À deux reprises depuis le début de sa carrière, en 2018 et en 2020, il avait atteint la finale de la conférence Est avec les Celtics. Mais jamais il n’avait atteint le stade suprême d’une saison NBA, les Finals.
Alors forcément, pour Jayson Tatum, la déception fut aussi grande que l’excitation de jouer pour la première fois de sa carrière à ce stade de la saison, quand Stephen Curry et sa bande, après une sixième et dernière manche dans cette superbe série, remportaient un quatrième titre en huit saisons.
Les jours d’après furent ainsi difficiles à digérer pour la jeune vedette de Boston, apparue en difficulté durant ces Finals (21.5 points à 37% aux tirs, contre 26.9 points à 45% aux tirs en saison régulière), éreintée physiquement et émotionnellement après cet échec si près du Graal.
« Du point de vue du talent, nous étions au même niveau. Mais on pouvait voir qu’ils avaient l’expérience de ce niveau de la compétition. On voyait qu’ils étaient en gestion, sans jamais paniquer. Mentalement, ils étaient plus solides, et c’est le plus dur à accepter » expliquait le triple All-Star de 24 ans. « Deuce (son fils) m’a fait un câlin et m’a dit qu’il était fier de moi. Ma mère aussi, et je me suis mis à pleurer. J’avais le sentiment d’avoir laissé tomber tout le monde. Et je leur répétais à quel point j’étais épuisé, et je me sentais abattu. »
Les leçons de l’échec des Finals, moteurs de sa saison « MVPesque »
Alors, « JT », après le « deuil » de ces Finals perdues, s’est remis au travail. L’objectif : que cet échec, qu’il considérait largement comme personnel au regard de son niveau de jeu un brin décevant durant la série, soit porteur de leçons. Et que ces leçons soient porteuses de progrès.
Particulièrement dans l’esprit du natif du Missouri : les deux derniers matchs de la série, quand il a raté son « money-time » dans le Game 5, avant de plus largement passer à côté de son Game 6 (13 points à 6/18 aux tirs).
« J’étais épuisé. Mentalement, physiquement. Je m’étais mis énormément de pression sur les épaules » ajoute-t-il, en référence à ses deux « airball » dans le quatrième quart-temps du Game 5. « Et je pensais que j’étais suffisamment reposé pour le Game 6, mais je me suis loupé, aussi. Je n’avais plus de jambes, et le souffle lourd. »
Avant de penser au terrain, un premier changement s’imposait alors… dans sa cuisine. Comme grand nombre de ses collègues dans la ligue, Jayson Tatum a engagé un chef personnel.
« Il s’agissait de garder les mêmes options, mais qu’elles soient plus saines. Notamment les proportions adaptées pour le poids que je veux conserver pour jouer » poursuivait-il. « Je ne suis pas devenu vegan, mais si je prends un petit-déjeuner, alors les oeufs sont bio, le bacon est de meilleure qualité, le jus d’orange est naturel. Toutes ces petites choses qui, à terme, vont faire la différence au cours de la saison. »
Puis il y a eu le plat de résistance : les changements sur le terrain. Ou plutôt les améliorations. Au moment de retrouver son partenaire de longue date Drew Hanlen, le coach personnel de nombreuses stars NBA (Bradley Beal et Joel Embiid, entre autres), pour de multiples workouts estivaux, Jayson Tatum n’a pas drastiquement changé son jeu. Il l’a recalibré, selon les observations de Drew Hanlen.
« Nous avions remarqué qu’il n’attaquait pas le cercle avec les bons angles » remarquait ainsi Drew Hanlen, dont les propos étaient soutenus par les chiffres puisque Jayson Tatum a bouclé les Finals à 34% de réussite aux tirs dans la raquette, la moyenne la plus faible pour un joueur à ce stade de la saison sur les 25 dernières années. « Il attaquait en direction des contres adverses, pas en direction du cercle. Nous avons alors défini trois phases. La première était sa posture, il fallait que ses hanches soient plus basses, pour qu’il ait un meilleur équilibre. La deuxième était l’angle d’attaque, il fallait qu’il rentre dans le défenseur, pas qu’il le contourne. Et enfin, la troisième phase consistait à s’assurer qu’il tirait profit de ses qualités physiques. Pour ça, j’ai commis un paquet de fautes sur lui, pour qu’il s’y prépare. »
Eyes (still) on the prize
Une chose est en tout cas certaine : près de six mois après l’échec des Finals et les larmes d’épuisement et de déception qui avaient suivi, Jayson Tatum est plus fort qu’il ne l’a jamais été. Façonnée durant l’été, cette nouvelle version de lui-même le porte, après le quart de saison, sur le toit de la ligue. Avec ses moyennes colossales de 30.6 points, 8.1 rebonds et 4.1 passes par match, l’ancien Dukie est l’un des favoris pour le trophée de MVP.
Le signe d’un joueur qui malgré cinq qualifications de suite pour les playoffs et trois sélections au All-Star Game, à seulement 24 ans, ne fait finalement que commencer son ascension vers les sommets.
« Ma mentalité [après les Finals] a changé. Je connais le sentiment d’y être maintenant, et le chemin pour y parvenir » affirme-t-il en effet à ce propos. « Je ne cherche plus à prouver que je suis du même niveau, ou meilleur, que tel ou tel joueur. L’an passé, quand [en playoffs] c’était moi contre KD [Kevin Durant], ou moi contre Jimmy Butler, ou contre Giannis [Antetokounmpo], je voulais montrer que j’appartenais à la même caste qu’eux. Cette année, je suis confortable avec moi-même. Je sais qui je suis, je connais ma valeur. Je sais à quel point j’ai bossé dur cet été, et je ne serais satisfait qu’au moment où nous retournerons [aux Finals], et gagnerons cette fois. »
Jayson Tatum | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2017-18 | BOS | 80 | 31 | 47.5 | 43.4 | 82.6 | 0.6 | 4.4 | 5.0 | 1.6 | 2.1 | 1.0 | 1.4 | 0.7 | 13.9 |
2018-19 | BOS | 79 | 31 | 45.0 | 37.3 | 85.5 | 0.9 | 5.2 | 6.0 | 2.1 | 2.1 | 1.1 | 1.5 | 0.7 | 15.7 |
2019-20 ☆ | BOS | 66 | 34 | 45.0 | 40.3 | 81.2 | 1.0 | 6.0 | 7.0 | 3.0 | 2.1 | 1.4 | 2.3 | 0.9 | 23.4 |
2020-21 ☆ | BOS | 64 | 36 | 45.9 | 38.6 | 86.8 | 0.8 | 6.6 | 7.4 | 4.3 | 1.9 | 1.2 | 2.7 | 0.5 | 26.4 |
2021-22 ☆ | BOS | 76 | 36 | 45.3 | 35.3 | 85.3 | 1.1 | 6.9 | 8.0 | 4.4 | 2.3 | 1.0 | 2.9 | 0.6 | 26.9 |
2022-23 ☆ | BOS | 74 | 37 | 46.6 | 35.0 | 85.4 | 1.1 | 7.7 | 8.8 | 4.6 | 2.2 | 1.1 | 2.9 | 0.7 | 30.1 |
2023-24 ☆ | BOS | 74 | 36 | 47.1 | 37.6 | 83.3 | 0.9 | 7.2 | 8.1 | 4.9 | 2.0 | 1.0 | 2.5 | 0.6 | 26.9 |
2024-25 ☆ | BOS | 72 | 36 | 45.2 | 34.3 | 81.4 | 0.7 | 8.0 | 8.7 | 6.0 | 2.2 | 1.1 | 2.9 | 0.5 | 26.8 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.