappellera le préparateur physique angeleno. « N’importe quel athlète craint la rupture du tendon d’Achille », appuiera le double MVP des Finals. « La convalescence est longue, personne n’a vraiment été le même quand il en est revenu et, là, c’est à moi d’y être confronté. Je ne sais pas si je peux [en revenir], je suis épuisé. Je sais ce qu’il m’a fallu pour en arriver là et j’ignore si je suis capable de [revenir]. »
Quand le tailleur de pierres abat sa masse…
La famille de Kobe Bryant se rendra dans le vestiaire et deux de ses filles s’écrouleront, en pleurs. Puis la nouvelle de sa blessure parvient jusqu’aux oreilles de ses coéquipiers, qui ont tout de même réussi à battre Golden State sans leur « franchise player ». L’ambiance est lourde et pesante, certains se demandent s’il n’a pas joué son dernier match, d’autres se disent qu’il aurait fallu prévenir en amont, plutôt que de devoir guérir pendant des mois (à peine… huit, en réalité !).
Une douche et quelques larmes plus tard, le « Black Mamba » quitte le vestiaire avec une botte de protection au pied et deux béquilles. Non loin, une citation encadrée par Mike Brown retient l’attention.
« Quand rien ne semble fonctionner, repensez au tailleur de pierres qui abat sa masse sur un rocher une centaine de fois, sans lui infliger la moindre égratignure. Puis au cent unième coup, le rocher se fend en deux et ce n’est pas seulement le dernier coup qui l’a fendu, mais les cent qui l’ont précédé. »
Plus que jamais d’actualité, car on pourrait comparer les coups de marteau du tailleur de pierres à ce tendon d’Achille longtemps sollicité par Kobe Bryant au cours de sa carrière, avant qu’il ne se fende en deux sur un mouvement qu’il a répété des milliers de fois à l’entraînement ou en match.
Il n’empêche que la situation est telle qu’elle est et l’arrière doit se résigner à passer sur la table d’opération, abandonnant malgré lui son équipe, qui se qualifiera cependant pour les playoffs sur le fil, avant de s’y faire balayer 4-0 par les Spurs au premier tour.
« Je savais que ce n’était pas normal ! »
L’issue aurait pu être différente si le natif de Philadelphie était sur ses deux jambes pour cette série. Mais cette intense période de sept matchs, où il a tourné à 28.9 points, 8.4 passes, 7.3 rebonds, 2.1 interceptions et 1.0 contre de moyenne, en 46 minutes de jeu, à 42% au shoot (dont 21% à 3-points) et 88% aux lancers, l’a lessivé pour de bon. « Je n’avais jamais travaillé aussi dur de ma vie », glissera-t-il à ce propos, jouant 95% des minutes de sa formation (contre 80% sur les 71 rencontres précédentes).
Pour se donner une idée de la prouesse accomplie par Kobe Bryant, 34 ans à cette époque, notons depuis que seul Ray McCallum (320, en 2014) a fait autant ou mieux que lui (319) en termes de minutes engrangées sur sept matchs.
« Si l’on pouvait savoir [qu’il se déchirerait le tendon d’Achille], évidemment que l’on n’aurait pas emprunté cette voie, car elle a mené à une blessure dramatique. Mais on ne pouvait pas le savoir et Kobe menait la danse… », regrettera Mike D’Antoni, concernant l’entêtement légendaire de son joueur, qui lui a valu de s’imposer parmi les légendes de ce sport.
Et celui qui coachait alors Los Angeles de poursuivre : « Je savais que ce [temps de jeu] n’était pas normal, nous en parlions tout le temps, à chaque match ! Mais c’était impossible de le dissuader. J’en ai même parlé à Mitch [Kupchak, le GM de l’époque] et je lui disais : ‘Il ne peut pas continuer comme ça, il doit se reposer’. Sauf que rien ne pouvait l’empêcher de faire ce qu’il voulait. Nous avons essayé, mais il m’a répondu à plusieurs reprises qu’il me dirait s’il était fatigué et s’il avait besoin de sortir. […] Il ne voulait juste jamais sortir. Pour réussir, il aurait fallu se lancer dans un combat devant 19 000 personnes. C’était incroyable. »
Les moments où Mike D’Antoni n’avait pas besoin d’aller au clash, c’est quand les matchs étaient diffusés en antenne nationale, car les temps-morts sont plus longs et les pauses aussi. Déjà exempté d’entraînement et de shootaround, Kobe Bryant s’échauffait sinon très légèrement avant chaque rencontre, car toute dépense d’énergie superflue pouvait lui être fatale. Mais cette situation, « unique » selon son entraîneur, couplée à sa volonté et sa force de caractère inébranlables, ont fini par causer sa perte.
Une saison noire et remplie d’obstacles
L’ultime rebondissement d’une saison qui n’en a pas manquée, entérinant une bonne fois pour toute l’échec de la « superteam » des Lakers. Déjà, parce qu’aucun entraîneur n’a pu imposer sa patte. Ensuite, parce que les membres du cinq majeur initial n’ont été alignés ensemble qu’à sept reprises (pour… sept défaites). Enfin, parce que le tandem Kobe/Howard s’est constamment tiré vers le bas.
« Ces deux monstres ne pouvaient pas cohabiter, cela a vraiment vidé l’équipe mentalement, cela nous a pris tant d’énergie… », regrettera Antawn Jamison avec le recul. Mais Dwight Howard l’assurera : « Malgré tout ce qui s’est passé pendant la saison, je continuais de me dire que nous allions gagner le titre, peu importe les difficultés qu’il fallait surmonter. Je sentais juste que nous avions le talent, la volonté et les bonnes pièces pour gagner. »
Le talent oui, la volonté certainement, mais les bonnes pièces non. Kobe Bryant a bien tenté de cacher la misère californienne sur la fin, mais l’échec a rapidement frappé à la porte. Sans que ce ne soit, toutefois, un problème à gérer pour le compétiteur qu’est Kobe Bean.
« Quand tu es confronté à un défi, tu dois atteindre tes limites, voir où elles se situent, ce que tu es capable de faire ou non », admettra-t-il. « Parfois, tu te dépasses tellement que ça casse et, quand ça arrive, tu vois de quel bois tu es fait, car tu dois te reconstruire. Mais je n’aurais jamais pu me le pardonner si nous n’avions pas fait les playoffs. Si je n’étais pas allé aussi loin que possible, je n’aurais pas su quelles étaient mes limites et je n’aurais pas pu me le pardonner. »
Contrairement au coaching-staff de Los Angeles, les coéquipiers de Kobe Bryant à cette époque étaient conscients de l’état dans lequel se trouvait leur leader, à quel point il se surpassait et risquait la blessure chaque soir. Mais, lui, n’avait pas conscience de ce à quoi il s’exposait. Du moins, pas complètement.
« Il ne m’est jamais venu à l’esprit de me dire que mon tendon d’Achille pourrait lâcher », avouera-t-il ainsi. « N’importe quelle autre blessure oui, car j’en ai connu, mais jamais le tendon d’Achille. Ça ne m’a vraiment jamais traversé l’esprit. »
« Mamba out », dès 2013…
Et pourtant… En cette douce soirée printanière d’avril 2013, la carrière de Kobe Bryant a basculé et il a lentement, mais sûrement, amorcé le dernier virage de sa longue, riche et belle histoire d’amour avec la balle orange.
Deux ans et demi et des blessures au tibia et à l’épaule plus tard, on se rappellera également que c’est au mois de novembre 2015, pendant un déplacement à Portland, l’endroit où il a réalisé l’un de ses derniers chefs d’oeuvre au coeur de cette fameuse période de sept matchs où il dira s’être « tué pour [amener les Lakers] en playoffs », que le « Black Mamba » a (enfin) accepté qu’il devait se retirer des parquets.
Une retraite survenue après 20 saisons dans la ligue et des blessures à répétition ainsi que des déconvenues collectives pour finir. Mais, pour Kobe Bryant, un drôle de symbole que de se rendre à l’évidence qu’il lui fallait raccrocher, là où il a sans doute été lui-même pour la toute dernière fois : c’est-à-dire ce joueur capable de martyriser une défense sans discontinuer pendant 48 minutes.
Kobe Bryant | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
1996-97 | LAL | 71 | 16 | 41.7 | 37.5 | 81.9 | 0.7 | 1.2 | 1.9 | 1.3 | 1.4 | 0.7 | 1.6 | 0.3 | 7.6 |
1997-98 | LAL | 79 | 26 | 42.8 | 34.1 | 79.4 | 1.0 | 2.1 | 3.1 | 2.5 | 2.3 | 0.9 | 2.0 | 0.5 | 15.4 |
1998-99 | LAL | 50 | 38 | 46.5 | 26.7 | 83.9 | 1.1 | 4.2 | 5.3 | 3.8 | 3.1 | 1.4 | 3.1 | 1.0 | 19.9 |
1999-00 | LAL | 66 | 38 | 46.8 | 31.9 | 82.1 | 1.6 | 4.7 | 6.3 | 4.9 | 3.3 | 1.6 | 2.8 | 0.9 | 22.5 |
2000-01 | LAL | 68 | 41 | 46.4 | 30.5 | 85.3 | 1.5 | 4.3 | 5.9 | 5.0 | 3.3 | 1.7 | 3.2 | 0.6 | 28.5 |
2001-02 | LAL | 80 | 38 | 46.9 | 25.0 | 82.9 | 1.4 | 4.1 | 5.5 | 5.5 | 2.9 | 1.5 | 2.8 | 0.4 | 25.2 |
2002-03 | LAL | 82 | 42 | 45.1 | 38.3 | 84.3 | 1.3 | 5.6 | 6.9 | 5.9 | 2.7 | 2.2 | 3.5 | 0.8 | 30.0 |
2003-04 | LAL | 65 | 38 | 43.8 | 32.7 | 85.2 | 1.6 | 3.9 | 5.5 | 5.1 | 2.7 | 1.7 | 2.6 | 0.4 | 24.0 |
2004-05 | LAL | 66 | 41 | 43.3 | 33.9 | 81.6 | 1.4 | 4.5 | 5.9 | 6.0 | 2.6 | 1.3 | 4.1 | 0.8 | 27.6 |
2005-06 | LAL | 80 | 41 | 45.0 | 34.7 | 85.0 | 0.9 | 4.4 | 5.3 | 4.5 | 2.9 | 1.8 | 3.1 | 0.4 | 35.4 |
2006-07 | LAL | 77 | 41 | 46.3 | 34.4 | 86.8 | 1.0 | 4.7 | 5.7 | 5.4 | 2.7 | 1.4 | 3.3 | 0.5 | 31.6 |
2007-08 ★ | LAL | 82 | 39 | 45.9 | 36.1 | 84.0 | 1.2 | 5.2 | 6.3 | 5.4 | 2.8 | 1.8 | 3.1 | 0.5 | 28.3 |
2008-09 | LAL | 82 | 36 | 46.7 | 35.1 | 85.6 | 1.1 | 4.1 | 5.2 | 4.9 | 2.3 | 1.5 | 2.6 | 0.5 | 26.8 |
2009-10 | LAL | 73 | 39 | 45.6 | 32.9 | 81.1 | 1.1 | 4.3 | 5.4 | 5.0 | 2.6 | 1.6 | 3.2 | 0.3 | 27.0 |
2010-11 | LAL | 82 | 34 | 45.1 | 32.3 | 82.8 | 1.0 | 4.1 | 5.1 | 4.7 | 2.1 | 1.2 | 3.0 | 0.2 | 25.3 |
2011-12 | LAL | 58 | 39 | 43.0 | 30.3 | 84.5 | 1.1 | 4.3 | 5.4 | 4.6 | 1.8 | 1.2 | 3.5 | 0.3 | 27.9 |
2012-13 | LAL | 78 | 39 | 46.3 | 32.4 | 83.9 | 0.9 | 4.7 | 5.6 | 6.0 | 2.2 | 1.4 | 3.7 | 0.3 | 27.4 |
2013-14 | LAL | 6 | 30 | 42.5 | 18.8 | 85.7 | 0.3 | 4.0 | 4.3 | 6.3 | 1.5 | 1.2 | 5.7 | 0.2 | 13.8 |
2014-15 | LAL | 35 | 35 | 37.3 | 29.3 | 81.3 | 0.7 | 4.9 | 5.7 | 5.6 | 1.9 | 1.3 | 3.7 | 0.2 | 22.3 |
2015-16 | LAL | 66 | 28 | 35.8 | 28.5 | 82.6 | 0.6 | 3.1 | 3.7 | 2.8 | 1.7 | 0.9 | 2.0 | 0.2 | 17.6 |
Total | 1346 | 36 | 44.7 | 32.9 | 83.7 | 1.1 | 4.1 | 5.2 | 4.7 | 2.5 | 1.4 | 3.0 | 0.5 | 25.0 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.