Il suffit de jeter un œil aux lignes de statistiques de Chris Paul (32 points à 12/19, 9 passes) et de Devin Booker (27 points à 8/21, 6 passes) pour comprendre que la stratégie défensive choisie par Milwaukee pour entamer ces Finals n’a pas fonctionné.
« Leur pick & roll est difficile à défendre. On va devoir regarder la vidéo et voir comment on peut casser leur rythme, et ne pas les laisser faire ce qu’ils veulent, » expliquait Mike Budenholzer après la rencontre.
À l’instar des Game 5 et 6 face à Atlanta, les Bucks ont entamé la rencontre en changeant sur les écrans, laissant Brook Lopez et Bobby Portis en un-contre-un face aux deux créateurs de Phoenix.
Brook Lopez et Bobby Portis ciblés
« Ils ont fait plusieurs choses face à Atlanta mais lors de leur dernier match, ils ont beaucoup changé et vous devez être prêts pour toutes les éventualités, » disait Monty Williams. « Quand on les a vus switcher, on a juste essayé d’écarter le jeu pour pouvoir les attaquer comme on le devait. »
Devin Booker a démarré la rencontre avec agressivité sur ces situations pour marquer 12 points et aller chercher six lancers-francs. Chris Paul a lui commencé plus doucement, manquant ses quatre premiers tirs, avant de trouver son rythme et ses spots lors du deuxième quart-temps pour inscrire 11 points.
Les Bucks ont continué avec la même stratégie au retour des vestiaires avant de tester leur défense traditionnelle, le « drop », en gardant Brook Lopez plus proche du cercle. Chris Paul a alors éclaboussé de sa classe le troisième quart-temps, marquant 16 points avec une facilité déconcertante. « Quand il est en rythme comme ça, vous essayez juste de lui donner de l’espace et vous le laissez orchestrer l’attaque, » expliquait Monty Williams.
Face à ces deux défenses, les deux joueurs ont excellé à mi-distance, finissant la rencontre à 12 sur 22 aux tirs, et ils ont pu également créer pour leurs partenaires, en particulier Deandre Ayton. « C’est utile d’avoir Chris et Book pour lui créer des opportunités, » détaillait Monty Williams sur son pivot. « Mais il comprend aussi les angles qu’il doit leur donner sur les écrans et où se positionner pour pouvoir recevoir la balle près du panier. »
« Les réponses arrivent comme des réflexes »
Si Chris Paul et Devin Booker ont brillé grâce à leur talent individuel et leur lecture des situations, la défense des Bucks a également été trop permissive. Au lieu de mener la danse, ils ont laissé les rênes à leurs adversaires et en ont payé le prix.
« Ils ont été rigoureux en attaque, » confirmait Mike Budenholzer. « On peut être meilleur défensivement, leur compliquer davantage les choses. Ce sera un des points les plus importants pour le Game 2. »
Après la rencontre, Chris Paul se tournait lui aussi déjà vers le match de jeudi soir. Le meneur s’attend évidemment à des ajustements de la part de son adversaire mais il a confiance en son expérience et dans la préparation des Suns pour ces Finals.
« On joue beaucoup de matches, on a vu toutes les défenses possibles et imaginables, donc les réponses arrivent comme des réflexes, » expliquait CP3. « Depuis le training camp, nos coaches nous rabâchent les mêmes choses et nous préparent pour ce genre de rendez vous. C’est répétitif, oui, mais c’est nécessaire pour pouvoir trouver les bonnes solutions pendant le match et lire la défense. »
Jrue Holiday, qui a commencé le match sur Chris Paul, faisait écho aux propos de son entraineur et de son adversaire mais avec un brin de frustration dans la voix : « Chris Paul était beaucoup trop à l’aise ce soir… ». On a effectivement eu droit à une performance « vintage » du meneur des Suns. Combien de fois, en 16 ans, l’a-t-on vu fixer un adversaire avant de créer l’espace nécessaire à coup de pas chassés vers sa droite pour pouvoir faire mouche à mi-distance ou à 3-points ? Des milliers de fois, et ça marche toujours…
« Chris Paul est injouable dans ce genre de situation et c’est pas nouveau. C’était dans tous nos scouting report quand il était notre adversaire » s’amuse Devin Booker. « Toute la saison, quand nos adversaires switchent tous les écrans, on sait qu’on peut les punir en lui donnant la balle, de l’espace et on sait qu’on peut lui faire confiance. »
Comment s’adapter ?
Comment les Bucks peuvent-ils s’ajuster ? Quand on parle d’ajustements, il est important de rappeler qu’il ne s’agit pas de tout changer. C’est souvent une question de détails, en particulier après un match.
Est-ce que les Bucks misent sur une baisse de l’adresse de Paul et de Booker à mi-distance comme on l’a vu à plusieurs reprises face aux Clippers ? Est-ce qu’il faut opter pour plus de minutes avec Giannis Antetokounmpo en pivot, comme lors du dernier quart-temps, pour éviter « d’offrir » Brook Lopez sur un plateau ? Quid des minutes de Bryn Forbes ? Autant de questions que le coaching staff de Milwaukee devra se poser pour préparer le Game 2.
Jrue Holiday donnait lui quelques indications après ce Game 1 des détails qui peuvent faire une grosse différence. « On sait ce que Chris Paul veut faire, et on doit lui faire faire autre chose. L’orienter à gauche, le forcer à driver, alterner les défenses et tester quelque chose de différent. »
Les Bucks ont l’habitude de ce genre de situations. Ils ont su s’adapter face à Atlanta et Trae Young, et auparavant face à Brooklyn et Kevin Durant. L’attaque des Suns présente d’autres défis mais à l’instar de Brook Lopez, les Bucks sortaient de ce premier match avec un meilleur sentiment par rapport à leur adversaire et beaucoup de matières pour travailler leur stratégie pour le Game 2.
« C’est le premier match, » tempérait le pivot. « On doit trouver un équilibre entre le switch, la pression que l’on met sur le porteur après le switch, nos rotations, comment aider… On a beaucoup appris ce soir et on peut aller de l’avant avec tout ça. »
Propos recueillis à Phoenix.