Interview Stacey King : « Joakim Noah me fait penser à Dennis Rodman »

Joueur des Bulls lors du premier triplé (1991, 1992, 1993), Stacey King est depuis cinq ans le consultant de la télévision locale qui retransmet les matches de Chicago.

Joueur de l’ombre à l’époque de Michael Jordan et Scottie Pippen, il est devenu aujourd’hui l’un des commentateurs les plus amusants du PAF américain.

Ses expressions ont fait le tour de la ville et lui ont permis de gagner une immense popularité. D’ailleurs, ses meilleures expressions circulent sur YouTube et les Bulls ont même créé une page spéciale sur leur site internet pour lui rendre hommage.

Rencontre.

Vous avez gagné trois titres avec les Bulls en 1991, 1992 et 1993. Les Bulls version 2011 ont-ils des points communs ?

Défensivement, cette équipe est très bonne et à l’époque, nous étions excellents en défense. Pour gagner des titres, il n’y a pas de secret, la défense doit être la priorité. Car tout le monde peut marquer des points, tandis que défendre, tout le monde ne peut pas le faire. Les Bulls de 2011 ont tous les ingrédients et aussi la volonté pour être une bonne équipe en défense et ce sont eux les meilleurs de la ligue dans ce domaine en ce moment. Donc je ne serais pas surpris s’ils gagnent le titre. S’ils arrivent à se sortir de cette série face à Miami, ils peuvent gagner le titre grâce à leur défense.

Vous aviez dans vos rangs Michael Jordan, aujourd’hui il y a Derrick Rose…

(il coupe) C’est le meilleur joueur de la ligue en ce moment. Comme j’aime le dire, il est le « MDP », le joueur le plus dominant sur la planète. Et en plus, il va continuer de s’améliorer. Il a remporté le titre de MVP dès sa troisième saison et il n’a que 22 ans ! Vous allez voir, il va devenir encore bien plus fort. Et je le vois gagner au moins deux titres NBA dans les quatre prochaines années.

L’autre leader de l’équipe, c’est Joakim Noah. Que pensez-vous de lui ?

Il est fantastique ! C’est un joueur absolument extraordinaire, c’est l’âme de cette équipe, il joue avec énormément d’énergie et est toujours en train de bouger. C’est vraiment un « energizer ». Et en plus il est amusant. C’est quelqu’un d’excentrique qui a son propre style et qui dit toujours ce qu’il pense. C’est bien pour la ligue d’avoir un joueur comme lui. Il me fait un peu penser à Dennis Rodman, pour les bons côtés j’entends. Sa présence au rebond, son énergie, sa personnalité qui est vraiment à part, mais en même temps il n’est pas fou. Il ne s’habille pas en femme et il ne se teint pas les cheveux.

Son côté guerrier, c’est ce qui fait de lui un des joueurs préférés du public ?

[pub_300_video] Oui, complètement. Les gens l’adorent ici ! Chicago est une ville où les gens travaillent dur, où il y a beaucoup d’ouvriers, donc ils aiment les joueurs qui se battent sur le terrain. C’est ce que fait Joakim tous les soirs. Il plonge sur le parquet, il prend des rebonds offensifs, il fait toutes les petites choses qui plaisent aux fans de Chicago. Très souvent, les gens remarquent les LeBron James, les Dwyane Wade, les Kobe Bryant. Toutes ces superstars sont des joueurs flashy. Joakim, lui, n’est pas flashy. Il ne pense qu’à une seule chose, gagner, et c’est ce qui le différencie de nombreux joueurs.

Les Bulls peuvent-ils remporter cette série ?

Oui, bien sûr. Lors du premier match, ils ont montré au monde entier qu’ils pouvaient bien jouer au basket, alors qu’ils avaient connu des difficultés lors des deux premiers tours. Ils n’ont pas fini avec le meilleur bilan de la ligue en saison régulière sans raison. Ils jouent dur tous les soirs, les « role-players » sont capables d’élever leur niveau de jeu et c’est une vraie équipe. Ils ne se soucient pas de savoir qui va être MVP ou qui attire l’attention des médias. Non, tout ce qui les intéresse, c’est de bien jouer en équipe et de faire en sorte que tout le monde soit impliqué.

Cela fait maintenant cinq ans que vous êtes consultant pour la télévision locale de Chicago. Ça vous plaît ?

J’adore ça ! En plus c’est excitant de commenter les matches d’une bonne équipe. Ils rendent mon travail plus facile. Je garde toujours à l’esprit qu’il s’agit d’un divertissement et j’essaie donc d’apporter cela aux gens pour que ceux qui ne puissent pas venir au match aient quand même l’impression d’y être en m’écoutant.

D’où vous viennent toutes ces expressions ?

Ça marche vraiment à l’instinct, elles me viennent comme ça. Je ne travaille pas à la maison en préparant mes phrases. Les Bulls m’ont autorisé à laisser ma personnalité s’exprimer. Quand j’étais joueur ici, j’étais toujours celui qui faisait rire les gens et qui amenait de l’énergie – un peu comme Joakim d’une certaine façon – et mes coéquipiers aimaient ça. Maintenant que je suis un commentateur, j’ai toujours la même personnalité, simplement le public la découvre. Tout le monde n’aime pas forcément mes commentaires, mais au moins, et même si les Bulls perdent, ceux qui m’écoutent passeront un bon moment en regardant le match et auront été divertis.

Donc quand vous dites « je ne veux pas de massage mais un facial », ça vous vient comme ça ?

(rires) Oui, c’est une de mes expressions favorites*. Je dis ça quand quelqu’un se fait dunker dessus. Mais j’en invente plein d’autres. La dernière à la mode, c’est « passe-moi la sauce pimentée »*. Toute la ville l’adore, celle-là ! Je l’utilise pour Kyle Korver quand il met plusieurs paniers à trois-points. C’est vrai que toutes ces expressions sont en train de décoller ici à Chicago et de devenir un peu un phénomène. J’étais à un match de baseball l’autre jour et plusieurs enfants sont venus me voir en me lançant « passe-moi la sauce pimentée, Stacey, passe-moi la sauce pimentée ». J’étais sidéré. Il y a même des t-shirts avec mes expressions qui se vendent à la boutique du United Center !

En même temps, c’est plus facile de trouver l’inspiration quand l’équipe gagne…

C’est clair, les joueurs me facilitent mon travail. Si on ne gagnait pas, je ne pourrais pas faire ce que je fais. Mais heureusement, l’équipe joue bien, gagne des matches et les joueurs me permettent de faire un boulot amusant.

* Version originale : « I don’t want a massage, I want a facial » et « Give me the hot sauce »

 

Top 10 de ses commentaires sur Derrick Rose