Mike Krzyzewski, un retraité épanoui

Après 42 années de bons et loyaux services à la tête des Blue Devils de Duke, il n’est plus là cette saison, et le quotidien sur le campus de Durham n’est forcément plus le même sans lui. Pour autant, ne comptez pas sur lui pour être rattrapé par la nostalgie : même s’il a fini sur une note amère, puisque le rival North Carolina l’a envoyé à la retraite en éliminant Duke au « Final Four » l’an passé, Mike Krzyzewski est en paix avec sa décision.

« Je suis passé à autre chose, mais en voyant le bon côté des choses. Le très bon côté des choses, même » déclare-t-il ainsi. « J’ai tout donné la saison dernière, et je pense que nous avons connu une belle saison. Les gens retiendront la dernière défaite, certes, mais la saison entière ne se résume pas à ça. Nous étions si proches du but. Si proches mais nous n’avons finalement pas réussi. »

L’amertume de cette ultime défaite face aux Tar Heels rapidement évacuée, « Coach K. », dix mois plus tard, a donc tourné la page sans souci, et surtout sans regret, alors qu’il a soufflé sa 76e bougie la semaine dernière.

« Je n’ai pas regardé une seule fois mes médailles d’or ! [gagnées avec Team USA aux Jeux Olympiques 2008, 2012 et 2016, ndlr] » ajoute-t-il en plaisantant, avant de donner plus sérieusement son état d’esprit. « Ça ne me manque pas, mais cela ne veut pas dire que je n’ai pas adoré toutes ces années, évidemment. Je dirais simplement que j’ai essoré jusqu’à la dernière goutte tout le plaisir que j’ai pris, vous voyez ? »

Toujours dans les parages malgré tout

S’il s’est retiré de la vie quotidienne de l’équipe sur le terrain et à l’entrainement, Mike Krzyzewski n’est pas prêt cependant de disparaitre totalement du décor, à Durham. Par exemple, son bureau au centre d’entrainement de l’équipe sur le campus lui est toujours accessible, et en coulisses, dans l’ombre, il demeure un conseiller précieux pour Jon Scheyer, son ancien assistant devenu son successeur.

« Après un match, victoire ou défaite, il est impossible pour un assistant de ressentir les mêmes choses, à propos de certains aspects du match, qu’un head coach. Impossible » explique-t-il alors. « C’est un boulot encore nouveau pour [Jon Scheyer], donc parfois il se demande s’il est normal de se poser telle ou telle question. Je lui réponds que ça fait partie du métier ! Les hauts, les bas, les incertitudes. »

Et l’ancien technicien d’insister : il n’est plus le visage du programme, même si l’engouement autour de son arrivée au Cameron Indoor Stadium pour un match contre Notre Dame la semaine dernière, son premier de la saison « en personne », laisse toujours penser le contraire.

« Je ne devrais plus incarner la ‘marque’ Duke. Je l’ai incarnée, et j’aurai toujours un lien avec elle. Mais c’est au tour de Jon » assure-t-il en conclusion. « C’est ce que je lui avais dit d’entrée : n’aie pas l’impression que je regarde au-dessus de ton épaule. C’est ton équipe, et je suis là pour toi en cas de besoin. »