Comme l’expliquait Steve Kerr, Stephen Curry ressemble beaucoup à Tim Duncan en tant que leader, notamment parce qu’il n’y a pas besoin de le gérer, le meneur n’étant jamais un problème pour le club.
Evidemment, c’est différent avec Draymond Green. Dans un podcast avec Kevin Durant, l’ailier fort avait ainsi expliqué lors de la dernière intersaison que Bob Myers et Steve Kerr avaient géré leur embrouille de la pire des façons lors de la dernière saison de KD dans la Baie. Ça aurait pu créer de grosses tensions en interne, sauf que le GM et le coach connaissent leur joueur, et ils estiment qu’il a le droit d’exprimer tout ce qu’il pense.
« C’est assez drôle », explique Bob Myers à The Athletic. « On en a parlé dans l’avion (au cours d’une longue discussion pendant les six heures du vol pour rejoindre Boston, avant le Game 6). Je savais que c’était quelque chose dont on allait devoir parler (quand c’est arrivé). Mais je n’allais pas juger avant d’avoir eu l’occasion de lui parler. Beaucoup des choses qu’il a dites (dans ce podcast), il me les avait déjà dites de toute façon. Il les a juste dites à tout le monde. Ce n’était donc pas différent. Nous n’en avons pas beaucoup parlé (plus tôt dans la saison), mais nous ne l’avons pas évité non plus. Draymond ne retient pas ses coups, que ce soit en public ou en privé. Mais ça n’a pas cassé les choses. Si la conversation suite à cet épisode ne s’était pas bien passée, alors peut-être (qu’il y aurait eu des conséquences). Mais je n’ai jamais eu peur que la relation se brise. Et je n’allais pas laisser quelque chose comme ça, malgré la réaction du public, ruiner notre amitié, notre relation de ces dix dernières années. »
Le dirigeant a toujours soutenu son (parfois) turbulent ailier fort. On se souvient notamment qu’il l’avait accompagné voir un match des Oakland Athletics alors que les Warriors jouaient en même temps le Game 5 décisif des Finals 2016 face aux Cavaliers, juste à côté. Draymond Green était alors suspendu pour cette rencontre.
Alors, dans l’avion pour Boston, Bob Myers et son joueur n’ont pas parlé de basket.
« Nous avons parlé de tout, sauf du basket. Je ne prétends pas comprendre ce que c’est que d’être à leur place (aux joueurs) parce que je ne suis pas une célébrité, ni célèbre, ni aussi riche qu’eux. Mais nous avons tous une femme, des proches, des enfants. Nous travaillons tous en NBA. Nous avons donc beaucoup parlé de la manière de surmonter cette épreuve, de la difficulté de la tâche, de l’effort à fournir et du fait que les gens de l’extérieur n’arrivent pas à l’imaginer. C’était un grand moment pour parler de la façon dont nous vivons. Je suppose qu’ils en ont assez de parler (avec la presse) des tirs à 3 points de Steph et de Draymond qui avait été sur le banc ou de leur « legacy ». Ils sont tellement immergés dans ce monde, dans ce domaine, que je pense que c’est bien de parler de l’éducation de leurs enfants. Je pensais simplement que nous nous étions tellement concentrés sur le cinquième et le sixième match que nous ne parlions pas assez de la vie. Une fois que tout cela sera terminé, nous retournerons à nos vies. Tout le monde a des défis à relever, alors je ne parle que de ça. »
« C’est une erreur que nous commettons parfois dans la NBA. Dans un environnement plutôt transactionnel et fortement axé sur les résultats, nous n’investissons pas assez dans ce qui pourrait ne pas se produire avant longtemps »
Forcément, pour Draymond Green, ces liens qui dépassent le simple cadre du basket sont importants.
« Nous sommes allés en profondeur sur ces sujets. Et c’était plus sur la vie en général. On a parlé de mariage, de conseils matrimoniaux, d’enfants et de la façon de les élever. La vraie vie. Qu’est-ce que tu fais si cela arrive ? Qu’est-ce que tu fais si ceci arrive ? Comment gérer vos enfants qui grandissent avec de l’argent et toutes ces conversations. C’était une conversation spéciale sur le chemin de la victoire. C’est la chose dont on se souvient le plus. ‘Tu te souviens de cette conversation qu’on a eue ?’ Ce n’est pas ‘Tu te souviens du titre ?’ Ça, c’est cool. Mais c’est le voyage. ‘Tu te souviens de la conversation qu’on a eue sur le chemin du championnat ?’ Ce sont des choses qui vous rapprochent pour toute une vie. Nous avons vu plusieurs personnes gagner des trophées ensemble, mais ils se détestent. Ce sont ces choses-là qui vous rapprochent et vous relient pour toujours. »
Des conversations essentielles pour éviter les cassures qui pourraient subvenir, en particulier avec un joueur comme Draymond Green « qui ne retient pas ses coups », que ce soit en public ou en privé.
« Tout est si fragile en NBA – pour nous, pour chaque équipe » continue Bob Myers. « Alors vous devez vraiment travailler dur pour vous accrocher aux relations et à votre équipe. Les gens ne jouent plus aussi longtemps pour la même équipe. Il y a beaucoup de pression et d’impatience dans les organisations pour gagner immédiatement. On a besoin de confiance, de patience et de temps. Mais ce qui était intéressant dans cette conversation, c’est que j’ai commencé par (partager) toutes les choses que je ne fais pas bien. Le frère de ma femme qui est décédé (à l’âge de 33 ans dans un accident de randonnée sur le mont Kilimandjaro en 2015) disait : ‘Lorsque vous êtes authentiquement vous-même, cela donne aux gens une chance d’être authentiquement eux-mêmes’. J’ai donc commencé (à dire aux joueurs) : ‘Est-ce que vous avez du mal avec certaines choses ? Parce que moi, c’est le cas’. »
Travailler sa relation avec Draymond Green, c’est ainsi ce qu’a fait Bob Myers depuis longtemps. Et c’est peut-être ce qui a finalement permis au groupe de ne jamais exploser, pour remporter autant de succès.
« Il y a longtemps, quelqu’un d’intelligent m’a dit qu’il fallait mettre de l’équité dans les relations, car à un moment donné, quelqu’un va contrarier l’autre – intentionnellement ou non. Et si l’équité n’est pas établie, cela peut briser la relation. C’est une erreur que nous commettons parfois dans la NBA. Dans un environnement transactionnel et fortement axé sur les résultats, nous n’investissons pas assez dans ce qui pourrait ne pas se produire avant longtemps. Peut-être qu’entre Draymond et moi, le fait que je sois allé au match des A’s lors du Game 5, en 2016, ça a été un moment où nous nous sommes connectés à un niveau qui compte vraiment » conclut le GM.
Draymond Green | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2012-13 | GOS | 79 | 13 | 32.7 | 20.9 | 81.8 | 0.7 | 2.6 | 3.3 | 0.7 | 2.0 | 0.5 | 0.6 | 0.3 | 2.9 |
2013-14 | GOS | 82 | 22 | 40.7 | 33.3 | 66.7 | 1.0 | 3.9 | 5.0 | 1.9 | 2.8 | 1.2 | 1.1 | 0.9 | 6.2 |
2014-15 | GOS | 79 | 32 | 44.3 | 33.7 | 66.0 | 1.4 | 6.7 | 8.2 | 3.7 | 3.2 | 1.6 | 1.7 | 1.3 | 11.7 |
2015-16 ☆ | GOS | 81 | 35 | 49.0 | 38.8 | 69.6 | 1.7 | 7.8 | 9.5 | 7.4 | 3.0 | 1.5 | 3.2 | 1.4 | 14.0 |
2016-17 ☆ | GOS | 76 | 33 | 41.8 | 30.8 | 70.9 | 1.3 | 6.6 | 7.9 | 7.0 | 2.9 | 2.0 | 2.4 | 1.4 | 10.2 |
2017-18 ☆ | GOS | 70 | 33 | 45.4 | 30.1 | 77.5 | 1.1 | 6.6 | 7.6 | 7.3 | 2.6 | 1.4 | 2.9 | 1.3 | 11.0 |
2018-19 | GOS | 66 | 31 | 44.5 | 28.5 | 69.2 | 0.9 | 6.4 | 7.3 | 6.9 | 3.0 | 1.4 | 2.6 | 1.1 | 7.4 |
2019-20 | GOS | 43 | 28 | 38.9 | 27.9 | 75.9 | 0.5 | 5.7 | 6.2 | 6.2 | 2.6 | 1.4 | 2.3 | 0.8 | 8.0 |
2020-21 | GOS | 63 | 32 | 44.7 | 27.0 | 79.5 | 0.9 | 6.3 | 7.1 | 8.9 | 3.1 | 1.7 | 3.0 | 0.8 | 7.0 |
2021-22 ☆ | GOS | 46 | 29 | 52.5 | 29.6 | 65.9 | 1.0 | 6.3 | 7.3 | 7.0 | 3.0 | 1.3 | 3.0 | 1.1 | 7.5 |
2022-23 | GOS | 73 | 32 | 52.7 | 30.5 | 71.3 | 0.9 | 6.3 | 7.2 | 6.8 | 3.1 | 1.0 | 2.8 | 0.8 | 8.5 |
2023-24 | GOS | 55 | 27 | 49.7 | 39.5 | 73.0 | 1.4 | 5.9 | 7.2 | 6.0 | 3.0 | 1.0 | 2.5 | 0.9 | 8.6 |
2024-25 | GOS | 68 | 29 | 42.4 | 32.5 | 68.7 | 1.1 | 5.0 | 6.1 | 5.6 | 3.2 | 1.5 | 2.6 | 1.0 | 9.0 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.