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Greffe de cartilage : en quoi consiste l’opération de Lonzo Ball ?

NBA – Le meneur de jeu des Bulls a subi une intervention inédite en NBA : une greffe de cartilage. Est-ce à dire que sa carrière ne tient plus qu’à un fil et à la réussite de cette opération ?

Pour sa troisième opération du genou gauche en 14 mois, qui « s’est bien passée » d’après les médecins, Lonzo Ball a subi une intervention peu banale : une greffe de cartilage. Pour les blessures au cartilage du genou, on a souvent été habitué à des coupures ou des sutures. Les deux méthodes proposant des temps de récupération différents.

En revanche, une greffe de cartilage du genou, c’est inédit en NBA. C’est une intervention que le professeur Matthieu Ollivier, de l’Institut du Mouvement et de l’appareil Locomoteur (IML) de Marseille et un des grands spécialistes français en chirurgie du genou, pratique et connaît très bien. Il est donc parfaitement placé pour évoquer les problèmes rencontrés par le meneur de jeu des Bulls.

Pour rappel, le cartilage, c’est cette couche protectrice de quelques millimètres qui recouvre les épiphyses des os. Pour faire simple, c’est la « faïence du genou », nous résume-t-il, avant d’entrer dans les détails. « Le cartilage est une structure qui malheureusement ne repousse pas. C’est un des rares tissus humains dans ce cas-là. On peut mettre des cellules souches ou de l’eau de Lourdes dessus, il ne se passera rien… Pourquoi ? Parce que, à 99 %, c’est acellulaire. Il n’y a pas de cellules, donc c’est un vœux pieux de penser qu’on pourra le faire repousser. Techniquement, ça ne fonctionne pas bien. »

Une fois ce constat énoncé, la question qui se pose, face à un joueur qui a perdu du cartilage, est naturellement toujours la même : comment lui en rajouter ? Au début des années 2010, en NBA, le phénomène de la « microfracture » s’est répandu. Ce n’était pas un type de blessure, mais bien un type d’intervention, plus connue dans le milieu médical sous le nom de « microperforation ».

« Il y a eu plusieurs évolutions dans la chirurgie du cartilage », rappelle le professeur de l’IML, avant d’expliquer cette opération. « Longtemps, on a fait des petits trous dans la zone abîmée, en pensant que ça repousserait. On s’est rendu compte, il y a une dizaine d’années, que ce n’était pas vraiment efficace. Ce n’est plus autant à la mode qu’auparavant. »

En quoi consiste une greffe ?

Surtout, cette procédure ne concerne pas les lésions les plus importantes, celles qui impliquent plusieurs centimètres carrés de cartilage. Quand la blessure est considérable, on peut alors se diriger vers une greffe. Précision notable : comme le cartilage est un organe inerte, il n’y a pas de traitement antirejet à prescrire, comme dans le cadre d’une greffe de foie ou de cœur par exemple.

Si on arrive à cette solution extrême, c’est le plus souvent pour des joueurs qui ont eu d’autres problèmes au genou, surtout au ménisque. Le chirurgien prend l’exemple de Zion Williamson. « On a lui retiré le ménisque externe donc il se retrouve avec un trou dans le cartilage. Car enlever les ménisques du genou, ça revient à retirer les pneus d’une voiture, et à rouler sur les jantes. Et rouler sur les jantes, sur le long terme, ça fait des trous. »

Mais ce terme de greffe regroupe énormément de choses. Pour commencer, il y a l’autogreffe, ou « mosaïcplastie », l’opération reine dans les années 2000. Le principe est simple : on prélève du cartilage indemne entre le fémur et la rotule pour venir le placer entre le fémur et le tibia. On tente ainsi de remplir les trous pour reproduire, si possible, la structure à l’identique. Ce n’est jamais parfait et cela pose un problème évident. « On déshabille Pierre pour habiller Paul », constate Matthieu Ollivier. « Donc il ne faut pas que la lésion soit trop importante. »

Deuxième solution : la xénogreffe. Elle est effectuée avec des « substituts » (ou « membranes ») collagéniques qui viennent de l’animal, du cheval ou du bœuf principalement. Mais là aussi, le résultat n’est pas toujours satisfaisant non plus.

Enfin, dernière option, l’allogreffe, avec du cartilage d’un donneur décédé, comme on peut le faire avec des organes classiques. La principale complication ? La conservation. Car en France, par manque de donneurs et parce que le coût est très important, on ne possède pas « d’allogreffe fraîche », soit de moins de 7 à 15 jours. On pratique donc de la greffe « congelée » avec un greffon ainsi conservé en vapeur d’azote, à -180°C.

L’opération de la dernière chance ?

D’après Matthieu Ollivier, la première opération de Lonzo Ball fut une « microperforation » qui a échoué. Et une opération qui ne donne pas satisfaction, c’est un risque qui augmente pour la suite. « C’est le problème de la vis dans le placo : dès qu’on enlève le travail qui a été fait mais qui n’a pas fonctionné, on est toujours un peu gourmand avec le cartilage sain. Donc on aggrave la taille du trou. »

Le professeur pense donc que les médecins ont pratiqué une allogreffe fraîche sur le genou gauche du meneur de jeu des Bulls. Devant une telle intervention, qui est la troisième en 14 mois rappelons-le, peut-on estimer que c’est l’opération de la dernière chance ? « On est sur du sauvetage », répond-il sans hésiter. « Cette opération peut donner des résultats assez bluffants. Mais c’est encore aléatoire. Pour un sportif professionnel, les possibilités de revenir à haut niveau, c’est du 70/30 selon moi. »

Si l’on se retrouve du mauvais côté de la balance, dans les 30 % donc, le niveau de performance diminue et le joueur ne peut plus espérer retrouver le très haut niveau. Mais seulement ne plus avoir mal. « On fait une promesse facile de confort de vie avec une opération comme ça. Mais pas une promesse sur les performances. »

Qui dit chirurgie exceptionnelle, dit-il forcément rééducation exceptionnelle également, peut-être plus longue ? « C’est du sauvetage, donc le principe de précaution augmente », assure-t-il, estimant qu’il faut attendre entre 9 et 10 mois avant de rejouer. « On va énormément ralentir la cadence par rapport à une suture méniscale simple. On va faire les choses lentement. Dans le premier cas, pour moi, c’est appui et reprise du sport à trois mois avec une suture bien faite et une IRM satisfaisante. Dans le deuxième, celui d’une greffe, c’est pas d’appuis avant six semaines, et reprise de la marche et de la course à pied à quatre ou cinq mois. »

La carrière de Lonzo Ball à très haut niveau est donc clairement en danger. Néanmoins, on l’a vu avec les pourcentages donnés par Matthieu Ollivier, tout reste possible. « Ce sont des joueurs qui ont des capacités de récupération extraordinaires », poursuit le professeur, qui a déjà opéré des basketteurs. Il glisse l’exemple de Stan Wawrinka, qui a subi en 2017 une greffe de cartilage aux Etats-Unis. Le Suisse n’a certes jamais retrouvé les sommets comme auparavant, mais à 38 ans (il les aura dans deux jours), il est toujours sur le circuit ATP et reste compétitif.

Une solution d’avenir ?

Est-ce à dire que cette opération, quand elle fonctionne, est une solution miracle, qui pourrait relancer des carrières autrefois condamnées ? L’allogreffe fraîche, c’est « la solution d’avenir pour les gros problèmes de cartilage du genou pour les joueurs », assure le spécialiste, avant de nuancer. « Va-t-on sauver des genoux ? Oui. Mais des carrières ? Je ne sais pas… Ce sont des opérations lourdes pour les joueurs. C’est quasiment mettre une prothèse de genou naturelle. On greffe souvent le fémur et parfois le tibia avec. On fait alors un trou de trois centimètres dans le genou, pour mettre du cartilage de personne décédée. »

Solution d’avenir donc, mais à manier avec précaution. « Si cette opération échoue, la sanction suivante, c’est la prothèse. On enlève le genou pour mettre du métal à la place. Et là, les cas de joueurs professionnels, peu importe le sport, avec une prothèse de genou, je n’en connais pas. Faire carrière avec ça, pour l’instant, c’est clairement non. Pour une prothèse de hanche, il y a Djibril Cissé, opéré dans mon service, qui a joué en Ligue 2. Là, c’est faisable. »

Matthieu Ollivier et d’autres spécialistes ont d’ailleurs signé un article en 2022 dans le British Journal of Sports Medicine sur cette question des prothèses. Tous avaient la même interrogation : subir une arthroplastie de la hanche ou du genou, est-ce vraiment une voie possible pour relancer une carrière ?

« Dans le passé, la réponse aurait été un « non » clair et définitif », peut-on lire dans cet article. « On aurait conseillé aux patients-athlètes d’arrêter leur carrière, de renoncer à leurs rêves olympiques, de réduire leur charge articulaire pour éviter ou diminuer leurs symptômes et de suivre un traitement non opératoire ou d’opter pour une chirurgie de préservation de l’articulation. Mais ces dernières années, la chirurgie orthopédique a évolué grâce à une plus grande reconnaissance de l’autonomie du patient et à une approche de prise de décision partagée […] Mais s’agit-il d’une décision judicieuse ? Jusqu’à présent, il n’existe aucune preuve concernant les résultats à moyen ou long terme de l’arthroplastie précoce chez les athlètes de haut niveau. »

Car une prothèse, comme l’organe d’origine qu’elle remplace, s’abîme aussi avec le temps. Et quand elle n’est plus en bon état, que faire ensuite ? « Bien que les résultats à court terme puissent sembler encourageants dans certains sports, les professionnels de santé doivent rester prudents avant de généraliser l’accès à de telles procédures chez les jeunes et actifs athlètes de haut niveau », poursuit l’article auquel le professeur de l’IML a participé. « Les problèmes potentiels liés à l’usure de la surface et au descellement peuvent être accrus par la pratique sportive et conduire à des reprises chirurgicales précoces avec un risque accru de complications chirurgicales associées. »

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