Tous les spécialistes ou presque étaient d’accord pour déclarer cette cuvée de Draft dense, avec beaucoup de profils intéressants. Et les Summer Leagues ont confirmé cette première impression.
Avec Paolo Banchero, Chet Holmgren ou encore Keegan Murray qui ont brillé à Las Vegas, et aussi à Salt Lake City et San Francisco, les débutants débarquent en force.
Le Top 5 de la dernière Draft
Paolo Banchero (Orlando)
Il n’aura joué que deux matchs, mais Paolo Banchero a impressionné en ligue d’été. Le n°1 de la Draft a pleinement assumé son statut avec 20 points, 5 rebonds et 6 passes de moyenne. À vrai dire, il est même le premier numéro 1 de la Draft à tourner à au moins 20 points à Las Vegas depuis John Wall en 2010, douze ans en arrière !
Dominateur avec sa puissance vers le cercle, Paolo Banchero a fait un peu de tout, confirmant son talent « all around ». Entre son petit dunk 180° sur contre-attaque ou quelques petits tirs à mi-distance en se retournant, l’ancien de Duke est une menace permanente en attaque. Parfois un peu désinvolte défensivement, il a été plusieurs fois très tranchant, que ce soit à l’interception (5 interceptions en 2 matchs) et aux contres, sur Jabari Smith notamment.
Excellent près du cercle avec des appuis et une panoplie de « spin moves » déjà très développés, Paolo Banchero est un candidat évident au titre de futur rookie de l’année. Il aura les coudées franches chez le Magic qui va construire autour de lui, sachant évidemment qu’il y aura forcément un peu de déchet, aux pertes de balles qui ont été son péché mignon à Las Vegas (5 par match), et avec un jeu qui fait pour l’instant l’impasse sur le 3-points (2/4)…
Chet Holmgren (Oklahoma City)
Avec 23 points, 7 rebonds, 6 contres, 4 passes en 24 minutes, le tout à 7/9 aux tirs dont 4/6 à 3-points, Chet Holmgren a frappé fort d’entrée. Dissuasif à souhait avec un record aux contres pour la ligue d’été de l’Utah, il a rapidement pris ses marques, notamment en défense mais aussi dans sa relation avec Josh Giddey, le meneur australien à la baguette.
Ce duo-là (qui deviendra un trio avec Shai Gilgeous-Alexander) va devenir l’axe majeur du Thunder pour les années à venir. Combo meneur – pivot surdimensionné et ultra polyvalent, la paire Giddey – Holmgren s’est déjà très bien trouvée à Salt Lake City, puis à Las Vegas, avec 14 points (à 48% aux tirs dont 42% à 3-points), 8 rebonds, 3 passes et 3 contres de moyenne sur cinq matchs pour l’ancien de Gonzaga.
Licorne 2.0, Chet Holmgren a tout pour réussir offensivement, avec sa qualité de tir extérieur et sa capacité à partir en dribble pour créer pour lui-même ou ses coéquipiers.
Cela dit, et comme le cubique Kenneth Lofton l’a démontré avec force, il va également souffrir défensivement face aux gabarits plus lourds de la Grande Ligue. Si sa capacité à défendre le cercle en verticalité n’est plus à démontrer, ni même sa capacité à switcher sur des « petits », le n°2 de la Draft devra prouver qu’il peut lutter dans la bataille des poids lourds aux rebonds et dans les duels.
Jabari Smith Jr. (Houston)
Déception serait un bien grand mot pour l’intérieur rookie des Rockets, mais avec 14 points (à 38% aux tirs dont 26% à 3-points), 9 rebonds et 2 passes par match (sur cinq rencontres), Jabari Smith Jr. n’a pas vraiment montré son meilleur visage à Vegas. On lui a décerné la mention « Assez bien, peut mieux faire« .
Encore maladroit aux tirs avec une tendance à prendre des tirs contestés, Jabari Smith s’est compliqué la tâche et il a tout simplement forcé. À sa décharge, le contexte volatile et individualiste de la ligue d’été n’est vraiment pas à son avantage, lui qui a encore besoin de tirs ouverts et d’un jeu plus structuré pour briller.
Mais l’ancien d’Auburn a tout de même rappelé pourquoi il avait été drafté en 3e choix en défense, avec un superbe contre au sommet sur Greg Brown en particulier. Assez mobile pour tenir face aux extérieurs plus rapides et assez costaud pour encaisser les chocs dans la peinture, Smith a tous les atouts pour truster les « All Defensive Teams » à l’avenir.
Keegan Murray (Sacramento)
Auteur de 26 points (à 10/14 aux tirs dont 4/5 à 3-points), 8 rebonds pour des débuts très propres, Keegan Murray est le MVP officieux des sumer leagues. Après avoir tourné à 20 points et 8 rebonds à San Francisco, il a enchaîné avec 23 points (à 50% aux tirs dont 40% à 3-points), 7 rebonds, 2 passes de moyenne (4 matchs) à Las Vegas.
En étant clutch en plus, avec son tir à 3-points pour arracher la prolongation face à Orlando. Grâce à ses belles performances, les Kings ont (pour le moment) largement amorti les critiques qui avaient suivi leur choix en faveur de Keegan Murray, plutôt que Jaden Ivey par exemple. Véritable gâchette à 3-points, l’ancien d’Iowa est aussi capable d’aller se créer son shoot à mi-distance et jusqu’au cercle avec son envergure.
Entre De’Aaron Fox et Domantas Sabonis, il semble déjà se présenter comme un titulaire indiscutable à Sacramento par sa polyvalence. Son coach, Mike Brown, est déjà sous le charme.
Jaden Ivey (Detroit)
Blessé après 11 minutes dans son deuxième match, Jaden Ivey a été fauché en plein vol à Las Vegas. Auteur d’un bon premier match à 20 points, 6 passes et 6 rebonds face à Portland, il avait montré un bel échantillon de sa palette de « combo guard » explosif et complet.
Malheureusement, il s’est blessé en retombant sur la cheville d’Isaiah Todd, des Wizards, après une tentative à 3-points. L’ancien de Purdue termine tout de même à 15 points (à 50% aux tirs dont 50% à 3-points), 4 passes, 3 rebonds en 19 minutes sur sa très brève apparition estivale. Et selon les dires de l’intéressé, cette blessure n’était pas grave.
Confondant encore vitesse et précipitation pour son premier match, Jaden Ivey aura besoin de temps pour canaliser son énergie, comme des Westbrook ou Morant avant lui. Mais, avec Cade Cunningham dans son oreille, et une équipe très jeune autour de lui, il devrait apprendre à la vitesse grand V.
Les bonnes surprises
Bennedict Mathurin (Indiana)
Plus haut choix de Draft des Pacers depuis le « Flying Dutchman », Rik Smits en 1988, Bennedict Mathurin n’est certes pas attendu comme le Messie dans l’Indiana. Mais le prolifique scoreur d’Arizona cette saison est clairement vu comme une pièce maîtresse de l’avenir de sa franchise, et probablement un titulaire dès la rentrée prochaine.
Véritable menace au-delà de l’arc, le jeune international canadien peut sanctionner son adversaire en pénétration en n’ayant pas peur du contact en route vers le cercle. Attaquant complet, il ne laisse pas non plus sa part au chien en défense. Avec 19 points et 4 rebonds, il a été plutôt convaincant à 49% de réussite au global (mais un petit 38% à 3-points), mais il reste encore assez unidimensionnel.
Lui non plus n’a pas joué autant que prévu, avec un petit pépin au gros orteil du pied gauche qui l’a obligé à tirer le rideau prématurément (trois matchs seulement).
Jalen Williams (Oklahoma City)
Comme Chet Holmgren qui profite de Giddey sur le pick & roll (et le pick & pop), Jalen Williams a lui aussi trouvé un associé idéal avec le meneur australien du Thunder. Leur truc à eux, c’est la passe en backdoor sur la ligne de fond. Face aux Rockets, Jalen Williams a fini à 15 points et 5 rebonds, gavé de bons ballons mais surtout récompensé de ses coupes inspirées.
Même s’il a été drafté juste après lui, Jalen Williams semble déjà avoir damé le pion au rookie français, Ousmane Dieng dans la hiérarchie possible de la saison à venir. Plus solide physiquement avec une grosse présence aux rebonds et plus complet tout simplement, il aura une belle carte à jouer dans le projet d’OKC.
Tari Eason (Houston)
Choisi en 17e position à sa sortie de LSU, Tari Eason n’était pas forcément attendu à pareille fête. Mais avec 17 points, 10 rebonds et 2 interceptions de moyenne par match, il a été un des meilleurs joueurs de son équipe des Rockets. Dans le style de la ligue d’été, il était dans son élément, lui qui a tendance à jouer pour sa pomme.
Mais, très gros athlète et hyper actif, Tari Eason va avoir son mot à dire dans la rotation des Rockets, et ce, dans une cuvée rookie intéressante aux côtés de TyTy Washington et Jabari Smith.
Jabari Walker (Portland)
Le fiston de Samaki Walker est tombé très bas lors de la soirée de la Draft. Sélectionné en avant-dernier (juste avant Hugo Besson), Jabari Walker est désormais un des grands gagnants de la Ligue d’été.
Avec 12 points (à 63% de réussite dont 43% à 3-points), 9 rebonds et 1 contre de moyenne, l’intérieur rookie des Blazers a été le coéquipier idéal sous les panneaux. Infatigable aux rebonds, il a également montré de belles aptitudes derrière l’arc. Une très bonne pioche pour Portland qui s’est empressé de lui proposer un contrat sur plusieurs saisons.
Mentions : Ochai Agbaji (Cleveland – 15 points à 37% aux tirs, 5 rebonds, 2 passes) ; Jalen Duren (Detroit – 11 points à 62% aux tirs, 3 rebonds, 2 passes, 1 contre) ; Dalen Terry (Chicago – 12 points à 58% aux tirs, 3 passes, 3 rebonds) ; Malaki Branham (San Antonio – 15 points à 43% aux tirs dont 42% à 3-points, 4 rebonds) ; Christian Braun (Denver – 12 points à 30% aux tirs, 5 rebonds, 4 passes, 2 interceptions) ; MarJon Beauchamp (Milwaukee – 13 points à 43% aux tirs, 3 rebonds, 2 passes)
La déception
Johnny Davis (Washington)
Limité à trois matchs à cause de douleurs dans le bas du dos, Johnny Davis a terminé son rapide tour de piste à Vegas avec de petites moyennes : à 7 points, 4 rebonds et moins de 2 passes par match, en 24 minutes.
À 29% aux tirs et 33% à 3-points, le 10e choix de la dernière Draft n’a pas fait rêver les fans des Wizards. Comme toujours, ces performances de Summer League ne sont clairement pas parole d’évangile, mais Johnny Davis va devoir retrouver la forme d’ici au camp d’entraînement.
https://www.youtube.com/watch?v=U32q1qDs2Es
Mentions : Mark Williams (Charlotte – 7 points à 44% aux tirs, 7 rebonds) ; Wendell Moore (Minnesota – 12 points à 35% aux tirs dont 25% à 3-points, 4 rebonds, 2 passes) ; Ousmane Dieng (Oklahoma City – 9 points à 34% aux tirs dont 20% à 3-points, 5 rebonds, 2 passes) ; Jake LaRavia (Memphis – 5 points à 38% aux tirs dont 30% à 3-points, 3 rebonds, 2 passes) ; Max Christie (LA Lakers – 7 points à 27% aux tirs dont 20% à 3-points, 5 rebonds).
Les blessés
Dyson Daniels (La Nouvelle Orléans)
Choisi en 8e position par les Pelicans après une saison de transition chez le Ignite, Dyson Daniels n’aura pu disputer que 8 minutes avant de se tordre la cheville droite sur un layup face à Portland. La guigne ! Avec 1 point à 0/5 sur tirs, 2 passes et 1 interception, le jeune Australien de 19 ans aurait espéré un meilleur début sur la scène NBA.
Auteur d’une campagne à 11 points, 4 passes et 2 interceptions en G-League la saison passée, Dyson Daniels fera partie de la rotation de Willie Green en Louisiane. Ce retard à l’allumage ne devrait pas lui porter trop préjudice chez des Pélicans de nouveau ambitieux cette saison.
https://www.youtube.com/watch?v=fZA04znKbQU
Shaedon Sharpe (Portland)
Enigmatique par son parcours peu commun, Shaedon Sharpe était attendu au tournant à Vegas puisqu’il n’a pas joué de la saison. Drafté en 7e position par les Blazers, l’arrière scoreur n’a malheureusement pu défendre ses chances que cinq minutes, blessé à l’épaule gauche dès son premier match.
Tout comme Jaden Ivey et Dyson Daniels touchés eux à la cheville, il n’a pas pu se dégourdir les jambes et nous offrir son jeu offensif fluide et racé. Ce n’est que partie remise mais c’est surtout une bonne opportunité gâchée de s’ajuster à la NBA.
Jeremy Sochan (San Antonio)
Seul joueur du Top 10 de la dernière Draft à ne pas enfiler le short et la chasuble, Jeremy Sochan a attrapé le Covid au mauvais moment. Après avoir manqué une semaine d’entraînement, les Spurs ont pris les devants en le transformant en assistant.
Considéré comme un défenseur au potentiel élite, l’ancien de Baylor sera donc une surprise à la prochaine rentrée dans une équipe de San Antonio qui reconstruit encore. Sans grandes certitudes…