Privés de ligue d’été la saison passée à cause de la pandémie, nombre de joueurs « sophomores » ont vécu leur première expérience à Sacramento, Salt Lake City ou Las Vegas cet été, et ce, après avoir déjà une saison NBA sous la ceinture. Rookie de ligue d’été sans être rookie NBA en somme.
On sait bien qu’une ligue d’été, bonne ou mauvaise, ne fait ni ne défait complètement une carrière. Mais pour certains de ces jeunes joueurs qui doivent encore prouver leur valeur et trouver leur place, les « summer leagues » sont une belle occasion de se montrer sous son meilleur jour.
Bol Bol et Ömer Yurtseven ont été deux intérieurs qui ont sauté sur l’occasion, tout comme Tyrese Maxey et Payton Pritchard chez les meneurs. En revanche, pour le duo d’Orlando, Cole Anthony – RJ Hampton, et moins drôle, celui de Detroit, Killian Hayes – Sekou Doumbouya, ce fut plutôt la soupe à la grimace. Après les rookies, voici donc le bilan des sophomores et joueurs vétérans.
Les tops
Bol Bol (22 points, 7 rebonds, 2 contres)
Sélectionné en 44e choix de la Draft 2019, Bol Bol n’a pourtant pas beaucoup eu de temps de jeu sur ses deux premières saisons NBA. Dans l’effectif de Denver qui joue les premiers rôles dans la conférence Ouest, l’ancien d’Oregon n’a eu droit qu’à des miettes de temps de jeu (249 minutes en 39 rencontres), d’où l’intérêt impérieux de l’envoyer à Vegas pour se dégourdir les jambes. Qu’il a très longues…
Capable de récupérer le ballon et de partir en dribble (dans le dos) pour le « coast to coast » à Vegas, ou de lâcher une passe dans le dos avant de claquer un dunk arrière, ou encore d’écraser un alley-oop de son immense envergure, il a montré que la patience pouvait aussi être une stratégie payante en NBA. Avec ses longs segments, il est certes un peu lent sur certains de ses déplacements et semble toujours aussi fragile par moments, mais globalement, Bol Bol a été très bon à 22 points, 7 rebonds et 2 contres de moyenne, le tout à 44% de réussite aux tirs dont 40% à 3-points.
Au relais du MVP en titre, Nikola Jokic, dans la rotation des Nuggets, il peut apporter un profil différent, de pivot au large en attaque et de contreur en défense.
Tyrese Maxey (26 points, 5 rebonds, 4 passes, 2 interceptions)
Rotation importante des Sixers lors des derniers playoffs, au point de scorer 16 points en sortie de banc pour aider Philly à battre les Hawks lors d’un Game 6 sous haute tension en demi-finale de conférence, Tyrese Maxey a fait une apparition brève, de deux matchs, à Las Vegas.
Avec 52 points en 58 minutes de jeu, le jeune arrière de 20 ans des Sixers a rapidement montré qu’il n’avait rien à faire en ligue d’été, avec une grosse impression de facilité pour aller jusqu’au cercle et effacer ses adversaires direct sur le dribble. La preuve : il finit à 50% aux tirs au global, même s’il a encore un peu peiné derrière l’arc à 29% (4/14) seulement.
Il a également raté un dunk tout cuit à deux mains, mais à part ce raté et son tir à 3-points encore perfectible, il a été excellent dans le petit périmètre avec un cocktail de tirs à une main, layup et tear drop, mais aussi panaché de tirs à mi-distance plutôt convaincants. Non, il ne lui reste plus qu’à maîtriser davantage son tir à 3-points et il sera une arme redoutable dans la « seconde unit » des Sixers… voire dans le cinq (occasionnellement) !
Payton Pritchard (18 points, 8 passes, 6 rebonds, 2 interceptions)
Propre ! Voilà quel serait le qualificatif le plus adéquat pour Payton Pritchard à Las Vegas. Avec 18 points, 8 passes et 6 rebonds, le meneur remplaçant des Celtics a non seulement noirci la feuille de stats à chaque match, mais il l’a fait en outre avec une grande efficacité, signe de maîtrise et de confiance.
Il faut dire qu’avec 15/26 à 3-points (pour 58%), tout en donnant 34 passes décisives pour 10 balles perdues, l’ancien Duck d’Oregon a soigné la note artistique.
Seul bémol, son « petit » match à 6 points, 8 passes, 6 rebonds, 6 balles perdues face aux Kings de Davion Mitchell qui lui a vraiment donné du fil à retordre défensivement. À part ce petit raté, avant lequel il était notamment à 26 passes pour 4 balles perdues, Payton Pritchard a parfaitement répondu aux attentes placées en lui par les Celtics. Son tir à 3-points a été impressionnant d’efficacité, mais aussi d’aisance avec plusieurs réussites inscrites un bon mètre derrière la ligne.
En quête de création dans leur « seconde unit », les Celtics vont devoir compter avec Payton Pritchard qui n’en sera que plus dangereux au relais de Dennis Schröder, avec sa qualité de passe combinée à son tir de (très) loin.
https://www.youtube.com/watch?v=gDpv15Duw4I
Ömer Yurtseven (20 points, 10 rebonds, 3 contres, 2 passes)
Tout comme son compatriote rookie, Alperen Sengun avec les Rockets, Ömer Yurtseven a réussi un bel été avec le Heat. Déjà très chaud dans la ligue d’été de Sacramento, avec 26 points de moyenne en deux matchs, il a gardé le rythme à Las Vegas en tournant à un quasi double double de moyenne à 20 points, 10 rebonds et 3 contres !
Signé par le Heat en cours de saison passée après avoir passé la saison au sein du Blue d’Oklahoma City en G-League, Ômer Yurtseven commence à voir les fruits de son travail de l’ombre. Du haut de ses 2m13 pour 124kg, le joueur formé au Fenerbahçe (puis à North Carolina State et Georgetown, mais sans être drafté en 2020) a fait parler ses muscles à Las Vegas.
Servi près du cercle, il n’avait pas de vis-à-vis physiquement, et il a pu s’en donner à coeur joie ! Doté de bonnes mains et capable à terme de rentrer un 3-points de temps à autre sur du pick & pop, il a été une des grosses révélations de l’été. Derrière Bam Adebayo, il y a de la place à se faire dans la raquette de South Beach…
Tre Jones (23 points, 6 passes, 5 rebonds)
Comme son grand frère Tyus en 2016, élu MVP de la compétition, Tre Jones a profité de son expérience à Las Vegas pour briller. Limité à un temps de jeu très limité chez les Spurs la saison passée, 269 minutes en tout et pour tout – dont plus de la moitié en dernier quart (soit du « garbage time »), il s’est bien défoulé en ligue d’été, avec 23 points, 6 passes et 5 rebonds de moyenne.
Insaisissable manieur de ballons et meneur de jeu organisateur, il a réussi un énorme match face à Charlotte pour l’emporter sur le fil, avec 34 points, 9 passes et 8 rebonds, dont le layup de la gagne face au planeur Kai Jones. Cela dit, Tre Jones n’a pas totalement rassuré quant à son tir à 3-points, encore en travaux, à 36%.
Et on peut également regretter sa fin de tournoi et un relâchement coupable qui lui font terminer le tournoi à 5 balles perdues de moyenne tout de même…
Globalement, pour la première fois qu’il obtient un temps de jeu conséquent, Tre Jones a montré des choses intéressantes sur la percussion et le scoring pur et dur. Avec le départ de la légende locale, Patty Mills, les Spurs devraient le responsabiliser davantage en sortie de banc cette saison.
Obi Toppin (21 points, 8 rebonds)
Après une saison rookie assez frustrante, où il a découvert la méthode Thibodeau, Obi Toppin a par contre été très à l’aise pour sa première ligue d’été. Utilisé dans un rôle de poseur d’écrans qu’on sert sur la sortie, il a pu montrer tout ce qu’il sait bien faire sur un terrain de basket, à savoir décoller directement vers le cercle ou rentrer le petit tir à mi-distance, voire le 3-points (à 34% de réussite).
Toujours aussi athlétique et bondissant, Obi Toppin a notamment réussi un match à 31 points, 9 rebonds, 3 interceptions et 2 contres face à Detroit, se démenant défensivement pour aller gêner les shooteurs adverses. Le souci, c’est qu’il n’aura probablement pas le loisir d’évoluer au centre de l’attaque des Knicks une fois la saison lancée, derrière les Randle, Rose, Fournier et autres scoreurs locaux…
Le défi pour Tom Thibodeau va être de réussir à intégrer des systèmes de jeu aptes à faire briller Obi Toppin, sur des coupes et du pick & roll en tête de raquette. Derrière Julius Randle dans la hiérarchie, l’ancien de Dayton devrait de nouveau sortir du banc cette saison, mais y être plus efficace cette fois-ci.
Mentions : Desmond Bane (Memphis) – 24 points, 4 passes, 3 rebonds | Patrick Williams (Chicago), – 21 points, 10 rebonds, 3 passes | Jalen Smith (Phoenix) – 16 points, 12 rebonds | Immanuel Quickley (New York) – 20 points, 8 passes, 4 rebonds | Aaron Nesmith (Boston) – 17 points, 6 rebonds, 2 passes.
Les flops
Cole Anthony (7 points à 29% aux tirs, 4 rebonds, 2 passes, 2 balles perdues)
Auteur d’une saison rookie encourageante, dont un tir de la gagne complètement improbable dans le Minnesota et 13 points, 5 passes et 4 rebonds de moyenne, Cole Anthony est passé à côté de la ligue d’été. Attendu comme un des leaders du Magic, l’ancien de North Carolina a livré une prestation très médiocre à 7 points, 4 rebonds et 2 passes, le tout à 29% aux tirs, alors qu’Orlando termine à 2 victoires et 3 défaites.
Si ce n’est pour son match solide face à Houston, à 15 points, 7 rebonds, 3 passes décisives et 2 contres, Cole Anthony a déchiré en adresse, enchaînant un 1/9 au premier match, d’un 2/10 au deuxième. Pas forcément très concerné, il a confirmé qu’il pouvait être un scoreur en série, mais tendance croqueur…
Les plus optimistes diront néanmoins que le fiston de l’ancien meneur des Knicks était à Las Vegas pour travailler ses faiblesses défensives et montrer à son staff qu’il pouvait tenir ses duels plus longtemps…
CJ Elleby (8 points, 5 rebonds, 2 passes, 2 balles perdues)
Après une saison rookie anonyme sur le banc des Blazers, CJ Elleby faisait figure de cadre dans l’équipe estivale de Portland remplie de vétérans dont Emmanuel Mudiay, Michael Beasley ou encore Kenneth Faried. Après que Nassir Little ait été dispensé de devoirs de vacances, CJ Elleby était le seul joueur sous contrat avec Rip City (bientôt rejoint par le rookie Greg Brown). Il avait à Vegas l’occasion de jouer enfin et de montrer ce qu’il a dans le ventre…
Malheureusement, ça ne s’est vraiment pas bien passé pour l’ancien de Washington State, limité à 8 points à 28% aux tirs dont 17% à 3-points. Une misère offensive pas gâtée par son ratio passes – balles perdues, réduit au néant. Pire encore, sur son dribble trop haut et sur ses finitions au cercle trop courtes, ou quelques airballs à 3-points, il n’a pas encore semblé prêt à franchir le cap, malgré une année dans la Ligue déjà dans le rétro…
Peut-être retrouvera-t-il la confiance au fur et à mesure de la saison sous la houlette du nouveau coach en place, Chauncey Billups. Mais cette ligue d’été est bel et bien un acte manqué pour Elleby.
RJ Hampton (7 points, 4 rebonds, 2 passes, 3 balles perdues)
Comme son coéquipier Cole Anthony, RJ Hampton venait à Las Vegas avec une saison de NBA dans les jambes, et forcément des attentes assez élevées pour prouver précisément que cette épreuve estivale n’était pas un souci. L’ancien pensionnaire du championnat australien a pourtant galéré pendant trois matchs, sur un poste à l’aile duquel il n’est pas coutumier (aux côtés de Cole Anthony et Jalen Suggs en 1 et en 2). En témoignent ses 32% aux tirs, même si RJ Hampton a tout de même été meilleur de loin, à 44% à 3-points (un de ses projets de progression).
Encore léger physiquement, RJ Hampton a du mal à tenir en respect ses adversaires en défense. Quand sa vitesse et ses changements de rythme foudroyants lui permettent de briller offensivement par séquences, il doit se renforcer pour tenir le choc match après match. De même, sa progression à 3-points à Vegas est intéressante, mais sur un tout petit volume de tirs. À confirmer la saison prochaine donc.
Killian Hayes et Sekou Doumbouya
Si Théo Maledon (10 points, 3 passes, 3 rebonds) voire Killian Tillie (14 points, 3 rebonds) se sont plutôt bien comportés, le clan tricolore a plutôt livré une impression mitigée, tendance décevante. À Detroit d’abord, où Killian Hayes (6 points, 5 rebonds, 5 passes, 3 balles perdues) n’a pas vraiment profité de l’opportunité qu’il lui était offerte, aux manettes des Pistons (27 minutes par match). Avec 18% à 3-points, l’ancien de Cholet n’a toujours pas réglé la mire et ça commence à devenir alarmant.
Tout comme la place de Sekou Doumbouya dans la rotation. Ayant dû quitter Las Vegas pour des raisons personnelles au bout de deux matchs, le jeune ailier arrivait avec un statut de vétéran (deux saisons derrière lui), mais il a été plutôt transparent avec 6 points et 4 rebonds de moyenne. Enfin, Jaylen Hoard (7 points, 5 rebonds) n’a pas non plus fait d’étincelles pour le Thunder. Les perspectives de ces deux derniers s’assombrissent un peu plus…
Mentions : Kira Lewis Jr. (New Orleans) – 11 points, 6 passes, 2 rebonds | Semaj Christon (Denver) – 2 points, 2 rebonds, 1 passe | Skal Labissière (San Antonio) – 1 point, 4 rebonds, 2 passes | Luca Vildoza (New York) – 0 point, 1 passe, 1 rebond.