Si le Thunder
en plein « tanking » a connu une fin de saison des plus calamiteuses, avec la bagatelle de 23 défaites concédées sur ses 25 derniers matchs (!), les dirigeants de la franchise peuvent tout de même entrevoir l’avenir avec espoir, eux qui pensent et construisent déjà leur retour aux sommets.
D’une part, compte tenu de leur nombre impressionnant de tours de Draft à venir (34 d’ici à 2027 !). D’autre part, compte tenu des présences dans l’effectif de Luguentz Dort, Théo Maledon, Aleksej Pokusevski, Darius Bazley ou encore Moses Brown. Sans oublier Shai Gilgeous-Alexander, assurément le plus talentueux et prometteur de tous.
Pour sa troisième année dans la ligue, et sa deuxième passée à Oklahoma City, « SGA » a une nouvelle fois produit une campagne de qualité, dans la lignée de sa première avec les Clippers puis de sa seconde avec OKC. « Dans la lignée », ou devrait-on plutôt dire un cran au-dessus, tant le « combo-guard » canadien a répondu aux attentes, lui qui s’est vu confier les clés du camion de l’Oklahoma après le départ de Chris Paul, en novembre dernier.
Les pépins physiques comme seul frein
Propulsé dans un rôle de « go-to-guy », pour ne pas dire de « franchise player », à seulement 22 ans, Shai Gilgeous-Alexander a ainsi compilé 23.7 points, 4.7 rebonds et 5.9 passes en 2020/21, à 51% aux tirs, 42% à 3-points et 81% aux lancers-francs. Tout en contrôle et en propreté, le 11e choix de la Draft 2018 a également conduit son équipe à 16 victoires en 35 matchs, lorsqu’il était présent sur le parquet.
Car au-delà de ce bilan collectif contrasté, et carrément catastrophique sans lui (6 victoires et 31 défaites…), l’autre point noir de la saison de « SGA » a bien été ses galères sur le plan physique. Gêné au genou gauche courant février, le natif de Toronto s’est ensuite blessé au pied droit courant mars. Une blessure à la voûte plantaire qui lui a finalement valu de déclarer forfait pour le reste de cet exercice. Entraînant, du même coup, le Thunder vers l’avant-dernière place de la conférence Ouest.
Quoi qu’il en soit, malgré ce pépin physique qui le privera en prime des Jeux Olympiques de Tokyo, Shai Gilgeous-Alexander ne tirait que du positif de sa troisième année en NBA, au moment d’en dresser un bilan.
« J’ai la sensation d’avoir réalisé ce que je m’attendais à réaliser. […] Chaque soir, j’ai fait ce que je voulais, quand je le voulais et de la manière dont je le voulais », livrait-il récemment dans les colonnes de The Oklahoman.
Retour à un rôle de créateur bien géré
Parmi les quatre seuls joueurs à tourner à minimum 20 points de moyenne et faire partie du club d’adresse des « 50/40/80 » cette saison, avec Kevin Durant, Kyrie Irving et Zach LaVine, Shai Gilgeous-Alexander a ainsi prouvé qu’il avait les épaules pour être la pierre angulaire du projet de reconstruction lancé par OKC depuis un an.
« Ce n’était pas vraiment une question de prouver les choses », précisait-il pourtant. « Pour moi, il était surtout question d’essayer d’être le meilleur joueur possible, peu importe la position dans laquelle je me trouve, pour que mon équipe puisse gagner le plus de matchs quand je suis présent. »
Mais ce qui impressionne et séduit certainement le plus chez Shai Gilgeous-Alexander, depuis son arrivée dans la ligue en 2018, c’est cette maturité dans son jeu qui lui permet de maitriser le tempo d’une rencontre, sans donner l’impression de forcer. Un « faux-lent » capable de prendre le contrôle d’un match sur commande, ou presque.
Un constat que l’on pouvait déjà dresser, dans une moindre mesure, au cours de sa saison rookie chez les Clippers et qui avait quelque peu disparu lors de sa première campagne à Oklahoma City, compte tenu de la présence à ses côtés du maestro Chris Paul. Sauf que les transferts de « CP3 », mais également de Dennis Schröder, ont automatiquement conduit « SGA » à retrouver un poste de principal créateur.
« J’avais déjà joué meneur par le passé et je me connais », notait justement le Canadien au sujet de son rapport avec le rôle de meneur de jeu. « J’étais présent à l’entraînement chaque jour, à travailler tout l’été, en sachant que j’allais avoir cette opportunité. Pour moi, il s’agissait simplement d’en tirer pleinement profit, sans sortir de ma zone de confort, ni de mon registre de prédilection. »
Un joueur d’attaque dans la peinture
« Zone de confort » et « registre de prédilection ». Deux termes qui définissent à merveille le rapport qu’entretient Shai Gilgeous-Alexander avec l’attaque de la peinture et les pénétrations vers le cercle. Car c’est effectivement à cet endroit du terrain que le cousin de Nickeil Alexander-Walker excelle jusqu’à présent, en raison d’un tir extérieur encore perfectible, malgré un pourcentage à 3-points satisfaisant (42%).
Preuve en est : avec 25.2 pénétrations par match (résultant sur 13.1 points), le meneur/arrière de 22 ans est tout simplement le joueur qui a tenté le plus de pénétrations en moyenne chaque soir, en 2020/21. Loin devant ses camarades de la Draft 2018, Luka Doncic (20.3) et Trae Young (20.1).
« Je ne savais pas vraiment où je me situais dans ce classement, mais je savais que je serais probablement tout en haut », reconnaissait Shai Gilgeous-Alexander, lorsqu’il a appris l’ordre de ce classement. « J’ai la sensation de pouvoir accéder à la peinture sur chaque action. […] Et je prends simplement les shoots avec lesquels je suis à l’aise. J’ai beaucoup travaillé là-dessus. Car compte tenu de ma taille [1m98] et de mon envergure, je me sens très à l’aise lorsqu’il me faut utiliser mes longs bras, dans ces zones où se trouvent des défenseurs plus grands. »
En confiance dès qu’il lui faut attaquer le cercle, « SGA » représente une équation déjà difficilement soluble pour ses adversaires, qui se doivent donc de ne lui laisser aucun espace sur le plan offensif.
« De toute évidence, les équipes savent combien j’aime attaquer la peinture, tout le monde le sait », juge d’ailleurs Shai Gilgeous-Alexander. « Et comme les défenses doivent également respecter mon shoot à 3-points, cela ne pourra que me permettre d’attaquer plus facilement la peinture. C’était l’aspect de mon jeu dans lequel je devais à tout prix m’améliorer, si je voulais faire un grand pas en avant. »
Shai Gilgeous-Alexander | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2018-19 | LAC | 82 | 27 | 47.6 | 36.7 | 80.0 | 0.7 | 2.1 | 2.8 | 3.3 | 2.1 | 1.2 | 1.7 | 0.5 | 10.8 |
2019-20 | OKC | 70 | 35 | 47.1 | 34.7 | 80.7 | 0.7 | 5.2 | 5.9 | 3.3 | 1.7 | 1.1 | 1.9 | 0.7 | 19.0 |
2020-21 | OKC | 35 | 34 | 50.8 | 41.8 | 80.8 | 0.5 | 4.2 | 4.7 | 5.9 | 2.0 | 0.8 | 3.0 | 0.7 | 23.7 |
2021-22 | OKC | 56 | 35 | 45.3 | 30.0 | 81.0 | 0.7 | 4.3 | 5.0 | 5.9 | 2.5 | 1.3 | 2.8 | 0.8 | 24.5 |
2022-23 ☆ | OKC | 68 | 36 | 51.0 | 34.5 | 90.5 | 0.9 | 4.0 | 4.8 | 5.5 | 2.8 | 1.6 | 2.8 | 1.0 | 31.4 |
2023-24 ☆ | OKC | 75 | 34 | 53.5 | 35.3 | 87.4 | 0.9 | 4.7 | 5.5 | 6.2 | 2.5 | 2.0 | 2.2 | 0.9 | 30.1 |
2024-25 ☆ | OKC | 76 | 34 | 51.9 | 37.5 | 89.8 | 0.9 | 4.1 | 5.0 | 6.4 | 2.2 | 1.7 | 2.4 | 1.0 | 32.7 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.