Ils ont été coéquipiers le temps de 14 matchs sous la tunique des Mavericks. Et encore, l’un d’entre eux était plutôt abonné à l’infirmerie…
JJ Redick et Luka Doncic se sont retrouvés pour une grosse discussion basket sur le podcast du retraité des parquets. Pour sa première participation à un podcast, la star slovène des Mavs n’a pas été épargnée, interrogée sur sa méforme du début de saison mais aussi son langage très fleuri pour le corps arbitral.
« C’était une erreur de ma part »
Dans une bonne passe avec ses Mavs, qui sont remontés à la cinquième place dans la conférence Ouest, juste derrière le Jazz, Luka Doncic a évoqué le début de saison compliqué de sa formation.
« On avait un nouveau staff d’entraîneurs et quand c’est comme ça, tu ne peux pas t’attendre à gagner des matchs dès le début. Il faut construire », explique-t-il dans le podcast de JJ Redick. « Avec J-Kidd, on a commencé à construire quelque chose et il faut continuer à suivre le processus. Je sais que le Process, c’est Philly en général, mais vous voyez ce que je veux dire. On joue bien mieux en défense et c’est comme ça qu’on arrive à engranger les victoires. »
Plaisantant qu’il devrait recevoir « au moins trois votes pour le titre de meilleur défenseur » cette année, Luka Doncic a aussi reconnu qu’il n’avait pas forcément bien géré son après Jeux Olympiques. Arrivé en surpoids, le « Wonderboy » a admis son erreur.
« J’ai joué [entre les JO et le camp d’entraînement]. Mais oui, c’était plutôt du shooting que de la préparation physique. C’était une erreur de ma part. »
Réquisitionnée avec sa sélection depuis le tournoi de qualification olympique du côté de Kaunas, Luka Doncic avait des circonstances atténuantes après un été marathon avec sa sélection, d’autant plus terminé sur une note des plus amères avec une quatrième place, au pied du podium au final… Mais le garçon est sûr de ses qualités.
« Mon physique est un avantage. Les gens ne le savent pas mais j’ai de très bonnes jambes. Des jambes très puissantes. Certains disent des troncs d’arbre, mais c’est clair que ça m’aide énormément. Ma taille aussi. Si le meneur adverse défend sur moi, je sais que j’aurai l’avantage sur lui au poste bas. »
Enfant de la balle, à suivre les traces de son père, le jeune Doncic a rapidement su qu’il pourrait en faire son métier. Et bien plus encore : « Mon père jouait au basket donc j’étais toujours dans les salles. À chacun de ses matchs, j’allais shooter. J’avais 3 ans et je commençais à shooter sur les paniers. J’ai pratiqué pas mal d’autres sports et ça m’a aidé pour le basket, mais je n’étais bon qu’au basket, donc j’ai continué. »
Recruté très tôt par les grandes cylindrées d’Europe, Luka Doncic va hésiter longtemps avant de se décider à franchir le pas et rejoindre le centre de formation du Real Madrid. Pendant six mois, le gamin de 13 ans va se réveiller en pensant qu’il n’irait jamais. Et puis, un beau matin, il s’y était décidé.
« Les trois premiers mois, c’était vraiment difficile. Je ne connaissais personne. Je ne parlais pas espagnol, et même pas vraiment l’anglais. Juste les basiques, ‘bonjour’, ‘comment ça va’. Personne ne parlait slovène, c’était vraiment difficile. Mais en trois mois, j’ai appris l’espagnol pour pouvoir me débrouiller. Pendant trois mois, je venais et j’observais. C’était : ‘écoute et tais-toi’. Il fallait s’accrocher. »
« Je savais que je le faisais, mais j’ai continué à le faire. Maintenant, c’est fini »
Après une belle petite carrière en Europe, entre 2015 et 2018 avec le titre de champion en Euroleague et au championnat d’Europe entre autres, rebelote pour Luka Doncic qui doit à nouveau s’ajuster à un nouvel environnement, celui grandiose de la NBA. Mais là, si ce n’est quelques détails de la vie de tous les jours, tout s’est plutôt bien passé pour celui qui allait remporter le trophée de meilleur Rookie haut la main en fin de saison 2019.
« J’ai dû m’adapter à pas mal de choses. Mais en sens inverse, en Europe, les temps morts durent une minute. Et tu n’en as pas autant. En NBA, si tu joues pour la télévision nationale, tu as quatre minutes de temps mort, tu as le temps d’aller prendre une bière et de revenir sur le terrain [rires]. Le match dure plus longtemps [en NBA], mais le jeu est plus intense [en Europe]. (…) Le jeu européen est un jeu plus collectif, plus tactique mais c’est très différent. Le terrain est plus petit, les fautes sont différentes. Les règles sont différentes. Et il y a moins de temps de jeu. En NBA, il y a un groupe de joueurs qui sont juste impossibles à arrêter et c’est pour ça que c’est si dur d’y jouer. »
Débarqué à Dallas, Luka Doncic s’y est rapidement bien plu. Il faut dire que son expérience des Etats-Unis était plutôt limitée à son arrivée dans la Grande Ligue.
« Je me fichais de là où j’allais finir. Je ne connaissais aucune des villes, laquelle est bien, laquelle est moins bien. J’étais juste heureux d’être drafté en NBA, c’était le plus important pour moi. Et derrière, je pense avoir obtenu la meilleure destination possible pour moi, en ayant l’opportunité de jouer avec Dirk. (…) Je ne connaissais que Santa Barbara et Six Flags (un parc d’attraction) à Los Angeles. J’étais venu à Santa Barbara pour travailler au P3. J’y étais deux semaines et le weekend, on est allé à Six Flags à LA. C’est tout ce que je connaissais [avant la Draft]. Je suis très bien à Dallas. Comme je dis souvent, à Dallas, il y a un peu de tout mais rien en trop. Il y a des supers restaurants, des très bonnes personnes, j’adore Dallas. »
Star incontestée chez les Mavs, d’autant plus depuis la fin de la brève aventure Kristaps Porzingis, Luka Doncic a pour le coup pris ses aises aux manettes de sa franchise. Que ce soit face à Rudy Gobert ou Kevin Durant récemment, il veut relever le défi face aux autres stars de la Ligue.
« Je n’ai jamais été un gros trashtalker. Mais bon, quand quelqu’un me balance un truc, il faut bien que je réponde ! Cette année, je dois dire que j’ai pas mal abusé mais avant ça, j’étais plutôt calme. À vrai dire, quand quelqu’un essaye de commencer à se chauffer, ça me réveille bien souvent. J’ai parfois tendance à me laisser porter et quand on m’agresse verbalement, ça me lance, ça m’aide en fait. Je suis compétitif. »
Plus embêtant, avec 15 fautes techniques, n°1 de la NBA, Luka Doncic filait un mauvais coton. Avec les arbitres, l’ancien madrilène commençait sérieusement à dépasser les bornes, plusieurs fois bien plus occupé à incendier l’officiel qu’à participer au repli défensif.
« Je me suis fait ma propre leçon de morale sur le sujet. Je me suis dit que ce n’était plus acceptable de faire ça. Je me suis laissé aller de ce côté-là, peut-être mélangé à des problèmes personnels [avec les arbitres]. Mais ça ne pouvait plus continuer comme ça, ça finissait par donner une mauvaise image. Je savais que je le faisais, mais j’ai continué à le faire. Maintenant, c’est fini. Je me suis fait la promesse d’arrêter ça. »
« Le titre NBA, c’est le seul objectif »
Car, quand il est pleinement concentré sur son sujet, et de nouveau maître de son corps, capable d’aller remettre le couvercle sur les claquettes, Luka Doncic est évidemment un artiste. Comme son ami serbe, Nikola Jokic – qui « n’est même pas sur Instagram, c’est un cas à part. Il adore ses chevaux. J’ai essayé de le convaincre de venir sur Instagram mais il m’a répondu qu’il n’y avait aucune chance », le Slovène est un vrai joueur. Un joueur collectif avant tout. Et un talent à qui le jeu vient naturellement, comme il l’explique en parlant du stepback, une des armes favorites.
« J’ai toujours aimé faire des passes, c’est l’aspect de mon jeu qui est le plus sous-estimé. La vision du jeu. J’ai toujours eu ça depuis tout petit. Je voyais comment les défenses s’adaptaient pour défendre sur moi et où on peut faire les passes. Et puis au fur et à mesure de mon apprentissage, j’ai ajouté des nouvelles choses. Comme le stepback, j’en ai fait quelques uns face à Houston dans une fin de match, deux ou trois de suite, et ils me l’ont fait remarquer. Depuis, j’ai commencé à vraiment le bosser. Et ça marche plutôt bien [rires]. Mais depuis mon passage à Madrid, je joue avec des gars plus âgés et plus expérimentés, j’avais 16 ans quand j’ai commencé à m’entraîner avec l’équipe première donc j’apprenais plus vite avec eux. Je les observais et j’essayais de le faire sur le terrain. »
Sans vouloir révéler tous ses secrets non plus, Luka Doncic a bien voulu lâcher tout de même quelques informations sur sa préparation mentale face aux défenses NBA, qui lui réservent souvent un traitement de choc.
« La première chose que je regarde, c’est qui est sous le panier. Est-ce un intérieur ou un extérieur ? Et ensuite, j’essaie de voir s’il est déjà dans la raquette depuis un moment et s’il va devoir sortir ou s’il est sorti et qu’il va pouvoir y retourner. Ce sont les deux choses que je regarde en premier, et puis, bien sûr, comment la défense me joue en général. En ce moment, ils me laissent partir main droite, ou main gauche, je ne sais plus [rires]. Maintenant, je cherche surtout à passer le premier rideau pour désorganiser leur défense et trouver le coéquipier démarqué. »
Triple All-Star à 23 ans, après avoir donc raflé le titre de meilleur rookie de l’année, Luka Doncic a pour ainsi dire déjà fait le tour des récompenses individuelles. Au rythme où il file, il devrait en ramasser plus d’une sur ses prochains tours de piste, mais pour le gagneur qu’il est, c’est surtout le titre de champion qui l’attire.
« Le titre NBA, c’est le seul objectif. J’espère que ça arrivera un jour. [Le titre de MVP ?] C’est évidemment quelque chose d’important, quand on parle de faire partie de la conversation sur les meilleurs joueurs de la meilleure ligue du monde. Gagner le MVP, ce serait énorme. Mais je préférerais toujours un titre de champion à un titre de MVP. »
Bonus : Le tir le plus difficile de sa carrière selon lui ?
Luka Doncic | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2018-19 | DAL | 72 | 32 | 42.7 | 32.7 | 71.3 | 1.2 | 6.6 | 7.8 | 6.0 | 1.9 | 1.1 | 3.4 | 0.3 | 21.2 |
2019-20 ☆ | DAL | 61 | 34 | 46.3 | 31.6 | 75.8 | 1.3 | 8.1 | 9.4 | 8.8 | 2.5 | 1.0 | 4.3 | 0.2 | 28.8 |
2020-21 ☆ | DAL | 66 | 34 | 47.9 | 35.0 | 73.0 | 0.8 | 7.2 | 8.0 | 8.6 | 2.3 | 1.0 | 4.3 | 0.5 | 27.7 |
2021-22 ☆ | DAL | 65 | 35 | 45.7 | 35.3 | 74.4 | 0.9 | 8.3 | 9.1 | 8.7 | 2.2 | 1.2 | 4.5 | 0.6 | 28.4 |
2022-23 ☆ | DAL | 66 | 36 | 49.6 | 34.2 | 74.2 | 0.8 | 7.8 | 8.6 | 8.0 | 2.5 | 1.4 | 3.6 | 0.5 | 32.4 |
2023-24 ☆ | DAL | 70 | 38 | 48.7 | 38.2 | 78.6 | 0.8 | 8.4 | 9.2 | 9.8 | 2.1 | 1.4 | 4.0 | 0.5 | 33.9 |
2024-25 * | All Teams | 50 | 35 | 45.0 | 36.8 | 78.2 | 0.8 | 7.4 | 8.2 | 7.7 | 2.5 | 1.8 | 3.6 | 0.4 | 28.2 |
2024-25 * | LAL | 28 | 35 | 43.8 | 37.9 | 79.1 | 0.9 | 7.2 | 8.1 | 7.5 | 2.4 | 1.6 | 3.7 | 0.4 | 28.2 |
2024-25 * | DAL | 22 | 36 | 46.4 | 35.4 | 76.7 | 0.7 | 7.6 | 8.3 | 7.8 | 2.6 | 2.0 | 3.4 | 0.4 | 28.1 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.